mardi 22 février 2011

Tribunal populaire sur l'exploitation sexuelle commerciale 18-20 Mars 2011 - People's tribunal on commercial sexual exploitation March 18-20

Bonjour,
(English will follow)

Entendre les femmes dans la prostitution, agir ensemble contre l’exploitation. Voilà le cri de ralliement des membres de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle – la CLES depuis sa création. Après cinq ans de développement d’outils d’éducation et plus de trois ans de présence sur le terrain, la CLES souhaite mettre à l’ordre du jour une réflexion sur l’exploitation sexuelle commerciale et son impact sur la lutte contre la violence envers les femmes.

Du 18 au 20 mars 2011, la CLES vous invite à mettre l’industrie du sexe au banc des accusés lors d’un TRIBUNAL POPULAIRE SUR L'EXPLOITATION SEXUELLE COMMERCIALE, le premier du genre au Québec et possiblement au monde !

Témoignages, invitées internationales, ateliers thématiques et manifestations artistiques sont au programme de cet événement hors norme qui accueillera notamment des femmes, originaires de différentes régions du Québec et de la Colombie‐Britannique, incluant des femmes autochtones, dont plusieurs ayant un vécu personnel en lien avec l’exploitation sexuelle, ainsi que des féministes œuvrant dans différents secteurs, par exemple : le monde syndical, les droits humains, l’éducation et l’intervention jeunesse, dont plusieurs à l’échelle nationale et/ou internationale.

Pour vous inscrire au Tribunal populaire, veuillez vous rendre sur notre site web à www.lacles.org, où il vous sera possible de payer les frais d'inscription en ligne avec PayPal. Ou encore, envoyez le formulaire ci-joint dûment complété, ainsi que votre chèque émis à l'ordre de CLES, à l'adresse suivante : CLES C.P. 83556 Succursale Garnier, Montréal (Québec) H2J 4E9


Solidairement,


Dear friends,

Listen to women in prostitution and act together to fight exploitation. This has been the rallying cry of the Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) since its creation. After five years of work developing educational materials and over three years’ of active presence on the ground, CLES intends to put commercial sexual exploitation and its impact on the movement to end violence against women on the agenda.

CLES urges you to join us on March 18‐20, 2011, when the sex industry will be in the prisoner's dock at the PEOPLE'S TRIBUNAL ON COMMERCIAL SEXUAL EXPLOITATION—a first in Quebec, and possibly the world!

Testimonies, international guests, thematic workshops and art exhibits will be featured at this exceptional event. Expected participants include women from across Québec and British Columbia, including Native women, many with a personal experience of sexual exploitation, and feminists representing different sectors, for example: trade union movement, human rights, education and youth intervention, some at the national or international level.

You can register to the People's Tribunal on our website at www.lacles.org where payment online is also available with PayPal. Or you can also fill in the attached form, and mail it with a cheque made out to CLES at: CLES, C.P. 83556 Succursale Garnier, Montréal (Québec) H2J 4E9.


In solidarity,

vendredi 11 février 2011

Aristocratie élective et stabilité du système

Ce texte est une reformulation d’un résumé de texte que j’ai fait dans le cadre d’un cours. Il n’a pas été originellement conçu pour être format blog mais je l’aimais tendrement quand même, alors je lui donne une place ici.

Bernard Manin
"Principes du gouvernement représentatif"

Manin expose l’idée que la procédure d’élection possède une ambiguïté intrinsèque. Cette procédure est simultanément et indéniablement démocratique et aristocratique. Démocratique parce que chaque vote de chaque citoyenNE a le même poids, mais aristocratique étant donné que les éluEs se doivent d’être différentEs et perçuEs comme supérieurEs aux votantEs.

Inégalité du mécanisme électif :

Analyse abstraite de quatre facteurs pour démontrer l’inégalité flagrante du mécanisme électif.

Préférence de personne : N’incite pas à élire des candidatEs selon leur mérite, mais selon des critères très arbitraires et personnels aux votantEs. Ce processus n’encourage pas l’égalité des chances contrairement au concours où les efforts, les actions ou les décisions des candidatEs seraient aussi tenus en compte.

Dynamique d’une situation de choix : Pour qu’unE candidatE soit préféréE à unE autre, il ou elle doit avoir une qualité appréciée par ses concitoyenNEs et rare chez les autres candidatEs. Les candidatEs se présentent donc parce qu’ils pensent qu’ils et elles peuvent être perçus comme supérieurEs à leurs concitoyenNEs sur certains aspects. Cette donnée est contraignante pour les candidatEs qui doivent faire certains choix et actions dans le but de se distinguer des autres candidatEs.

Contraintes cognitives : le relief des candidatEs est ce qui les différencie des votants ordinaires. Ce relief est contextuel, et les traits distinctifs choisis sont mis en lumière par la campagne électorale. Par contre celle-ci n’est pas un espace unique à la mise en valeur du relief, étant donné que certainEs candidatEs peuvent profiter d’un relief déjà connu par le public du fait de leurs relations sociales, politiques et économiques quotidiennes, qui correspond une campagne électorale permanente.

Coût de la diffusion : Aussi le seul aspect inégalitaire du mécanisme électoral pouvant être totalement éliminé. Par un financement public, les candidatEs n’ont pas à faire appel à la richesse des citoyenNEs pour se financer, donc n’ont pas à porter une attention particulière aux intérêts de ceux et celles qui les ont financéEs.


Par ces aspects, le mécanisme électif résulte en une aristocratie élective. Manin fait le choix du terme « aristocratie » pour des raisons historiques, mais explique que les élus sélectionnés ne sont pas nécessairement dans les élites existantes, parce que la supériorité des candidats est non seulement perçue, ce qui ne garantit pas l’excellence politique, mais qu’elle l’est dans un contexte donné. Ainsi, la nature même de l’élection résulte en la nomination d’individus qui sont différents des électeurs, différents et perçus comme supérieurs.


Stabilité :

Manin insiste sur le caractère ambigu de l’élection, ces deux facettes démocratique et aristocratique indissociables, et sur ce qui en résulte, la stabilité de l’institution. Cette dualité crée un accord stable autour de l’élection. Ainsi, les élites donnent leur approbation à un mécanisme qui leur réserve des fonctions représentatives et les citoyenNEs ordinaires donnent leur approbation à un mécanisme qui leur donne une voix égale dans l’arbitrage des élites pour les charges. En plus, la contrainte de distinction à laquelle sont soumis les candidatEs offre de la flexibilité et une certaine marge d’incertitude aux résultats des élections. Finalement, selon l’auteur, l’élection et le suffrage universel constituent un point d’équilibre argumentatif étant donné qu’en cas de protestation de puissants arguments peuvent être invoqués. Ça devient simple de rejeter la culpabilité des «mauvais choix électoraux» sur le vote que l’on critique l’aspect aristocratique ou radicalement démocratique de l’élection. Cette institution mixte permet donc la satisfaction des citoyenNEs et des élites, ce qui permet une stabilité du système.