mardi 30 octobre 2012

"« Les criminelles » : un film sur lequel il faut se questionner comme société"

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

Rouyn-Noranda, le 28 octobre 2012 Le Regroupement régional des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Abitibi-Témiscamingue s’interroge sur la position défendue dans le film « Les criminelles ». Si le film de Jean-Claude Lord suscite le débat en présentant une position en faveur du libre choix, il ne doit pas pour autant nous faire ignorer que la prostitution des êtres humains est avant tout une problématique d’ordre social. Elle transcende le droit individuel à vendre ou acheter sa propre sexualité.

En considérant la prostitution avec la seule lunette d’un choix personnel à l’intérieur d’une sexualité libre et assumée, on évacue la logique marchande qui soutient l’ensemble du système prostitutionnel. On évite de se questionner sur les motivations réelles de cette industrie florissante qui, rappelons-le, profite davantage aux proxénètes et aux trafiquants qu’aux femmes et aux enfants qui la subissent. « Plus de 80 % des personnes adultes prostituées ont commencé à se prostituer en étant mineures. La moyenne d’âge d’entrée dans la prostitution au Canada se situe entre 14 et 15 ans. »[1]

Loin de nous l’idée de nier que certaines femmes peuvent en retirer des bénéfices, mais nous ne pouvons faire abstraction que la commercialisation des êtres humains cause d’autre part d’importants préjudices aux personnes prostituées. « Dans notre pratique, nous observons que les personnes prostituées sont majoritairement des femmes qui se retrouvent parmi les personnes plus vulnérables de notre société. Nous remarquons aussi une surreprésentation des Autochtones comme personnes prostituées en Abitibi. Ce n’est pas anodin comme constat » explique Josée Bélisle, intervenante au CALACS Abitibi d’Amos. « À titre d’exemple, à Val-d’Or, lors de la dernière opération policière d’envergure 21 des 27 femmes arrêtées pour sollicitation à des fins de prostitution étaient des femmes autochtones et pratiquaient une prostitution de survie. » Ajoute Judy Lafontaine intervenante auprès des femmes au CALACS Assaut sexuel secours. La société québécoise doit non seulement décriminaliser ces personnes, mais leur offrir des opportunités visant une réelle reprise de pouvoir sur leur vie. Une solution sous l’angle de la réduction des méfaits et la légitimation du proxénétisme contribue au contraire à accentuer le pouvoir de leurs exploitants — clients, revendeurs, conjoints, propriétaires de bars —

Le Regroupement des CALACS de l’Abitibi souhaite la décriminalisation des personnes prostituées et réclame une analyse en profondeur de l’industrie du sexe. Des services spécialisés d’employabilité et d’hébergement pour soutenir celles qui sont sur une voie de sortie, ainsi que des programmes de prévention et de promotion des rapports égalitaires entre les sexes, doivent être envisagés pour changer les mentalités et éviter que nos jeunes tombent dans le piège de la prostitution.

Refusons d’adhérer au mythe du « plus vieux métier du monde » : la prostitution est en fait le plus vieux mensonge du monde!


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Pour information : Josée Bélisle ou Judy Lafontaine

819 732-7889 ou 819 825-6968


[1] Conseil du statut de la femme. La prostitution : il est temps d’agir, résumé de l’avis, mai 2012, p.12.