mercredi 30 mars 2011


Veux moi en pas madame. T'es tellement bonne, je suis tellement fière. Mwaaa!^^

mardi 29 mars 2011

Contre-conférence et débat sur les universités et les politiques de l'État d'Israël

Suite à l’invitation en conférence, par le département de science politique de l’UQAM, d’Emmanuel Navon, militant du Likoud, parti de droite nationaliste israélien, nous considérons qu’il est essentiel de montrer notre dissidence en organisant un contre-événement.

C’est pourquoi, au même moment, nous écouterons une communication de Dan O’Meara sur les leçons à tirer de la lutte anti-apartheid d’une part, suivie d’une communication de Rachad Antonius sur les relations entre les universités israéliennes et les universités d’ici.

Nous poursuivrons avec une discussion ou un débat collectif sur notre responsabilité en tant qu’universitaires face à l’apartheid israélien, ainsi que sur le rôle politique des universitaires israéliens.

Venez nombreux et nombreuses !

MERCREDI 30 MARS: 12:30 - 15:30
UQAM, A-2885

vendredi 25 mars 2011

Manifeste des survivantes pour un monde sans prostitution

Nous, survivantes de la prostitution ainsi que celles d’entre nous qui sont encore exploitées dans l’industrie du sexe, déclarons que la prostitution est une forme de violence envers les femmes.
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Nous clamons haut et fort que la prostitution n’est rien d’autre qu’une forme d’exploitation sexuelle, l’une des pires formes permettant de perpétuer l’inégalité effarante et historique des femmes, et une violation de nos droits les plus fondamentaux.
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Nous n’avons pas un beau jour « choisi » d’entrer dans l’industrie du sexe, c’est plutôt elle qui nous a choisies en se servant, entre autres, de notre pauvreté, de nos passés empreints d’agressions sexuelles, des proxénètes qui ont su deviner et profiter de nos vulnérabilités et des hommes qui, en toute impunité et avec l’accord de la société canadienne, nous ont achetées.
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Nous nous opposons fermement au jugement Bedford c./ Canada, qui ne se préoccupe pas du tout des femmes les plus pauvres et les plus vulnérables en plus de faire fi de la troublante surreprésentation des femmes autochtones qui se retrouvent dans les rues de plusieurs provinces canadiennes.
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Nous nous opposons également fermement à toute légalisation subséquente de la prostitution. La prostitution doit être éliminée. Elle ne doit pas être légalisée, ni totalement décriminalisée et encore moins être promue comme « un travail comme un autre » ou une alternative économique souhaitable.
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Nous réclamons la décriminalisation de toutes les femmes exploitées dans l’industrie du sexe, car notre condition s’est empirée à cause de lois et de politiques qui nous ont traitées et nous traitent encore comme des criminelles, des citoyennes de seconde classe qui méritent bien ce qui leur arrive.
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Nous dénonçons les clients-prostitueurs, les proxénètes, les gérants et les propriétaires d’agences, de clubs de danseuses, de salons de massage, de bordels qui agissent en toute impunité. Notre condition ne cesse de s’aggraver dans les clubs de danseuses depuis la légalisation des danses contact. Elle s’aggrave également quand les municipalités et les provinces octroient des permis à des établissements voués à la prostitution accordant du même coup une protection légale aux proxénètes, aux clients-prostitueurs et à l’industrie du sexe.
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Nous exigeons que le lobby pro « travail du sexe » cesse immédiatement de s’improviser porte-parole de toutes les femmes qui ont été exploitées dans l’industrie du sexe et de celles qui le sont encore.
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Nous refusons qu’il continue de parler en notre nom, car ce lobby se complaît à ignorer la majorité dont nous faisons partie. Il nous ignore et invalide notre parole parce que nous sommes toutes très critiques de l’industrie du sexe et que nous en dénonçons la violence inhérente. La masturbation intellectuelle à laquelle se prêtent certaines personnes, soi-disant solidaires des femmes, doit immédiatement cesser.
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Nous réfutons l’idée que nous ayons été ou que nous sommes des travailleuses du sexe. La réalité que cette expression dissimule nous donne froid dans le dos. Que croyait le lobby pro « travail du sexe » ? Qu’en inventant une nouvelle expression, tel un coup de baguette magique, l’exploitation et la violence dont nous avons été victimes se transformeraient en travail ? Non, non et non, il ne suffit pas d’avoir de nouvelles expressions à la mode pour effacer l’inavouable, l’inexplicable.
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Nous réaffirmons que la prostitution n’est ni un travail, ni un métier, ni une profession.
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Nous exigeons des politiques sociales et économiques qui permettront de prévenir l’entrée dans la prostitution et qui soutiendront toutes celles qui désirent quitter la prostitution.
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Nous sommons finalement le gouvernement canadien d’agir et d’adopter le modèle scandinave.


