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lundi 17 février 2014

"De celles qui résistent" ou l'implosion de l'Union Communiste Libertaire (UCL-Montréal) par l'invisibilité patriarcale

Je partage cette lettre parce qu'elle me touche et parce que je suis solidaire de quelques unes qui l'ont écrite.
Je partage cette lettre parce que les auteures veulent que cette triste finale se sache et que je les trouve très courageuses de sortir de ce silence dans lequel elles ont été enfermées bien malgré elles.
Je partage cette lettre parce que je trouve primordial de garder en mémoire toutes les fois où nos organisations dites auti-autoritaires et anti-oppressives ont cédé à la facilité des oppressions et de la désolidarisation.
Et finalement, je partage cette lettre parce que la dépolitisation d'un enjeux pour en faire une "affaire privée" doit toujours être dénoncée et combattue, et que le premier pas pour une repolitisation d'un tel enjeux, c'est de briser le silence.

Et pour les camarades que ça pourrait choquer... sachez que ce n'est rien de personnel... C'est du politique que je fais ici.


ÉDIT: LA RÉPONSE SUR YA BASTA 

ÉDIT 3: Réponse à la réponse:"À ceux et celles qui résistent"

(ÉDIT 2: Et je n'ai surement pas besoin de rajouter ça mais je le fait quand même... Je suis en solidarité avec quelques filles qui ont souffert de ces dynamiques, mais je n'ai jamais fait partie de l'UCL - je n'ai jamais voulu en faire partie pour différentes raisons - je ne fait que relayer qu'une des dynamiques de leur finale, et je crois que la mémoire des organisations est importante. Si les gensse de feu l'UCL veulent se mettre ensemble pour faire un bilan - public ou non- je crois que ça serait une bonne chose pour la mémoire des radicaux et radicales dans nos milieux.)


Le lundi 8 décembre 2013


À tous les militants et toutes les militantes qui ont partagé avec nous des efforts de lutte féministe,

Depuis la dernière fois où nous avons pris la parole collectivement, plusieurs mois de réflexion individuelle et collective se sont écoulés, nous amenant à mieux comprendre l'une des dynamiques ayant mené à la lente extinction de l'Union communiste libertaire (UCL). À présent, nous sommes persuadées que le partage de notre expérience au sein de l'UCL pourra contribuer à vos réflexions politiques sur les luttes féministes en mixité.

Le message que nous portons aujourd'hui est essentiellement le même qu'il y a un an, mais il est teinté d'une expérience douloureuse que nous ne sommes pas prêtes d'oublier. Nous pouvons en mesurer la portée par la virulence de l'acharnement avec lequel on a tenté de le détruire, de l'éteindre et de nous humilier.

L'information venue au compte-goutte, les attaques individuelles ainsi que la violence verbale et psychologique que nous avons subie sont des exemples des stratégies de la violence sexiste à l'œuvre. Pendant une année, nous nous sommes senties dépossédées de notre lutte, avons dépensé plus d'énergie à tenter de rétablir les faits plutôt qu'à construire notre projet collectif.

À ceux et celles qui ont posé des gestes pour freiner notre élan ou qui ont choisi une position de désengagement : nous avons senti notre parole étouffée par votre peur des conflits. On nous a tout dit : d'être patientes et conciliantes, de ne pas poser de gestes pour aggraver la situation... Plus nous avons attendu qu'elle se résorbe d'elle-même, plus elle s'est aggravée, ainsi que les conséquences directes sur notre vie personnelle et militante, ainsi que sur l'organisation et le pouvoir d'action de l'UCL.

Le politique de notre histoire a été évacué, notre projet collectif a été discrédité alors qu'on a prêté aux femmes qui ont désiré briser le statu quo de fausses intentions, et cela au détriment de notre intelligence et de nos expériences.

Selon nous, ce qui s'est passé est simple. Plus les féministes à l'UCL ont fait front commun contre les attitudes paternalistes, machistes et anti-féministes au sein de l'organisation, moins ces attitudes étaient les bienvenues. Au moment même où le comité femmes a annoncé son intention de devenir un collectif autonome, on a crié à l'exclusion, l'organisation a commencé à se démembrer, nous avons aussitôt senti les représailles et subi les conséquences.

Nous faisons donc un choix conscient de ne pas répondre aux accusations qui ont été portées contre nous, à savoir que le comité femmes a voulu purger* l'UCL sur la base de ragots et de commérages.

Maintenant que nous avons pris le temps d'absorber les ondes de choc qui ont heurté nos convictions et nos solidarités, il est temps de se remettre en action, de recréer des solidarités, de s'organiser, de briser le silence.

* Nous ne ferons pas de mauvaises blagues, de sarcasme ou d'ironie. Les mots que nous utilisons ont réellement été employés.



Dernier retour sur les événements :

À la lumière des discussions, ateliers et échanges qui ont eu lieu dans les diverses instances de l'UCL au cours de notre expérience au sein de celle-ci, ses membres en sont venu.e.s à certaines orientations afin d'inclure plus de femmes dans la fédération, afin d'adopter des pratiques de luttes anti-patriarcales et féministes, et afin de créer des liens solides avec d'autres groupes féministes à tendance libertaire.

Le comité femmes a pris à cœur ces réflexions et a voulu les mener à bien en organisant des activités d'éducation populaire, en participant à des événements de d'autres groupes féministes, et en organisant des rassemblements féministes dans l'espace public, entre autres lors des manifestations qui ont marqué la grève de 2012.

Tout au long de ce processus, les femmes du comité ont mené une réflexion quant à l'avenir de leur lutte, à leurs frustrations et à leurs aspirations. Nous avons noté entre autres que les enjeux féministes au collectif de Montréal étaient travaillés seulement si les personnes qui s'y impliquaient les avaient à cœur, et non basé sur une mise en pratique systématique des buts et principes de l'organisation.

Ce que nous voulions et ce qui nous réunit toujours, c'est l'idée d'un projet politique qui vise à construire une société sur des bases qui rendent impossible la domination. Un comité femmes n'est donc pas une fin en soi, mais un moyen. Ce moyen a trouvé ses limites au sein de l'UCL (double militantisme, instrumentalisation, manque d'autonomie politique). En voulant renforcer notre pouvoir d'action antipatriarcal au sein et en dehors de l'UCL, nous désirions, et le désirons toujours, mettre de l'avant un projet politique commun, se mettre en action plutôt qu'en réaction.

Cette réflexion a culminé dans un projet de collectif féministe de l'UCL à Montréal, en solidarité avec les féministes de la fédération hors Montréal, dans le but de continuer de lutter dans la fédération en mixité tout en disposant de l'autonomie et du saferspace nécessaires à la poursuite de nos objectifs (censé être communs au reste de la fédération).

Ce que nous avons appris:

Incapacité de reconnaître et banalisation des attitudes et propos antiféministes

Au cours des débats entourant la démission de certains membres, qui ont eu lieu dans la foulée de l'annonce de créer un nouveau collectif, des propos et des attitudes antiféministes ont été tenus. Lorsque nous les avons nommés, les militants et les militantes de l'UCL n'arrivaient pas à identifier le contenu antiféministe des paroles ou des actions. Dans leur imaginaire, une attaque anti-féministe est nécessairement rattachée à quelque chose de gros, qui sort de l'ordinaire. À l'évidence, ils ne voient pas la « violence ordinaire », et lorsqu'ils arrivent à la saisir, ils la banalisent, la trouvent trop subtile. Ainsi, malgré les maintes fois où l'on a essayé de ramener notre projet politique et que nous avons dénoncées les paroles anti-féministes, les personnes qui ont prononcé ces paroles n'ont pas admis la portée anti-féministes de leurs propos.

