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Non seulement la concertation avec la société civile a-t-elle été absente pour prendre ce grand virage amorcé avec le budget, mais ce dernier indique en outre que la participation citoyenne sera réduite avec la disparition de plusieurs organismes autonomes ou paritaires.
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À la différence des biens privés purement marchands, s'en remettre au principe de l'utilisateur-payeur pour les services collectifs fait la preuve d'un sérieux manque de perspective, surtout pour un ministre des Finances. L'idée que tout bien a un prix prend du sens quand il est possible d'établir une équivalence entre un bien et un prix, comme c'est le cas des biens privés. Mais en raison des conséquences économiques et sociales que représentent les biens publics, il nous semble que la société dans son ensemble se doit d'être partie prenante des décisions et des coûts qui en résultent.
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Une vision tronquée de la société
Le budget fait appel aux Québécois comme si leur société n'était composée que d'individus. Si la société moderne est effectivement composée d'individus, elle peut aussi être caractérisée par son capital social, ses communautés, ses associations, ses coopératives, ses mouvements sociaux, ses appartenances multiples. Sous cet angle, ce qui est satisfaisant pour l'investisseur ou même pour le consommateur ne l'est pas nécessairement pour le citoyen.
Robert Reich, l'ancien secrétaire du Travail sous le président américain Bill Clinton, l'a bien cerné en écrivant que la force du néolibéralisme est d'avoir réussi à laisser croire que ce qui est bon pour l'investisseur (les rendements les plus élevés) et que ce qui est bon pour le consommateur (les prix les plus bas) correspondait à l'intérêt général, laissant ainsi supposer que tel était le nouveau régime de citoyenneté.
Pour ceux qui ont réussi et qui ne voient dans une société qu'une somme d'individus, «rien n'est gratuit, il y a ce que chacun paie et ce que chacun fait payer aux autres». Pas étonnant que le ministre Bachand ait été chaleureusement applaudi par la Chambre de commerce! On sait en revanche que sans soutien collectif, il serait très difficile pour les individus de s'enrichir. En s'en remettant à quelques économistes et en suivant les conseils des mieux nantis, le ministre a adopté un argumentaire qui, se prétendant «lucide», relève au contraire d'une vision tronquée de la société.
Le budget fait appel aux Québécois comme si leur société n'était composée que d'individus. Si la société moderne est effectivement composée d'individus, elle peut aussi être caractérisée par son capital social, ses communautés, ses associations, ses coopératives, ses mouvements sociaux, ses appartenances multiples. Sous cet angle, ce qui est satisfaisant pour l'investisseur ou même pour le consommateur ne l'est pas nécessairement pour le citoyen.
Robert Reich, l'ancien secrétaire du Travail sous le président américain Bill Clinton, l'a bien cerné en écrivant que la force du néolibéralisme est d'avoir réussi à laisser croire que ce qui est bon pour l'investisseur (les rendements les plus élevés) et que ce qui est bon pour le consommateur (les prix les plus bas) correspondait à l'intérêt général, laissant ainsi supposer que tel était le nouveau régime de citoyenneté.
Pour ceux qui ont réussi et qui ne voient dans une société qu'une somme d'individus, «rien n'est gratuit, il y a ce que chacun paie et ce que chacun fait payer aux autres». Pas étonnant que le ministre Bachand ait été chaleureusement applaudi par la Chambre de commerce! On sait en revanche que sans soutien collectif, il serait très difficile pour les individus de s'enrichir. En s'en remettant à quelques économistes et en suivant les conseils des mieux nantis, le ministre a adopté un argumentaire qui, se prétendant «lucide», relève au contraire d'une vision tronquée de la société.
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Le découpage et les caractères gras sont de moi.
Je ne crois pas que le salut est dans la social-démocratie mais j'aime bien ce texte pour ce qu'il dénonce.
Toute une claque dans la face en revenant de vacances... Sérieux ça me donne un petit mal du pays tout ça.