Ceci est le manifeste qui a été présenté pendant la fin de semaine du Tribunal contre l'exploitation sexuelle commerciale.

Des voix qui sortent ou sont dans l'industrie:
Parce que ce n'est pas un débat neuf
Parce qu'on oublie souvent le bas de la pyramide.
Et aujourd'hui d'autres se lèvent et refusent qu'un lobby parle en leur nom.

lundi 21 mars 2011

Les participantes du Tribunal populaire se prononcent massivement contre l'industrie du sexe

Clôture du Tribunal populaire sur l'exploitation sexuelle commerciale

MONTRÉAL, le 20 mars /CNW Telbec/
Pendant trois journées consécutives, 200 personnes ont pris part aux discussions du Tribunal populaire sur l'exploitation sexuelle commerciale et ont passé à la loupe les impacts de l'industrie du sexe sur les femmes et l'ensemble de la société. De nombreuses femmes ont témoigné de leur vécu et ont dénoncé la violence physique et psychologique de la prostitution dans le cadre de ce rassemblement organisé par la CLES - Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle. Elles ont rendu compte de l'horreur qu'elles ont vécue et des obstacles rencontrés pour s'en sortir. Ces témoignages ont été suivis du lancement du manifeste des survivantes pour un monde sans prostitution que toutes ces survivantes sont invitées à lire et à signer. Les auteures du manifeste ont clairement exprimé que la prostitution est une entrave à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, qu'elle est loin de relever, dans la plupart des cas, d'un choix libre et éclairé.

À la suite de ces témoignages, les participantes ont formulé des chefs d'accusations qui touchent à des aspects tels la mondialisation, la traite, le racisme, l'utilisation de la sexualité des lesbiennes, les agressions sexuelles, la prostitution juvénile. Ces accusations ont été formulées contre des acteurs, comme le gouvernement canadien, ses services d'immigration, les clients-prostitueurs, l'industrie du sexe. Elles se sont particulièrement intéressées à la prostitution des femmes autochtones. Suite aux présentations de Cherry Smiley et Laura Holland de AWAN - Aboriginal Women's Action Network - ainsi que du Comité Mikona, des mises en accusations et des recommandations particulières ont été formulées pour mettre fin au féminicide des autochtones dont est complice l'industrie du sexe.

Sur leurs recommandations, le jury a exigé des hommes de faire de meilleurs choix, de ne pas tuer, de ne pas acheter de femmes ni d'enfants et de ne pas consommer la pornographie. Le jury a retenu le chef d'accusation principal contre l'industrie du sexe et l'a déclaré coupable d'exploiter les femmes en reproduisant des rapports de domination et en propageant une culture de la violence envers les femmes. Il a recommandé que des moyens soient mis en œuvre afin de permettre un dialogue véritable entre les féministes de toutes les tendances et la société en général pour que soit rendu possible le libre choix de ne jamais être victime d'exploitation sexuelle.


Renseignements:
Contact médias :
Axelle Beniey
Responsable des communications
Tel : (514)750-4535 ; Cel. :(514)601-4536

vendredi 18 mars 2011

Petit vécu du 15 mars 2011



Très bonne idée de mon ami de marcher pour se rendre sur place. Les stations de métro devant lesquelles on passait étaient déjà pleines de flics habillés pour partir en guerre. Une personne avec qui nous étions nous disait que c’était sa première manif du 15 mars, qu’elle ne savait pas à quoi s’attendre, et nous avons bien mis au clair que nous n’avions pas l'intention de nous mettre en situation de nous faire arrêter.