Ce qui a entre autres été fait et dit (et non reconnu comme attaque anti-féministe) :

-Utiliser un conflit personnel pour discréditer notre projet collectif en disant que les femmes se cachent derrière le comité femmes pour poursuivre des objectifs individuels.
Dépolitiser un conflit, le réduire au privé.
-(paroles) Affirmer que les propositions féministes pour favoriser un fonctionnement participatif focalisent trop sur le climat et les sentiments;
-(actions) En bref, le féminisme va trop loin, sème la pagaille;
-(paroles) Le comité femmes agit en police, effectue des purges staliniennes;
-(actions) Demander sans cesse des explications sur pourquoi on ne se sent pas bien, remettre en question nos décisions;
-(paroles) Il faut encadrer les dérapages du comité femmes, s'il a trop de pouvoir il pourrait en abuser;
-(actions) Évacuer le projet politique que nous avons ramené à maintes reprises sur la table. (en se parlant entre eux sans nous adresser la parole, en nous ignorant, en ignorant les textes que nous avons écrits, notre démarche, ne pas répondre à nos arguments politiques, éviter le sujet, faire semblant de détenir des informations que nous on n'aurait pas, etc.)
-(actions) Certaines personnes ont adopté une attitude de fermeture et de non-coopération lorsqu'on a questionné leurs attitudes;
-(paroles) Argumenter que l'UCL est une organisation de masse, alors on ne peut pas exiger de tout le monde d'adhérer au féminisme, puisque la masse n'est pas nécessairement féministe. Les féministes demandent donc la perfection et c'est élitiste;
-(actions) Les anciens militants qui disent « qu'avant, ça ne marchait pas comme ça ».

Ceux qui refusent de prendre position dans un conflit politique contribuent aux conséquences de la domination

L'un des plus grands problèmes que nous avons rencontré est le manque de solidarité et de mobilisation de la part des personnes qui auraient pu entreprendre une démarche pour prendre position. Nous comprenons que prendre position implique souvent des conséquences : pertes de liens avec des super-militant.e.s, devoir confronter, etc. Force est de constater que nous manquons de moyens organisationnels pour faire face aux personnes qui décident de ne pas prendre position. Dans le cas de la domination, ne pas prendre position, ne pas réagir, ou ne pas poser de question, c'est agir en faveur de la domination. Ainsi, lorsqu'il y a des manifestations de violence dans le milieu militant, nous croyons que nous sommes tous et toutes imputables. La position « j'ai rien à voir là- dedans » n'est donc pas valable. On a tous et toutes le droit et la responsabilité de poser des questions. Il n'y a pas d'en-dehors de ce genre de conflit politique.

La meilleure manière de rendre visible la violence, c'est de rendre visibles ses conséquences

Même au travers des luttes féministes, beaucoup d’hommes ont tendance à s’accorder le plus de place en se présentant comme des victimes (peur de perdre sa réputation, peur/ou manque de volonté de devoir remettre en question ses privilèges et comportements...) Qui se soucie du vécu des femmes? Tourner au ridicule, intimider, banaliser, discréditer, dépolitiser, réduire à du commérage, évacuer, vider de son sens un projet politique sont autant d'outils qui ont été utilisés pour nous faire taire. Les conséquences sont graves, et il est difficile de s'en remettre, de faire confiance à nouveau, d'espérer du respect. Voici quelques-unes des conséquences que nous avons vécues :

Éviter de parler des événements (la peur de parler)
Ne pas savoir ce que les gens disent sur nous
Ne plus savoir qui sont nos allié.e.s, même parmi nos ami.e.s, douter
Craindre de sortir dans les milieux habituellement fréquentés
Avoir peur, figer
Perdre des ami.e.s
Se rendre compte que d'autres sèment le doute sur la qualité des personnes
Douter de soi constamment
Se sentir seule
Perte de repères et perte du sentiment de sécurité
Devoir changer de milieu (militant, professionnel, social)
Des gens qui ne nous adressent plus la parole
Des militants tellement attachés à « l'éthique libertaire » qui ne nous appuient plus dans des encerclements de manifs ou autres moments critiques où on s'est promis de s'entraider
Subir le commérage : on ne nous considère pas comme des interlocutrices, on apprend tout des autres

Dans un contexte de société basée sur la domination, il est impératif de développer des réflexes qui nous permettent de vérifier la portée politique d'un conflit, indépendamment de ses composantes individuelles. Il faut aller voir les faits (et les conséquences) auprès des personnes qui sont susceptibles de vivre des oppressions sur la base d'un système de domination.

DE CELLES QUI RÉSISTENT
D’un autre côté, on s’est aperçu que ça prend un certain temps avant d’identifier qu’on est dans une dynamique de violence sexiste. Sachez qu’en tant que féministe, l’accepter est douloureux et le chemin pour reprendre du pouvoir, pour oser nommer, demande du courage et de la détermination. Nous avons appris à vivre cette théorie dans la pratique, et nous désirons la transformer en outils. Cela dit, nous croyons que nous avons le pouvoir de s'attaquer à la domination, à condition de créer des solidarités et à condition que les personnes qui peuvent être alliées fassent le choix de nous appuyer. Les conséquences de la domination sont avant tout vécues par les personnes qui vivent des oppressions, et c'est important qu'elles aient des allié.e.s fiables.

La solidarité n'a pas de sexe, la trahison non-plus

Ce qui nous réunit, ce n'est pas que nous sommes des femmes, c'est que nous sommes féministes. Plus largement, ce qui nous réunissait au sein d'une UCL mixte, c'était l'objectif commun de construire une société sur des bases rendant impossible la domination.

Ainsi, nous avons appris que les saferspaces ne sont pas acquis, alors que des espaces non-mixtes ont servi à propulser des réflexions, des sentiments et des impressions partagées dans l'espace mixte, aggravant les conséquences que nous avons vécues.

Par ailleurs, on a su trouver des solidarités dans l'espace mixte à quelques reprises, et nous espérons qu'elles grandiront. De plus, si la solidarité et la trahison n'ont pas de sexe, les conséquences de la violence sexiste, elles, affectent directement les femmes.

Au final, c'est dans l'action que l'on construit des solidarités, de la confiance et du respect.

Il ne faut pas attendre l'assentiment pour aller de l'avant avec nos projets politiques

Il y a une tendance généralisée à vouloir évacuer les conflits, à préserver le climat de camaraderie, à ne pas confronter, à vouloir pacifier. Or, nous refusons d'être des gardiennes de la paix, surtout quand elle signifie de cesser de lutter, ou de se faire dire comment faire. Il faut cesser avec cette attitude de nous mettre dans la position de devoir constamment justifier, rectifier, balayer et, comprendre.

On ne regrette pas d'avoir essayé d'agir en réconciliatrices, parce qu'on s'est bien rendu compte qu'il y avait de la fermeture, de la non-coopération. On a voulu solliciter les gens qui étaient dans une position et dans une dynamique de domination. À partir de maintenant, nous allons nous concentrer sur les gens qui nous appuient, pour qui on peut entrevoir le changement. Pour mieux s'organiser, il faudra mieux identifier les situations « perdues », lâcher prise sur le changement total de tout le monde. Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'on saura mieux les identifier qu'on sera à l'abri. Au contraire, ça nous rend plus fragile, car il est souvent question d'amitiés.

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Il a fallu un long moment de réflexion afin d'être en mesure de parler de cette situation. Ce texte n'a pas été écrit sans douleur car nos croyances fondamentales et nos solidarités dans l'action ont été fortement ébranlées. Le temps, mais surtout les démonstrations de solidarité, nous ont permis de se solidifier. Pendant que nous réfléchissons et reprenons des forces, d'autres continuent de vivre et de militer sans que leurs comportements et leurs attitudes de domination n'aient de conséquences négatives sur leurs vies.

Vers des solidarités plus solides :

Si nous avons été moins visibles dans nos espaces de lutte habituels, sachez que c'est l'une des conséquences directes de la violence que nous avons subie/vécue. Même si nos manières de nous organiser ont changé, notre intérêt et notre motivation sont toujours au rendez-vous. Si vous avez un intérêt à (re)créer des solidarités avec nous, il est toujours temps de le faire!

