mardi 26 février 2013

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit Françoise ?

Ce qu'elle m'a dit... Elle m'a dit que je ne devais pas avoir autant de peine. Elle m'a serrer dans les bras, j'ai pleurée un peu... ok, j'avais beaucoup de peine. Elle m'a dit des tas de choses vraies. Elle m'a parlée de ses nombreuses luttes, déceptions... Elle connaît ça. Je le sais. Elle avait raison sur bien des points. Mais pour l'heure, j'ai de la peine.

J'ai juste trop de peine.

Je trouvais que ma présence était triste à la manif. Je pensais à mes ami.e.s qui s'étaient fait battre, humilié, à toutes ces manifs qui ne méritaient pas autant de violence et de haine.

J'ai encore beaucoup de peine, ça ne me quitte pas.

J'ai mal de penser que 3% devrait me satisfaire, que le moins que rien devrait me rendre docile et raisonnable.

J'ai pas à être raisonnable, je suis réaliste.

Et puis, me fait chier de porter encore mon carré rouge, de subir encore les p'tits commentaires méprisants des gens. Oui, dans la rue. Partout. Pour rien.

Frustrée au max, déçue surtout comme c'est pas possible et j'ai l'impression que même si j'ai tellement retroussée mes manches, ben qui faut encore que je fasse ma part, que je les remonte encore et encore, comme si c'était possible.

Je ne lâcherais pas.

Pas comme si c'était nouveau. Pas comme si je m'y attendais pas. Mais soyons honnête, y a rien de pire que la lucidité qui te frappe dans la face presque aussi fort qu'un coup de matraque.

Ce qui m'écoeure, c'est que faut que je continue dans cette absurdité cruelle qui fait de notre société autant que de ce sommet un cirque.

J'trouve juste que l'on s'est sacrifié pour plus que ça. J'ai l'impression de me faire plotter par le voisin qui dit qui t'aime pour te pogner les seins dans un p'tit coin noir même si ça te tente pas ben ben, mais qui faudrait faire comme si c'est bon parce que tsé... Il te dit qui t'aime, c'est clair que c'est pour mon bien.

Non PQ, tes mesures sont pas bonnes, pis ton amour j'en veux pas. Sérieux.

M'enfin, on à ressortie notre carré rouge sur la corde... il prend l'air... Pendant que nous, ben... on prend la rue.

N.L.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Donner aux futures élites, bientôt repues, c’est quand même plus rentable que de donner à ceux que la vie prolétaire assassine à petit feu, chaque matin levé trop tôt, chaque journée de fatigue, et le soir trop épuisés pour trouver le moindre repos du corps ou de l’âme.

Accumulons du capital, culturel, scolaire, etc., c’est toujours cela de pris pour caler encore plus ceux d’en bas que l’on aime tant quand ils sont trop écrasés pour rappeler à la petite-bourgeoisie son mépris de classe et son arrogance ! Vers le sommet de la pyramide, et dans un ascenseur social gratuit, si possible !

Yves Claudé