J’ai trouvé que le rassemblement à cet endroit était une bonne idée; c’est dégagé et on voyait ce qui arrivait de loin. Rassemblement sympathique et nous nous sommes fait la remarque que des gens différents de d’autres années étaient là… Ils et elles donnaient un air plus festif qu’agressif. Il y avait des foulards, des capuchons, des fleurs, des sourires, du noir, des couleurs, et même un clown.




La marche était géniale et pour une fois l’équipement n’a pas été confisqué avant de partir, nous avons eu des haut-parleurs et une voiture. Il faisait beau, nous allions d’un bon pas et tout allait bien.



À première vue pendant la marche, il ne semblait pas, ou si peu, y avoir de polices autour de nous, mais à bien y regarder, les rues parallèles étaient pleines de leurs voitures.

De Sherbrooke, tourne sur St-Denis vers le nord, parce qu’il y avait des belles rangées bleues et blanches casquées et armées pour nous empêcher d’aller au sud. Monte presque jusqu’à Mont-Royal et

BANG! BANG!BANG!

Je me remets de ma seconde de frayeur pour voir que derrière les gens qui courent vers nous, les forces de l’ordre suivent en courant avec la matraque dressée.

Mouvement de foule pour courir vers l’arrière.

COURREZ PAS! RESTEZ CALMES! ON VA SE FAIRE MAL! COURREZ PAS!



J’essayais de voir ce qui se passait, c’était confus pu personne ne bougeait et plus loin on voyait des gaz qui continuaient à péter.

J’ai regardé des deux côtés et on était encerclés. Je voyais beaucoup des casques blancs, je voyais des chevaux.

LAISSEZ NOUS PASSER! LAISSEZ NOUS PASSER!





Au début les deux côtés de rue ont été bloqués autour de nous puis les côtés des trottoirs ont commencé à se refermer aussi pour commencer à former ce qui allait finir par être le cercle de la fin. Des gens ont tenté de passer par un bloc appartement pour sortir, il parait que qulque unEs ont réussi. Je les voyais fermer de plus en plus le cercle, des fois tirer des gens vers l’extérieur (rien ne donnait aucune idée de que qui arrivait à ces personnes). Pendant cette opération qui a duré des heures j’ai été séparée de mon groupe avec qui j’étais au départ; toute la gang a fait partie des arrêtéEs, j’ai été la miraculée.

Je suis restée prise avec une petite poche de gens dans une situation qui tenait du mauvais film

On se faisait pousser vers l’intérieur du cercle, mais nous avons été coupés du gros groupe du milieu de la rue. Des grosses voix qui sortaient des casques derrière nous criaient de nous en aller de sortir, mais leurs prix nobels de collègues qui étaient devant nous nous comprimaient la poitrine avec leurs boucliers et nous empêchaient de sortir. C’était complètement loufoque et ça a duré un certain temps pendant lequel nous étions tous et toutes compresséEs, en train de se faire crier après et nous aussi en train de crier après les forces de l’ordre que nous voulions bien nous en aller dans la paix, mais que CRISS Y PEUVENT TU ÊTRE COHÉRANTS?!

Ils ont fini par nous laisser respirer, puis enfin sortir de là à coup de quatre.

On n’a pas eu le temps d’avoir beaucoup froid, ni faim, ni envie d’aller aux toilettes comparativement au reste des gens qui ont subit pendant des heures.



J’ai su par la suite qu’il y avait eu brutalité et humiliations lors des arrestations.



La grosse majorité des arrêtéEs ont eu le fameux ticket de ‎488$ pour avoir '' occupé la chaussée, l'accotement, une partie de l'emprise ou les abords d'un chemin public au cours d'une action concertée destinée à entraver la circulation des véhicules routiers.''




Et en plus c'est surement une des manière les plus efficaces, parce que de l'argent, on n'en a pas.






(voir 2:20)

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Ah pis le budget est vraiment de la marde... Est-ce que c'est une assez grosse claque dans face pour se réveiller?

mardi 15 mars 2011

coup de coeur ...


Et je sais maintenant où va une partie de mes taxes : au CHUM !

Et oui, dans la grande roulette russe qu'est la vie j'ai réussi à me faire soigner/sauver la vie (au sens propre)

Évidement, j'ai eu quelques traumatismes (graves) de l'hôpital Jean-Talon (qui ressemble à l'image que j'avais d'un hôpital d'un pays de l'Est) et les longues heures d'attentes (quasi interminables) à regarder TVA m'a ... je crois atteint une partie du cerveau (le côté droit heureusement)mais quand je suis arrivée d'urgence à St-Luc et que j'ai constatée le travail des gens (et là chapeau à l'ENSEMBLE des gens de l'hôpital et je tiens à nommer les secrétaires médicales et les brancardiers autant que les médecins et infirmiers et infirmières)

Bref, je pensais pas vivre un séjour à ha'pital (comme dirait Yvon Deschamps porte parole de la campagne de financement du CHUM) mais rendu sur place, j'étais la plus... "heureuse" des patientes.

Honnêtement, non seulement je n'ai pas économisée ma gratitude envers les préposé.e.s (qui m'ont soignée, apporté de l'eau, tourné, réconforté, lavé, et alimenté) mais j'ai vue que sommes toute, ces gens qui travaillent parfois plus de 12 heures sont des êtres exceptionnelles pas juste par leur job de sauveur de vie.

Je vous épargne mes réflexions philosophiques sur la mort (merci à mon amoureux de ces avoirs toutes tapées... oui, c'est un fixe chez moi la non-existence) et j'ai aussi réalisée... Oh oui, combien la perte d'autonomie c'est dure sur le morale.

C'est pas facile d'avoir besoin d'une autre personne pour... prendre soin de soit. Dans ce qui est de plus banal, de plus élémentaire : manger, aller à la toilette, prendre sa douche...

Malgré tous les bons soins des gens, malgré mon assez bon caractère, j'ai craquée.

en deux. CRACK n'a pu.

Pour faire un instant "Claire Lamarche arrache tes larmes", mettons qu'hier j'avais le caractère d'une merde qui sens et qui s'en ressent. C'est que si mes moyens sont limité... physiquement, ben ceux des autres non. J'ai manquée manif (et marcher du salon à la cuisine me rend fière, une manif c'est comme juste pas le temps), j'ai manquée plein de projets supers le fun et dont j'avais hâte de participer et j'ai, faut l'avouer, l'intellect d'une souris aveugle zombi (maudit sont ces pill qui me soulage de la douleur mais me rendre la rivale de Joe le poisson rouge question Q.I.).

Bref, j'ai fini par comprend que mon réel coup de coeur ce n'était pas les gens gentil qui avait croisée ma route. C'était pas non plus mon état d'enfant de 6 mois qui me rendait émerveillée de la magnitude des gens autour de moi... c'était la manifestation de solidarité humaine, toute simple toute banal, celle de prendre soin du plus faible (arfff) que soit.

J'ai remis ma vie dans les mains de gens dont je ne connais pas le nom et que la profession et qui m'ont sauvé la vie parce que nous sommes solidaire avec l'existence de nos pairs.

Je ne pouvais pas être plus vulnérable. J'avais le choix d'avoir confiance en mes pairs ou de mourir bêtement à la maison. (bon, un choix pas super super, j'ai pas hésité ben ben longtemps... mais quand même, c'est quand même ça la réalité).

J'ai vécue une belle démonstration de solidarité humaine qui est dans le fond collectif. Quand je paie mes impôts, je suis solidaire avec mes pairs.

Ça m'a fait du bien, me semble que j'avais ma dose d'humainerie... ça m'a comme calibrer j'pense le dedans.

J'avais perdu ça de vue... aussi bêtement que ça, j'avais prit ça pour acquis les services de santé, c'était comme un bien commun flou, jusqu'à ce que j'en ai eu besoin.


J'ai pas besoin d'un Colisée pour voir mes impôts, j'ai pas besoin d'avoir moins de taxe pour me sentir dans une société qui rentabilise (faussement) mon argent.

Nah, j'avais besoin de voir des humains incarner de ce qui reste de notre société d'état providence.

p.s.

Merci INFINI à mes ami.e.s qui sont venu me voir alors que j'avais la tête d'une vedette de folle meurtrière d'allo police et le Q.I. de Joe le poisson rouge. Merci de tout cœur ! C'est un des plus beaucoup moment d'amour collectif que j'ai eu.



dimanche 13 mars 2011

Retour sur la journée d'hier


La "couverture médiatique" (Haha! elle est bonne):
CP - LD - RC (Et sa superbe photo "télé communautaire" - TG (WOW! Juste wow... On n'a pas assisté au même évènement...) - Métro (honnête... mais c'est quoi cette hisoire de 50$?) - MM (parce qu'il faut malheureusement aussi penser à ça dans nos belles pensées d'actions communes...) - Et eux aussi, mais par rapport à hier soir, (sans compter que maintenant je me demande ce qu'est un évènement embryonnaire)

Et des photos (avec la réutilisation d'une bannière bien connue et en prime une pancarte louche^^)!

Une photo a l'air de jurer dans l'ensemble, mais non.




























samedi 12 mars 2011

MANIF D'APPUI POUR LES 10 ARRÊTÉ-E-S D'AUJOURD'HUI- CE SOIR!!!

(C'est dans 2h, mais on diffuse comme on peut...)

IMPORTANT!! Manifestation de soutien pour les 10 personnes qui ont été arrêtées aujourd'hui à la manif de l'Alliance Sociale. Arrêtées avant même le début de la manifestation, ils sont accusés de conspiration. Rendez-vous à 21h ce soir au coin des rues Guy et Maisonneuve. Partagez à vos amiEs.

jeudi 3 mars 2011

MANIFESTATION 12 MARS



Organisée par l'Alliance sociale et la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics

mardi 1 mars 2011

Ça suffit les manifestations qui ne dérangent pas

L’État continue d’attaquer les conditions de vie de la majorité...
... et tout ce que nos "leaders" ont comme réponse est de proposer une grande manifestation nationale qui, sans aucune doute, mobilisera des dizaines de milliers de personnes (le mot d’ordre de la CSN est faire sortir 5% des syndiqués, ce qui veut dire au bas mot 15 000 personnes).

La Pointe Libertaire pense que c’est assez de canaliser des énergies populaires qui ne peuvent que profiter à ceux et celles des leaders communautaires et syndicaux qui ne souhaitent que l’alternance politique au Québec.

Nous avons la puissance voulue pour perturber l’ordre bourgeois et inquiéter les pouvoirs de domination.

Nous pouvons commencer dès le 12 mars prochain.

Voici une analyse et une proposition.

Vaincre le fatalisme
Le 12 mars prochain La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation, des services publics et l’Alliance sociale nous invitent à une grande manifestation nationale contre le budget Charest. Avec l’objectif déclaré d’infléchir la trajectoire néo-libérale du gouvernement, les 2 coalitions nous proposent comme moyen d’action de reproduire le schéma classique de la mobilisation citoyenne. Dans les circonstances actuelles, ce type de manifestation politique nous mène tout droit à la défaite en construisant une fausse contestation, aseptisée et formatée, qui croit pouvoir changer la donne en paradant sur les boulevards. Dans les faits, même étroitement encadrés, surveillés et filmés par des hordes de flics nous ne risquons rien parce que, dans ces conditions, le pouvoir n'a rien à craindre de nous.

Depuis plusieurs années, le constat est évident : une grande marche populaire ne sert à rien, sinon à passer à la télévision et à répéter dans les médias hostiles les mêmes phrases creuses. On ne peut même pas dire que la marche est un moment de « solidarité » entre marcheuses et marcheurs, qui alimente le désir de continuer la lutte. Non, on papote, on échange des nouvelles avec les copains-copines, on lance quelques slogans pour faire bonne mesure, et on va prendre une bière sitôt la marche terminée. Belle combativité. Pendant ce temps, le gouvernement Charest affirme depuis huit ans qu’il « ne gouverne pas selon les sondages ou l’opinion de la rue ». Alors quoi ? Pourquoi ?

De plus, nous irons manifester dans les rues, sur la place publique, mais celles-ci ne nous appartiennent pas. Tout est fait pour que les manifestations classiques restent sous la mainmise des forces de « l’ordre », policières, syndicales ou autres, et d’un discours qui cherche malheureusement à contrer tout débordement des sentiments de colère qui pourrait vouloir s’exprimer. Il nous faut l’avouer nous sommes géréEs et contrôléEs par le pouvoir alors que notre force réside justement dans notre capacité à constituer un trouble et une menace à « leur » ordre public. En fait, notre seule présence devrait représenter une gêne pour les autorités, tout en nous permettant de rester au contact de la population et de la rue (parler, expliquer, distribuer de l’information). Nous sommes partie prenante de cette population, donc, de fait, la rue nous appartient et nous pouvons l'occuper comme bon nous semble, et ce, sans besoin d’autorisation.