Il nous sera difficile de trouver une place dans les grands principes, car les plateformes contiennent de bien beaux mots qui ne sont pas garant de l'action. Pour l'instant, notre inspiration est surtout basée sur des projets concrets en fonction de nos expériences. Nous nous baserons sur les actions et les idées pour choisir nos solidarités afin de bâtir des confiances solides.

Enfin, nous nous sommes rapproprié notre parole et notre histoire. Nous continuerons de lutter pourque nos voix résonnent, et nous aimerions vous compter parmi nous.

DE CELLES QUI RÉSISTENT

mardi 5 novembre 2013

Une agression sexuelle c'est toujours grave et très sérieux

Je crois que dans une gestion collective d'une agression sexuelle qui a été dénoncée par l'agressée, la personne la plus importante devrait être la personne agressée. L'agressée a subi une désappropriation de son propre corps et devrait pouvoir choisir avec qui et comment elle veut cheminer après ce qu'elle a vécu. Une agression sexuelle c'est déjà assez violent sans que la personne agressée se fasse déposséder de son agression. Une agression sexuelle c'est déjà assez violent sans avoir besoin de se faire agresser par d'autres. Personnellement, je crois que quand les gens décident de ne pas demander à la personne agressée ce dont elle a envie ou besoin, et décident d' agir selon leurs besoins et leurs envies à eux et elles, c'est une violence par dessus une violence.

Ça ne veut pas dire de ne pas être fâché-es, ça ne veut pas dire de ne pas être déçu-es ou dégoûté-es. Ça veut dire traiter collectivement de la situation de manière responsable et respectueuse. En plus, si nous voulons nous occuper collectivement de nos cas d'agression sexuelle il ne faut pas oublier qu'à chaque dénonciation nous devons faire mieux et apprendre. Il faut que notre mémoire collective puisse se rappeler de nos bons coups et de nos erreurs pour qu'à chaque fois nous soyons en mesure de mieux gérer la situation. Et si a chaque fois nous devrions nous baser sur ce que la personne agressée souhaite et ne jamais nous approprier ce qu'elle a vécu, ce n'est pas seulement une question de respect, c'est une question d'être conséquent-es dans nos interventions collectives.

Dans le même ordre d'idées, je crois que les gens qui racontent l'horreur de la situation mais qui se sentent le besoin d'ajouter d'autres actes de violence à ce qui s'est déjà passé agissent comme si la violence qui avait été subie n'était pas assez grave.

Et ça je trouve ça terrible.

Une agression sexuelle c'est très grave. Personne n'a besoin d'en rajouter, c'est toujours très grave. Je crois aussi que la manière dont nous traitons la chose doit démontrer de l'empathie et du respect envers la personne agressée. C'est important, c'est elle qui a vécu la dépossession de son corps, c'est donc elle qui devrait pouvoir reposséder la situation de la manière dont elle le veut. Aussi, en tant que féministe, je sais très bien que les gens ont un problème a prendre les agressions sexuelles au sérieux, et c'est pour ça que nous nous devons de les traiter avec sérieux. Si ce que nous voulons c'est que les agressées continuent à s'ouvrir et à se confier, il faut qu'elles aient confiance que la situation va rester entre leurs mains. Si nous voulons vraiment que la personne agressée se sente assez en confiance pour raconter son agression il faut admettre que toutes les agressions sont graves et que nous n'avons pas besoin d'en rajouter.

Je pense que si des personnes s'avancent sur une agression pour ajouter des détails sordides, non seulement elles dépossèdent l'agressée de sa propre agression mais en plus elles entrent dans le jeu de la justice bourgeoise patriarcale qui nomme et hiérarchise ce qui est une agression « grave » et ce qui n'en est pas une « grave ». N'entrons pas dans ce jeu sordide. Traitons toutes les agressions sexuelles avec sérieux et avec respect. Non seulement parce qu'au milieu de tout ça il y a une vraie personne qui a besoin d'un processus de réappropriation, mais en plus, nous avons le devoir d'apprendre de nos erreurs et de celles de la justice bourgeoise patriarcale.

Nous rejetons les systèmes oppressifs parce qu'ils sont violents envers les gens. Nous haïssons la violence des systèmes qui déshumanisent les personnes.

Il me semble que la violence du système patriarcal est déjà assez insupportable sans qu'on cède au réflexe de la reproduire non?

dimanche 6 octobre 2013

Solidarité avec Youri et Guillaume! (Des lettres, des livres et des sous au delà des barreaux!)

Après 3 années de procédures judiciaires, Youri Couture et Guillaume Constantineau ont été condamnés à une peine de six mois de prison en lien avec les manifestations contre le G20 à Toronto en 2010. (pour plus de détails voir : http://www.clac-montreal.net/youri_et_guillaume , http://voir.ca/marc-andre-cyr/2013/10/03/six-mois-de-prison/ et le blog de Youri http://yourigrad.blogspot.ca/

Le conservatisme du système carcéral ne permet qu’à la famille et les conjointes de visiter les deux détenus. Pour y pallier, les ami-es, collègues, camarades n’ont d’autre choix que de leur écrire. Que vous les connaissiez beaucoup, peu ou pas pantoute, quelques mots, dessins, prenant la forme de votre choix seraient vraiment appréciés.

Nous sommes une petite équipe à se proposer pour l’envoi des lettres. Nous vous tiendrons informé-es dans les prochains jours des deux points de chute pour les lettres à Montréal.

Entre temps vous pouvez également leur écrire par vous-même. Il est important d’écrire sur l’enveloppe:

Guillaume Constantineau
No. PAV078829-13, Aile GG2 DODO
Centre de détention Montréal - Bordeaux
800, boul. Gouin Ouest
Montréal, QC H3L 1K7

ou

Youri Couture
No. DRM510047-10, Aile GG2 DODO
Centre de détention Montréal - Bordeaux
800, boul. Gouin Ouest
Montréal, QC H3L 1K7

* Notez toutefois que l’adresse peut changer lorsqu'ils seront assignés à une cellule (numéro d’aile différent) ou s'ils sont transférés à une autre prison.

*Aussi, soyez bien averti-es que vos lettres peuvent être lues, ainsi réfléchissez bien à ne mettre personne dans la merde.

**********************************************)
Des livres sont également collectés au Café Aquin, dans une boîte destinée à cet effet. Il faut privilégier les fictions (ils aiment particulièrement la science fiction dystopique, les romans politiques, les livres historiques, la poésie, etc.) et les essais sont moins bien tolérés en prison. Aucun contenu avec de la nudité ou de la violence n’est permis.

**********************************************)
Des sommes sont aussi ramassées par la CLAC pour Youri et Guillaume, qui en auront besoin pour la cantine, pour aider à payer certaines dépenses pendant qu’ils sont emprisonnés et, surtout, pour les aider à leur sortie de prison.

Il suffit d'envoyer un chèque à l'ordre de:
« Convergence des luttes anticapitalistes »
avec la mention "Soutien pour Youri & Guillaume" dans le "Pour", à l'adresse suivante:
Fond de défense juridique de la CLAC/QPIRG Concordia
1500 de Maisonneuve Ouest, #204
Montréal, Québec H3G 1N1

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samedi 15 juin 2013

Expérience banale de la culture du viol

Il y a encore une femme que je connais qui s'est fait droguer dans un bar cette semaine. Elle a été très chanceuse, elle était bien entourée, et le staff autant que ses amiEs se sont occupés d'elle. Par la suite je lui ai demandé dans quel bar c'était arrivé et pendant toute la conversation j'ai senti qu'elle protégeait le bar en disant que ça aurait pu arriver partout, que ce n'était pas le bar, qu'en tant que femme il fallait de toute façon toujours se surveiller et que de toute façon le staff avait été super gentil avec elle et vraiment fâché et désolé que ça lui soit arrivé.

Je la comprends, c'est vrai qu'il faut toujours se surveiller et c'est aussi vrai que c'est une de mes places préférées avec plein de gens cool qui travaillent là bas, et de la bonne musique.

Mais c'est également une place où un violeur travaille et où il y a un petit historique de Ladies Night.

Attention. Je ne dis pas que c est le violeur qui l'a drogué (je pense qu'il ne travaillait même pas ce soir-là), ou que le contexte était un Ladies Night.

Je ne dis pas non plus que ce ne sont pas tous les bars qui ont des dynamiques qui attisent la culture du viol, mais ça c'est un autre sujet.

Je dis que ce bar est un endroit où quelqu'un qui a violé une femme fait encore partie du cercle de travail, et par la nature même de la job, et du cercle social des gens qui sont là. C'est une place où quelqu'un qui a violé une femme est encore socialement accepté et où toutes les personnes qui connaissent ces faits se sentent tenuEs de ne pas en parler ou de minimiser (j'entends encore des « y'a pas vraiment de preuves »). C'est également un endroit où, des fois, pour faire plus d'argent, on mise sur un contexte de soirée qui encourage la surconsommation d'alcool chez les femmes. Un contexte de soirée où on veut attirer les femmes avec plus d'alcool, mais où on veut attirer les hommes, qui eux paient tout à prix régulier, avec plus de femmes saoules.

C'est pour ça qu'avoir l'impression qu'elle protégeait le bar m'était insupportable. Parce qu'elle avait le réflexe de protéger sa communauté, notre communauté, quand dans le fond, ce commerce n'existe pas pour nous, il existe pour n'importe qui qui va y dépenser de l'argent. Qu'on aime ou non le bar et les gens qui y travaillent n'a aucun lien avec la formation d'une communauté. Et par son refus de ne pas vouloir dire où ça s'est passé, autant qu'en défendant la place en parlant de la sollicitude du staff lors de l'incident elle contribue activement à banaliser ce pan de la culture du viol qui fait penser que les bars et les clubs sont des espaces automatiquement dangereux pour les femmes. C'est elles qui doivent surveiller leurs verres. C'est leur responsabilité de ne pas se faire violer.

Et le bar lui, complice de cette culture du viol, profite de sa figure humaine (son gentil staff) pour lui montrer qu'il est désolé de l'incident quand d'un autre côté il sait très bien que ça serait mauvais pour les affaires d'ébruiter ce genre de choses. Après tout, c'est banal se faire droguer dans un bar... Ça aurait pu arriver n'importe ou...

Pas de chance qu'illes décident de dénoncer publiquement sur leur page fb par exemple, ou pas de chance que la prochaine fois que j'y aille il y ait des messages dans les toilettes disant que c'est des comportements inacceptables. Et là je rêve complètement de penser que je pourrais voir, sur le comptoir du vestiaire, des tract qui se dissocient et qui dénoncent ce genre de choses et d'imaginer que le staff nous encouragerait à en prendre. Dans mes rêves les agresseurs sexuels seraient même mal à l'aise d'entrer.

C'est vrai que dans mes rêves on forme une communauté. Pas juste des gens qui ont les mêmes goûts musicaux et vestimentaires, mais des gens qui se soucient les uns des autres et qui se servent de ce qu'ils ont pour améliorer nos situations. Et si une situation fait que des femmes ne se sentent pas en sécurité, on s'arrange pour régler ça.

Mais ce n'est pas ça qui arrive, parce que ce n'est pas une communauté, c'est un bar. Et si c'est plus payant pour eux de continuer à être complice de tout ça, c'est ce qu'ils vont faire. Ce qui n'empêche en rien que le staff et les proprios soient désolés quand une femme passe proche de se faire agresser. C'est pour ça qu'il faut non seulement dénoncer, mais également dire le nom des places où ça arrive. Il ne faut pas penser que nous faisons du mal à des gens qu'on apprécie en faisant ça, mais plutôt penser qu'on contribue à diffuser de l'information qui aide à la sécurité d'autres femmes.

Et si ces gens-là se soucient de nous, tout le monde va comprendre, sinon ça veut dire qu'ils nous considèrent comme des clientEs remplaçables. Dans un cas comme de l'autre, ce n'est pas les lieux qu'il faut protéger, ce sont les gens. C'est toujours les gens qu'on devrait protéger.

mercredi 12 juin 2013

"Clément Méric: Communiqué de solidarité de la part de militantEs libertaires du Québec" - Blog Libertaire

Un merci énorme aux camarades qui ont écrit ce texte, et j'en profite pour ajouter ce blog à notre liste de trucs plus que pertinents.

[...]

Clément a décidé de chasser ce discours, de chasser cette haine, de chasser ces actes barbares d'agressions gratuites, de chasser la violence comme finalité et il en est mort. Déjà, les vautours corporatistes, réformistes et républicains tentent de récupérer sa mémoire. Comme le dit si bien un camarade de l'Action antifasciste Paris-Banlieue, «Clément était anarchiste!» Il a décidé de lutter contre le capitalisme, contre le fascisme et contre l'État, il a identifié les sources d'injustices et a mis sa vie au service de cette cause.

C'est parce que nous sommes résoluement antifascistes,
C'est parce que nous sommes résoluement anticapitalistes,
C'est parce que nous croyons a un monde libéré des injustices, du racisme,
des discriminations, du sexisme et de la haine,
C'est parce que tu es mort comme tu as vécu, debout
Que nous te disons merci Clément!

Ni oubli, ni pardon, ici comme ailleurs le fascisme ne passera pas!

vendredi 7 juin 2013

De Montréal à Paris: No pasaran! RIP Clément Méric




Une pensée pour un camarade tombé sous les coups de la pourriture... Pensée également pour sa famille, les gens qui l'aiment, et ses camarades de lutte.

Les mots me manquent pour exprimer le choc que je ressens, mais je ne suis pas seule. Aujourd'hui nous sommes des milliers à se serrer dans nos bras, mais aussi à serrer les poings et à continuer à surveiller, à s'organiser, et à lutter contre toutes les manifestation du fascisme.

Ami, si tu tombes 1000 amiEs sortent de l'ombre!


Hommage à Clément Méric: rassemblement "Antifa... by BFMTV

***


Qu'on nous permette donc ce bref rappel: l'antifascisme n'est pas un extrémisme.

L'antifascisme est un combat dont la nécessité est vitale pour notre société.

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lundi 3 juin 2013

Lancement: "Guide de survie face aux agent(e)s de sécurité privée"

Samedi 8 juin 20h - REPORTÉ A UNE DATE ULTÉRIEURE
Au RÉACTEUR 2401 Sainte-Catherine Est
Avec Urbain Desbois et Héliogabal

*Note de mon moi: Je dois insister sur l'importance de ce tout nouveau document. Vous savez exactement ce que je veux dire quand j'exprime que les gardes de sécurité font partie de notre quotidien et ça fait des années qu'illes sont de plus en plus présentEs sans qu'on puisse exactement avoir les outils pour connaitre leurs limites et leur pouvoir exact sinon celui de d'écoeurer et de faire peur aux gens. Je pense que ce guide devrait être diffusé en grand nombre et je remercie beaucoup la personne qui a travaillé là dessus.
- Ceci étant dit je ne connais pas vraiment Urbain Desbois et j'avais jamais entendu parler de Héliogabal... Je n'ai aucune opinion sur le show, mais procurez-vous des guides et mettez les partout! :)


L'Association pour la Liberté d'Expression vous invite à une grande soirée festive au Vortex-Réacteur nucléaire - 2401, rue Sainte-Catherine Est - afin de célébrer le lancement de sa brochure intitulée "Guide de survie face aux agent(e)s de sécurité privée".

Les profits amassés lors de la soirée seront versés aux arrêtéEs du 15 mars 2011 qui contestent l'article 500.1 du Code de la sécurité routière.

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"Guide de survie face aux agent(e)s de sécurité privée".

Qu’on le veuille ou non, les agentEs de sécurité privée sont présentEs dans plusieurs aspects de notre vie comme à l’école, dans les centres commerciaux et même dans l’espace public. Ce qui est encore plus fâchant, c’est que très peu de gens sont au courant des pouvoirs des agentEs de sécurité et des recours possibles pour les victimes d’abus. C’est justement dans le but d’informer et de créer un rapport de force que nous avons entrepris la production de cette brochure.

Tu y trouveras de l’information sur les pouvoirs des agentEs en matière d’arrestation, de détention et de fouille. Il sera notamment question des lois qui encadrent leur travail, mais aussi de conseils pour défendre tes droits. Cependant, tu constateras en lisant ces pages que nous disposons de bien peu de recours, c’est pourquoi ce texte se veut aussi un cri d’alarme pour que cesse l’impunité dont ces agentEs bénéficient.

dimanche 28 avril 2013

Hétéronormativité de marde!

Je vais être très honnête, j'ai pleuré à gros bouillons. Vidéo à voir et à diffuser!



via BuzzFeed

jeudi 4 avril 2013

dimanche 31 mars 2013

"When the Spectacle Continues Backstage…"

Version anglaise du texte "Quand le spectacle se poursuit en coulisses", via jesuisfeministe.com

When the Spectacle Continues Backstage…

There are two Histories the official History, which lies, and is taught, and the secret History, where the veritable causes of events are, a shameful History. (Lost Illusions – Honoré de Balzac)

After having struggled for months against the inequity of the social distribution of economic capital, it has become clear that the struggle must from now on also continue on the terrain of other forms of capital: symbolic, cultural, political. It is the time to write History, laying the foundations of the legitimacy of accounts that already jostle each other, gently, of course, in a bookstore near you. Or at the Lion d'Or, site of the launch of From School to the Street: Backstage on the Student Strike, a book cowritten by Philippe Éthier and Renaud PoirierSaintPierre, elected respectively on the executive committee of ASSÉCLASSE, and press attaché on the media committee of the latter.

How did they do it?

According to its authors, the objective of the book, whose birth we celebrate today, is to disseminate the different practices put forth during the strike such that they can guide future generations. Different debates and internal conflicts were voluntarily erased to produce the most consensual account possible. Do we really imagine that what said future generations need is a heap of generalities, a factual chronology of events, and their technical organization? In order to avoid repeating the same errors and to permit a sound politicization, it is to the contrary essential to display the contradictions, the impasses, and the internal conflicts that marked the strike.

But this voluntary silence is not a first. Inside the strike movement (before, during, and after), critical approaches were for the most part devalued. It's then that this "consensual" production is disturbing in that it is built on the concealment of ideological debates between political tendencies, debates that became so difficult and disturbing. From the different perspectives that we occupied during the strike of 2012, it is impossible to advance a consensus around mechanisms that worked well to build a mass mobilization and a structure that supports and feeds it. The set of reflections and analyses concerning the political practices of CLASSE that the authors present, based on their specific position in the movement, is not neutral. It results from a selective operation that retains and ties together a very thin fragment of reality: that of the victors who today publish and privatize their account of the strike, with Écosociété[ 1].

The violence of a "consensual" history

In silencing the plurality of political realities, the lived suffering, and the strategies of internal repression of different political tendencies, the authors feed and encourage the propagation of acritical practices within the movement. Quieting initiatives to transform historical social relations (of gender, of class, of race) is a fundamentally violent position.

Only one page of the book is dedicated to the feminist principles of ASSÉ-CLASSE, one page that hardly has time to take up the widely documented mass resignations from two committees for which the principal motive was the reproduction of relations of power. The book does not tell us why at the only feminist demonstration of CLASSE almost everyone was arrested. Neither do we learn how Philippe Éthier and Gabriel NadeauDubois asked a member of a CLASSE committee to resign and to conceal her involvement when she faced criminal charges. Neither presented are the feminist critiques that were addressed to their executive team. In fact, the "feminism" section is so consensual that it no longer bears almost any resemblance to the experiences of feminist activists in the strike. However it is among others their initiatives that made it possible to give life to the strike, to mobilize people, to organize, to make sure to make it more inclusive. They are key actors behind the stage of the strike, a backstage of occasional turbulence between activists.

In brief, the authors fought on their own side, atop the pyramid that they built. It is not only tactical disagreements that we have with them, but rather profound tensions between two different modes of struggle. But can we really be surprised that a women's History written by men sounds all wrong? We are not the first to say it: consensual History is a violent history of the privileged, where discordant voices do not have a place.

"C’est un beau roman, c’est une belle histoire…"[2]

In the book the absence of a culture of responsibility and of critical political approaches to practices and objectives has the consequence of participating in the mythologization of the authors. Around their heroic persons is constructed an aura of individual strength turned into the necessary token of the capacity to act politically on the world. For that matter the book's numerous romanticized scenes (like that in which the valiant warriors of CLASSE, armed with their walkietalkiescrsshcrssh are in spite of themselves found in a harrowing but oh so heady race against the clock to provide the media with a count of demonstrators before the SPVM) participate significantly in this outoftouch representation of the actors. Developing a reading of one's involvement in the strike as being profoundly and structurally part of the problem seems to be perceived as incompatible with the heroicization of progressive political engagement: one could not at once be part of the problem and want to contribute to its resolution. When issues are shifted in this way toward political practices and their consequences on the lives of others, we are accused of contributing to a depoliticization born of a Christian culture of culpability. Or, even better because so poignant, we are charged with political intolerance. If the questions and critiques of feminists, based on the idea that the private is political, among others, constitute political intolerance and interrupt the feeling of moral integrity and authenticity that certain activists feel, then so be it. We think it's a bare minimum if we want to transform social relations.

"CLASSE is literally disrupting the natural order of things"(The book in question)

It's not everyone that can produce a book like this one. It requires not only having contacts and the necessary resources, but having the free time. That two white male members elected in the structures of ASSÉ are able to submit a manuscript cleansed of these conflicts is not an accident. Their privileged position allows them to write about the strike as selfproclaimed specialists and by appropriating the techniques of organization of this strike that are based as much on the memory and practices of generations of activists as on varied experiences of selforganization. By the circulation of their vision of history as being consensual and homogeneous, the authors place themselves above all the activists who are fully actors of the movement, and who lack the spare time to write a book that recounts their vision of history according to their place, equally of interest, in the strike. Behind the consensual idea of the book, it is the voices and the legitimacy of all those persons which are crushed by the leveling of a dissensus vital to any political manifestation that aims at life.

In this dynamic, it is only the authors who win; who win notoriety, symbolic capital, and the imposition of their vision through time (and incidentally since they are selling their book). The History that freezes itself in time and space is completely standardized so that everything that was lived may fit into the well delimited compartments that the authors impose on us. Let's not forget that the choices of content in this type of book have an impact on what will be retained of the history of this strike. It appears to us essential to bring up all of the issues around the differentiation between the treatments given to a book that presents a consensual analysis and to the writings that present a conflictual analysis. In effect, there exist numerous works that develop on the theme of conflicts inside ASSÉCLASSE, but they will never be given the distribution and the respect that this book enjoys. The distribution of writings from a feminist perspective critical of the functioning of ASSÉCLASSE has even been in recent years an important political issue. Indeed, it is interesting to note that the uniform vision of From school to the street clashes violently with the reflections in the accounts produced by a diversity of activists, in view of the 2013 orientation congress of ASSÉ: http://orientation.bloquonslahausse.com/. Thus, their presented magical recipe for obtaining a large movement is a model that is bleached, wrung out, dried, completely emptied of its plural context and of the power dynamics that existed at the heart of the student movement.

From the image of the strike to the strike of the image

This formula started to circulate during the strike on the tongues of those who rapidly realized, with bitterness and anger, that CLASSE was losing its footing and succumbing to the petits chefs backstage. At the time, the spotlights were on Gabriel NadeauDubois, but many were already denouncing the speeches written by those other than the star of the spectacle of the strike. Today, the cameras turn backstage and film in closeup the insolent strings hanging still just above the clean but rumpled shirts of the dear GND.

By this critique, we refuse a homogeneous vision of History and of the cogs of events. The privilege of literary production must not be considered the authorized and neutral vision of the strike. To the contrary, the richness of experiences and internal conflicts is essential to a dynamic understanding and to a will of inclusion of different practices and ideas.

Going through mainstream channels to talk about a strike that they tried at all costs to render mainstream: there's nothing surprising here. May we not be attributed bad intentions, we are not playing the game of the indignant. But even so we applaud the coherence and we understand the perseverance: having worked relentlessly to make of the strike a spectacle, now's not the time to let up!

Other strikers…

Camille Allard
Jeanne Bilodeau
Dominique Bordeleau
Vanessa Gauthier Vela
Vanessa Mercier
Iraïs Landry
Fanny Lavigne
Michelle Paquette
Camille Tremblay Fournier
Yasmine Djahnine
Julie Bruneau

[1] A progressive Quebec publishing house.
[2] A 1972 lyric by French singer Michel Fugain.

vendredi 22 mars 2013

"Quand le spectacle se poursuit en coulisse..."


Il y a deux Histoires l’Histoire officielle, menteuse, qu’on enseigne, puis l’Histoire secrète, où sont les véritables causes des évènements, une Histoire honteuse. (Illusions perdues – Honoré de Balzac)

Après avoir lutté pendant des mois contre le déséquilibre de la répartition sociale du capital économique, force est de constater que la lutte doit désormais également se poursuivre sur le terrain des autres formes de capitaux : symbolique, culturel, politique. Nous en sommes à l’heure d’écrire l’Histoire en fondant la légitimité des récits qui se bousculent déjà, gentiment, bien sûr, dans une librairie près de chez vous. Ou encore au Lion d’Or, lieu du lancement De l’école à la rue : dans les coulisses de la grève étudiante, un ouvrage co-écrit par Philippe Éthier et Renaud Poirier-Saint-Pierre, respectivement élu sur le conseil exécutif de l’ASSÉ-CLASSE, et attaché de presse au comité média de cette dernière.

Comment ont-ils fait?

Selon ses auteurs, l’objectif du livre, dont nous célébrons aujourd’hui la naissance, serait de dégager les différentes pratiques mises de l’avant lors de la grève de telle sorte qu’elles puissent guider les générations futures. Ont volontairement été évacués les différents débats et conflits internes pour produire le récit le plus consensuel possible. S’imagine-t-on vraiment que ce dont les dites générations futures ont besoin, c’est d’un paquet de généralités, d’une chronologie factuelle des événements et de leur organisation technique? Pour éviter de répéter les mêmes erreurs et pour permettre une politisation solide, il est, au contraire, essentiel d’afficher les contradictions, les impasses et les conflits internes qui ont marqués la grève.

Mais ce mutisme volontaire n’est pas une première. À l’intérieur du mouvement de grève (avant, pendant et après celle-ci), les retours critiques ont été majoritairement dévalorisés. C’est alors que cette production « consensuelle » est dérangeante puisqu’elle est bâtie sur l’occultation des débats d’idées entre tendances politiques, devenus si difficiles et dérangeants. Des différentes perspectives que nous avons occupées durant la grève de 2012, il est impossible d’avancer un consensus autour des mécanismes qui ont bien fonctionné pour bâtir une mobilisation de masse et une structure qui la supporte et l’alimente. L’ensemble de réflexions et d’analyses concernant les pratiques politiques de la CLASSE que présentent les auteurs, à partir de leur posture spécifique dans le mouvement, n’est pas neutre. Elle résulte d’une sélection opérée qui retient et ficelle une très mince parcelle de la réalité : celle des vainqueurs qui publient et privatisent aujourd’hui leur bilan de grève, chez Éco-société.

La violence d’une histoire « consensuelle »

En faisant silence sur la pluralité des réalités politiques, sur les souffrances vécues et sur les stratégies de répression interne envers différentes franges politiques, les auteurs nourrissent et encouragent la propagation des pratiques a-critiques au sein du mouvement. Taire les initiatives pour transformer les rapports sociaux (de sexe, de classe, de race) de l’histoire est une posture fondamentalement violente.

Une page seulement de ce livre est consacrée aux principes féministes de l’ASSÉ-CLASSE, page qui n’a guère le temps d’aborder les démissions en bloc largement documentées de deux comités dont le principal motif était la reproduction de rapports de pouvoir. Le livre ne nous apprend pas pourquoi à la seule manifestation féministe de la CLASSE presque tout le monde s’est fait arrêter. On n’apprend pas non plus comment Phillipe Éthier et Gabriel Nadeau-Dubois ont demandé à une membre d’un comité de la CLASSE de démissionner et de camoufler son implication lorsqu’elle fit face à des charges criminelles. Ne sont pas présentées non plus les critiques féministes qui ont été adressées à leur équipe exécutive. À vrai dire, la section « féminisme » est si consensuelle qu’elle n’a presque plus rien à voir avec les expériences des militantes féministes de la grève. Pourtant ce sont entre autres leurs initiatives qui ont permis de faire vivre la grève, de mobiliser des gens, de s’organiser, de faire en sorte de la rendre plus inclusive. Elles sont parties prenantes des coulisses de la grève, des coulisses où ça jouait parfois rough entre militant-es.

Bref, les auteurs ont lutté de leur côté, du haut de la pyramide qu’ils ont construit. Ce ne sont pas seulement des désaccords tactiques que nous entretenons avec eux, mais plutôt des tensions profondes entre deux modes de luttes différents. Mais peut-on vraiment être surprises qu’une Histoire des femmes écrite par des hommes sonne encore tout croche? Nous ne sommes pas les premières à le dire: l’Histoire consensuelle est une histoire violente de privilégiés, où les voix discordantes n’ont pas leur place.

« C’est un beau roman, c’est une belle histoire… »

L’absence dans l’ouvrage d’une culture de la responsabilité et de retours politiques critiques sur les pratiques et les objectifs a comme conséquence de participer à la mythification des auteurs. Autour de leurs héroïques personnes est construit une aura de puissance individuelle devenue le gage nécessaire à la capacité à agir politiquement sur le monde. Les nombreuses scènes romancées de l’ouvrage (comme celle où les valeureux guerriers de la CLASSE, armés de leurs walkie-talkie-crssh-crssh se retrouvent malgré eux dans une angoissante mais ô combien grisante course contre la montre pour fournir avant le SPVM le nombre de manifestant-es aux médias) participent d’ailleurs largement de cette représentation déphasée des acteurs. Développer une lecture de son implication dans la grève comme faisant profondément et structurellement partie du problème semble donc être perçu comme incompatible avec l’héroïsation de l’engagement politique progressiste : on ne pourrait pas à la fois faire partie du problème et vouloir contribuer à sa résolution. Quand on déplace ainsi la problématique vers les pratiques politiques et leurs conséquences sur la vie des autres, on nous accuse de contribuer à une dépolitisation issue d’une culture chrétienne de la culpabilité. Ou bien, encore mieux parce que tellement poignant, on se fait taxer d’intolérance politique. Si les interrogations et les critiques des féministes, entre autres basées sur l’idée que le privé est politique, constituent de l’intolérance politique et bloquent ce sentiment moral d’intégrité et d’authenticité que certains militants ressentent, eh bien soit. On pense vraiment que c’est un minimum si on veut transformer les rapports sociaux.

« La CLASSE perturbe littéralement l’ordre naturel des choses » (Le livre en question)

Ce n’est pas tout le monde qui peut produire un livre comme celui-ci. Il faut non seulement avoir des contacts et les ressources nécessaires, mais il faut être capable de se libérer du temps. Que deux membres masculins et blancs élus dans les structures de l’ASSÉ puissent se permettre de soumettre un manuscrit lavé de ces conflits n’est pas un hasard. Leur position privilégiée leur permet d’écrire sur la grève en s’autoproclamant spécialistes et en s’appropriant les techniques d’organisation de cette grève qui se base autant sur la mémoire et les pratiques de générations de militant-es que sur les expériences d’auto-organisation variées. Par la diffusion de leur vision de l’histoire comme étant consensuelle et homogène, les auteurs se placent au-dessus de tous les militant-es qui sont des acteurs et des actrices à part entière du mouvement, et qui n’ont pas le loisir d’écrire un livre qui raconte leur vision de l’histoire selon leur place tout aussi intéressante dans la grève. Derrière l’idée consensuelle de ce livre, ce sont les voix et la légitimité de toutes ces personnes qui sont écrasées par l’aplanissement d’un dissensus vital à toute manifestation politique qui se veut vivante.

Dans cette dynamique, il n’y a que les auteurs qui gagnent; qui gagnent de la notoriété, du capital symbolique, et l’imposition de leur vision à travers le temps (et accessoirement puisqu’ils vendent leur livre). L’Histoire qui se fige dans le temps et l’espace est complètement uniformisée pour que tout ce qui a été vécu puisse entrer dans les cases bien délimitées que les auteurs nous imposent. N’oublions pas que les choix de contenu de ce genre de livre ont un impact sur ce qu’on retiendra de l’histoire de cette grève. Il nous apparaît donc primordial de faire ressortir toute la problématique de la différenciation entre le traitement qu’on fait à un livre qui présente des analyses consensuelles et aux écrits qui présentent des analyses conflictuelles. En effet, il existe de nombreuses productions qui s’avancent sur le thème des conflits à l’intérieur même de l’ASSÉ-CLASSE, mais elles n’auront jamais droit à la diffusion ou au respect dont ce livre jouit. La diffusion même d’écrits à partir d’une vision féministe critique du fonctionnement de l’ASSÉ-CLASSE a été dans les dernières années un enjeu de pouvoir important. D’ailleurs, il est intéressant de noter que la vision uniforme De l’école à la rue détonne violemment d’avec ce qui a été réfléchi dans les bilans produits par une diversité de militant-es, en vue du congrès d’orientation de l’ASSÉ 2013, : http://orientation.bloquonslahausse.com/. Ainsi, leur recette magique présentée pour réussir un mouvement large, est un modèle bleaché, essoré, séché, complètement vidé de son contexte pluriel et des dynamiques de pouvoir qui existaient au sein du mouvement étudiant.

De l’image de la grève à la grève de l’image

Cette formule a commencé à circuler pendant la grève sur la bouche de ceux et celles qui ont réalisé rapidement, avec amertume et colère, que la CLASSE perdait pied et succombait aux petits chefs dans les coulisses. À l’époque, les spotlights étaient sur Gabriel Nadeau-Dubois, mais plusieurs dénonçaient déjà les discours écrits par d’autres du grand comédien du spectacle de la grève. Aujourd’hui, les caméras se tournent vers les coulisses et filment en gros plan les insolentes ficelles qui pendent encore juste au-dessus des chemises propres mais froissées de ce cher GND.

Par cette critique, nous refusons une vision homogène de l’Histoire et des rouages des évènements. Ce privilège de production littéraire ne doit pas être celui qui sera considéré comme la vision autorisée et neutre de la grève. Au contraire, la richesse des expériences et des conflits internes est essentielle à une compréhension dynamique et à une volonté d’inclusion des différentes pratiques et idées.

Passer par des canaux mainstream pour parler d’une grève qu’on a tenté à tout prix de rendre mainstream, il n’y a rien d’étonnant là-dedans. Qu’on ne nous prête pas de mauvaises intentions, nous ne jouons pas la game des indigné-es. Mais on applaudit tout de même la cohérence et on comprend la persévérance : avoir travaillé d’arrache-pied à faire de la grève un spectacle, c’est pas maintenant qu’il faut lâcher!
D’autres grévistes…
Camille Allard, Jeanne Bilodeau, Dominique Bordeleau, Vanessa Gauthier-Vela, Vanessa Mercier, Iraïs Landry, Fanny Lavigne, Michelle Paquette, Camille Tremblay-Fournier, Yasmine Djahnine, Julie Bruneau

mercredi 13 mars 2013

Ce jeudi 16 mars: Comité d'accueil pour Agnès Maltais!

Agnès Maltais à l'UQAM à 16h ce jeudi...pour faire un discours d'ouverture dans le cadre de la conférence Femmes, pouvoir et politique dans les Amériques. L'Organisation populaire des droits sociaux (OPDS), d'autres groupes et d'autre militantEs seront là dès 14h45 pour lui faire un comité d'accueil..... Rendez-vous devant la porte de la salle, près de l'agora ! Ou à 14h30 devant le Centre des femmes de l'UQAM (DS-3305).

2004



2013



- Pour les groupes sociaux, la décision de la ministre est une véritable « trahison ». « Agnès Maltais s’était engagée auprès de nous à augmenter les revenus des personnes seules à l’aide sociale », dénoncent-ils.

La coupe qui les dérange le plus touche la prestation pour « contrainte temporaire » offerte aux personnes de 55 à 58 ans, l’équivalent de 129 $ par mois. La ministre dit vouloir la remplacer par une aide mensuelle de 195 $ pour soutenir la réinsertion en emploi.

Les modifications apportées à l’aide sociale n’ont pas fait l’objet d’une annonce. Elles ont été signifiées sans tambour ni trompette en pleine relâche de l’Assemblée nationale. En plus des quinquagénaires, les coupes frappent les jeunes familles et les bénéficiaires de services en toxicomanie.

- Agnès Maltais, propose de limiter à 90 jours la durée d'un séjour payé en centre pour les toxicomanes bénéficiaires de l'aide sociale. Or, en 2009, le gouvernement libéral, qui tentait d'implanter une mesure similaire, mais moins sévère, a dû renoncer à son projet car il a reconnu que cela mettait en péril la santé des gens les plus vulnérables.

- Critiquée de toutes parts pour ces coupes, la ministre persiste et signe : « Je considère véritablement que ce n’est pas l’âge de 55 ans qui est une contrainte à l’emploi et que ce n’est pas d’avoir un enfant en bas âge qui est une contrainte à l’emploi. La contrainte, elle est ailleurs. […] Je veux remédier à cela. »

Elle vante sa réforme, affirmant qu’elle allait « mettre sur pied ce qui n’a jamais été essayé avant » avec un programme structuré d’accompagnement « très fort » et des rencontres individuelles avec chaque personne pour mieux définir quelles sont les réelles contraintes à l’emploi.

- La ministre Agnès Maltais n'a pas consulté le comité chargé de conseiller le gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté avant de proposer des changements au régime d'aide sociale.

mardi 26 février 2013

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit Françoise ?

Ce qu'elle m'a dit... Elle m'a dit que je ne devais pas avoir autant de peine. Elle m'a serrer dans les bras, j'ai pleurée un peu... ok, j'avais beaucoup de peine. Elle m'a dit des tas de choses vraies. Elle m'a parlée de ses nombreuses luttes, déceptions... Elle connaît ça. Je le sais. Elle avait raison sur bien des points. Mais pour l'heure, j'ai de la peine.

J'ai juste trop de peine.

Je trouvais que ma présence était triste à la manif. Je pensais à mes ami.e.s qui s'étaient fait battre, humilié, à toutes ces manifs qui ne méritaient pas autant de violence et de haine.

J'ai encore beaucoup de peine, ça ne me quitte pas.

J'ai mal de penser que 3% devrait me satisfaire, que le moins que rien devrait me rendre docile et raisonnable.

