Je crois que dans une gestion collective d'une agression sexuelle qui a été dénoncée par l'agressée, la personne la plus importante devrait être la personne agressée. L'agressée a subi une désappropriation de son propre corps et devrait pouvoir choisir avec qui et comment elle veut cheminer après ce qu'elle a vécu. Une agression sexuelle c'est déjà assez violent sans que la personne agressée se fasse déposséder de son agression. Une agression sexuelle c'est déjà assez violent sans avoir besoin de se faire agresser par d'autres. Personnellement, je crois que quand les gens décident de ne pas demander à la personne agressée ce dont elle a envie ou besoin, et décident d' agir selon leurs besoins et leurs envies à eux et elles, c'est une violence par dessus une violence.
Ça ne veut pas dire de ne pas être fâché-es, ça ne veut pas dire de ne pas être déçu-es ou dégoûté-es. Ça veut dire traiter collectivement de la situation de manière responsable et respectueuse. En plus, si nous voulons nous occuper collectivement de nos cas d'agression sexuelle il ne faut pas oublier qu'à chaque dénonciation nous devons faire mieux et apprendre. Il faut que notre mémoire collective puisse se rappeler de nos bons coups et de nos erreurs pour qu'à chaque fois nous soyons en mesure de mieux gérer la situation. Et si a chaque fois nous devrions nous baser sur ce que la personne agressée souhaite et ne jamais nous approprier ce qu'elle a vécu, ce n'est pas seulement une question de respect, c'est une question d'être conséquent-es dans nos interventions collectives.
Dans le même ordre d'idées, je crois que les gens qui racontent l'horreur de la situation mais qui se sentent le besoin d'ajouter d'autres actes de violence à ce qui s'est déjà passé agissent comme si la violence qui avait été subie n'était pas assez grave.
Et ça je trouve ça terrible.
Une agression sexuelle c'est très grave. Personne n'a besoin d'en rajouter, c'est toujours très grave. Je crois aussi que la manière dont nous traitons la chose doit démontrer de l'empathie et du respect envers la personne agressée. C'est important, c'est elle qui a vécu la dépossession de son corps, c'est donc elle qui devrait pouvoir reposséder la situation de la manière dont elle le veut. Aussi, en tant que féministe, je sais très bien que les gens ont un problème a prendre les agressions sexuelles au sérieux, et c'est pour ça que nous nous devons de les traiter avec sérieux. Si ce que nous voulons c'est que les agressées continuent à s'ouvrir et à se confier, il faut qu'elles aient confiance que la situation va rester entre leurs mains. Si nous voulons vraiment que la personne agressée se sente assez en confiance pour raconter son agression il faut admettre que toutes les agressions sont graves et que nous n'avons pas besoin d'en rajouter.
Je pense que si des personnes s'avancent sur une agression pour ajouter des détails sordides, non seulement elles dépossèdent l'agressée de sa propre agression mais en plus elles entrent dans le jeu de la justice bourgeoise patriarcale qui nomme et hiérarchise ce qui est une agression « grave » et ce qui n'en est pas une « grave ». N'entrons pas dans ce jeu sordide. Traitons toutes les agressions sexuelles avec sérieux et avec respect. Non seulement parce qu'au milieu de tout ça il y a une vraie personne qui a besoin d'un processus de réappropriation, mais en plus, nous avons le devoir d'apprendre de nos erreurs et de celles de la justice bourgeoise patriarcale.
Nous rejetons les systèmes oppressifs parce qu'ils sont violents envers les gens. Nous haïssons la violence des systèmes qui déshumanisent les personnes.
Il me semble que la violence du système patriarcal est déjà assez insupportable sans qu'on cède au réflexe de la reproduire non?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire