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J' ai alors ressentit le besoin de réfléchir et de faire le point sur ces mots que je ressentais personnellement comme une violence un peu partout autour de moi.
L' exercice est difficile, car de la violence dans mes parages, il y en a un paquet. (Les pires n' étant d' ailleurs pas celles s' attaquant à mon "statut" de pute, mais à ma toxicomanie.) De la physique, de la verbale, de l' intentionnelle ou pas, celle que je me dirige toute seule ou celles que me dirigent les autres, et tout cela finit par former un espèce de bruit assourdissant duquel il est parfois très compliqué de comprendre éxactement qui, que, quoi, comment, pourquoi.
Et finalement, j' en suis arrivée à la conclusion que les propos qui me heurtaient le plus étaient ceux qui niaient justement totalement la violence de ce que peut être un rapport sexuel effectué par du.
Tous ces argument censés défendre mes droits et mes libertés, du genre :
_ Les putes proposent un service consentit, donc à partir d'un moment, je n' ai rien à en dire.
( Tu proposes tes services, donc voila, assume. Tu t' engages à baiser, si tu le fais pas t'es vraiment pas une bonne commerçante. Et ouais nan, pourquoi ce serait problématique, c'est que du cul!)
_ Les putes se prostituent par choix, je ne suis personne pour leur dire ce qu' elles ont à faire de leur vie.
( Cool. Enfin moi, personnellement, je ne suis pas intrinsèquement contre le fait qu' on me fasse remarquer que je vais me faire mal en fonçant dans un mur, et que si je veux, j' ai une main tendue là, pas loin. Non non, franchement, je vais pas me sentir gravement niée dans mes libertés individuelles. )
_ Les putes qui chouinent que ce qu' elles font c'est dur/violent, bah elles ont qu' à arréter : on a toujours le choix dans la vie.
( Sans commentaire)
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Parce que bon, effectivement, assimiler de façon systématique le viol et la prostitution est peut être un peu surestimée.
M' enfin, c'est quand même étrange que toutes les putes soient d' accord pour dire que l' important c'est que "ça dure le moins longtemps possible", ou encore qu' elles se réjouissent de l' éxistence de ces mythiques clients qui ne viendraient que pour parler.
Dernièrement, en faisant un tour sur le forum prostitution de Doctissimo (le haut du panier des forums comiques du net, ça vaut le coup d' oeil), une jeune fille a déclenché l' hilarité de plusieurs putes en exprimant clairement qu' en gros, elle voulait connaître toutes les combines possibles pour ne PAS baiser en se prostituant. "On en est toutes là", s'est elle vu répondre.
Oui c'est vrai, on en est toutes là.
Tout simplement parce que baiser par du, c'est violent, pénible et écoeurant.
Sur le moment il y a tellement d' autres choses sur lesquelles se concentrer qu' on ne se rend pas forcément compte du caractère violent de ce qu' on est en train de vivre.
Il faut rester aux aguets et surveiller son argent et ses affaires, les capotes du client, le temps qui s' écoule, le comportement du type, ce genre de trucs.
Mais à posteriori, ça laisse parfois un goût bien amer de repenser à certaines "prestations de service". Ce goût qui tord les tripes et qu' on se sent illégitime de ressentir, parce que bon, on était là, c' était notre choix, faut assumer...
Etrange comme ça me rappelle quelque chose.
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