J'ai pas à être raisonnable, je suis réaliste.

Et puis, me fait chier de porter encore mon carré rouge, de subir encore les p'tits commentaires méprisants des gens. Oui, dans la rue. Partout. Pour rien.

Frustrée au max, déçue surtout comme c'est pas possible et j'ai l'impression que même si j'ai tellement retroussée mes manches, ben qui faut encore que je fasse ma part, que je les remonte encore et encore, comme si c'était possible.

Je ne lâcherais pas.

Pas comme si c'était nouveau. Pas comme si je m'y attendais pas. Mais soyons honnête, y a rien de pire que la lucidité qui te frappe dans la face presque aussi fort qu'un coup de matraque.

Ce qui m'écoeure, c'est que faut que je continue dans cette absurdité cruelle qui fait de notre société autant que de ce sommet un cirque.

J'trouve juste que l'on s'est sacrifié pour plus que ça. J'ai l'impression de me faire plotter par le voisin qui dit qui t'aime pour te pogner les seins dans un p'tit coin noir même si ça te tente pas ben ben, mais qui faudrait faire comme si c'est bon parce que tsé... Il te dit qui t'aime, c'est clair que c'est pour mon bien.

Non PQ, tes mesures sont pas bonnes, pis ton amour j'en veux pas. Sérieux.

M'enfin, on à ressortie notre carré rouge sur la corde... il prend l'air... Pendant que nous, ben... on prend la rue.

N.L.

Manif, émotions, ami.e.s, et carré rouge













vendredi 8 février 2013

Chère UQAM, ce vidéo est bien meilleur que l'original...

... En tout cas, le acting des gens et le scénario est bien meilleur, ça c'est sur :)

Le pastiche:



l'original: http://tv.uqam.ca/default.aspx?v=53435

Site super pertinent!: Plate-forme de partage et diffusion de matériaux et réflexions critiques concernant la vague sécuritaire à l'UQAM https://vaguesecuritaireuqam.wordpress.com/

lundi 28 janvier 2013

"L' assimilation viol/prostitution, une violence intolérable, vraiment?"

Témoignage et réflexion complète via Le Mélange Instable de Salomée.

[...]
J' ai alors ressentit le besoin de réfléchir et de faire le point sur ces mots que je ressentais personnellement comme une violence un peu partout autour de moi. L' exercice est difficile, car de la violence dans mes parages, il y en a un paquet. (Les pires n' étant d' ailleurs pas celles s' attaquant à mon "statut" de pute, mais à ma toxicomanie.) De la physique, de la verbale, de l' intentionnelle ou pas, celle que je me dirige toute seule ou celles que me dirigent les autres, et tout cela finit par former un espèce de bruit assourdissant duquel il est parfois très compliqué de comprendre éxactement qui, que, quoi, comment, pourquoi.
Et finalement, j' en suis arrivée à la conclusion que les propos qui me heurtaient le plus étaient ceux qui niaient justement totalement la violence de ce que peut être un rapport sexuel effectué par du.
Tous ces argument censés défendre mes droits et mes libertés, du genre :

_ Les putes proposent un service consentit, donc à partir d'un moment, je n' ai rien à en dire. ( Tu proposes tes services, donc voila, assume. Tu t' engages à baiser, si tu le fais pas t'es vraiment pas une bonne commerçante. Et ouais nan, pourquoi ce serait problématique, c'est que du cul!)

_ Les putes se prostituent par choix, je ne suis personne pour leur dire ce qu' elles ont à faire de leur vie.
( Cool. Enfin moi, personnellement, je ne suis pas intrinsèquement contre le fait qu' on me fasse remarquer que je vais me faire mal en fonçant dans un mur, et que si je veux, j' ai une main tendue là, pas loin. Non non, franchement, je vais pas me sentir gravement niée dans mes libertés individuelles. )

_ Les putes qui chouinent que ce qu' elles font c'est dur/violent, bah elles ont qu' à arréter : on a toujours le choix dans la vie.
( Sans commentaire)
[...]

Parce que bon, effectivement, assimiler de façon systématique le viol et la prostitution est peut être un peu surestimée.

M' enfin, c'est quand même étrange que toutes les putes soient d' accord pour dire que l' important c'est que "ça dure le moins longtemps possible", ou encore qu' elles se réjouissent de l' éxistence de ces mythiques clients qui ne viendraient que pour parler.
Dernièrement, en faisant un tour sur le forum prostitution de Doctissimo (le haut du panier des forums comiques du net, ça vaut le coup d' oeil), une jeune fille a déclenché l' hilarité de plusieurs putes en exprimant clairement qu' en gros, elle voulait connaître toutes les combines possibles pour ne PAS baiser en se prostituant. "On en est toutes là", s'est elle vu répondre.
Oui c'est vrai, on en est toutes là.
Tout simplement parce que baiser par du, c'est violent, pénible et écoeurant. Sur le moment il y a tellement d' autres choses sur lesquelles se concentrer qu' on ne se rend pas forcément compte du caractère violent de ce qu' on est en train de vivre.
Il faut rester aux aguets et surveiller son argent et ses affaires, les capotes du client, le temps qui s' écoule, le comportement du type, ce genre de trucs. Mais à posteriori, ça laisse parfois un goût bien amer de repenser à certaines "prestations de service". Ce goût qui tord les tripes et qu' on se sent illégitime de ressentir, parce que bon, on était là, c' était notre choix, faut assumer... Etrange comme ça me rappelle quelque chose.
[...]

mardi 8 janvier 2013

"Un message de la part des camarades du Café Aquin"

Chers étudiants et chères étudiantes,

En cette rentrée de la session hiver-2013, vous avez sûrement constaté que le Café Aquin est fermé. Le verrouillage d’une partie du pavillon Hubert-Aquin a été imposé unilatéralement par l’administration de l’UQAM, tant au Café Aquin qu’aux associations étudiantes situées au deuxième étage, et ce, pour une durée indéterminée. Considérant que l’ampleur des travaux à effectuer a dû nécessiter plusieurs semaines de préparation, l’équipe du Café Aquin s’explique mal que l’UQAM n’ait laissé que quelques heures de préavis avant la fermeture forcée des locaux, à 17h le 20 décembre dernier, précipitant la fin des services au Café prévue pour le lendemain.

Cette décision de l’administration a plusieurs retombées fâcheuses sur les travailleurs et travailleuses que vous croisez quotidiennement derrière le comptoir de votre café étudiant. Il est à noter que pour notre équipe de travail constituée de 15 personnes, ces emplois n’ont rien à voir avec un revenu d’appoint ou une source de divertissement. Ceux-ci sont plutôt la première source de revenu de ses travailleurs et travailleuses qui concilient travail-étude, voire travail-étude-famille. Et cela sans compter les conséquences particulières pour les étudiants étrangers et les étudiantes étrangères dont le statut contraint les possibilités d’emploi hors du campus uqamien.

L’équipe a donc entrepris des démarches pour trouver réponse à nos multiples interrogations concernant la durée indéterminée des travaux, l’absence de préavis et de consultation des parties impliquées, ainsi que le manifeste oubli d’octroyer une compensation financière pour les pertes encourues par les travailleurs et travailleuses relativement à leur source de revenu. Nous attendons une réponse de l’UQAM dans les plus brefs délais. Évidemment, nous n’avons pas l’intention de rester cois et coites advenant un silence prolongé de l’administration.

Dans un effort de solidarité et par souci de transparence, l’équipe du Café Aquin entend diffuser à la communauté uqamienne les informations quant à l’évolution de la situation. L’équipe souhaite de tout cœur que ce problème se résorbe dans les délais les plus brefs, pour permettre que tous et toutes puissions retrouver nos lieux d’organisation politique, de rencontre et d’activités sociales et culturelles, autour d’une délicieuse dose de caféine.

Solidairement

L’équipe du Café Aquin