Avec ce type de grande mobilisation convenue et aseptisée, le risque à chaque fois plus grand que nous courrons est justement de voir s’effriter la puissance politique dont nous disposons. Ce genre de manif contribue malheureusement à accroître le sentiment d’impuissance faute d’actions qui stimulent l’imaginaire et qui auraient des retombées solidaires dans la population.

Les deux coalitions organisatrices estiment-elles vraiment pouvoir faire changer d’avis, à quelques semaines du dépôt du budget, ce gouvernement qui se fout bien de la population ? Qui depuis huit ans ne gouverne que pour l’augmentation des profits de ses copains ? Ce qui pourrait passer pour de la naïveté chez de jeunes organisateurs-trices fait malheureusement figure de détournement d’énergie de la part de certainEs leaders syndicaux et communautaires à la longue feuille de route, au profit de l’éventuelle alternance politique de l’après-Charest à Québec.

L’urgence de déstabiliser le gouvernement Charest
S’il y a urgence à court terme ce n’est pas celle de convaincre le gouvernement qu’une autre solution est possible. Il le sait parfaitement, mais il s’en fout éperdument. La véritable urgence est bien celle de déstabiliser le gouvernement libéral et de perturber son fonctionnement. Ce pouvoir est en train d’anéantir à petit feu les passions qui animent le cœur des femmes et des hommes qui composent les mouvements sociaux.

Pour cela, nous pouvons et nous devons installer la crainte dans les rangs du pouvoir. Par où commencer ? En cherchant à nous placer hors contrôle et à redevenir ingérables. En devenant ingérables sur le terrain, nous semons le doute dans la classe capitaliste et chez le pouvoir politique tout en favorisant les contacts avec la population.

Ce doute chez les dominants peut s’installer dès le 12 mars prochain
Il nous faut contourner le piège du rendez-vous unique et du parcours prévisible. Une idée serait de prendre comme points de départ de nos rassemblements plusieurs lieux d'une même zone. Ces points de rendez-vous seraient fixés individuellement ou par organisation ou groupe affinitaire dans une zone qui, elle, serait prédéfinie collectivement. Cette zone, pouvant faire quelques rues ou plusieurs kilomètres de rayon, deviendrait en quelque sorte notre « terrain de jeu » : chaque groupe ou rassemblement de groupes est libre d'y entreprendre l'action qui lui est propre, qui lui correspond.

L'objectif d'une telle zone d'action est de créer de l'agitation autour d'un message et selon des modes d'actions variés, dans une temporalité qui soit unique et courte. On réunit ainsi les principes de diversité des tactiques et de zone autonome temporaire, tout en s'affranchissant le plus possible du contrôle policier total : la police, agissant sur des modes de maintien de l'ordre archaïques, est dépassée s’il y a une multiplicité de foyers de regroupement ici et là.

Enfin, il peut être prévu de converger vers une cible à partir de tous les points d'une même zone.

Nous en appelons aux militantes et aux militants de la base, les invitant à prendre en main leur manifestation qui appelle à « notre capacité de faire » plutôt que de se laisser encadrer par une stratégie d’action qui mènera à un cul-de-sac. L’échec récent des négociations pour améliorer les conditions de travail des employéEs de l’État par les leaders actuels de l’Alliance devrait nous inquiéter. Pourquoi ces mêmes dirigeantEs de l’Alliance seraient-ils-elles aujourd’hui plus déterminéEs à faire fléchir le régime ?

Depuis des années maintenant, la privatisation des services publics est en marche et nous continuons à nous appauvrir. Les stratégies classiques de mobilisation citoyenne ne peuvent plus rien pour nous, parce que l’époque du dialogue et du compromis social-démocrate avec l’État est bel et bien terminée. Prenons la rue, allons rencontrer la population et perturbons l’ordre du pouvoir. C’est la seule façon de bloquer ce gouvernement anti-social et d’arrêter le démantèlement des acquis sociaux, maintenant.

1er mars 2011
lapointelibertaire - a - yahoo.ca