vendredi 23 novembre 2012

J'ai honte d'un prof du département (partie III)

Partie III: La réponse nécessaire

via Union Libre

Le passage du professeur de science politique Julien Bauer à CHOI Radio X Montréal le mardi 20 novembre (http://www.radioego.com/ego/listen/12379) fut très remarqué, mais pas pour les bonnes raisons. Il a en effet accumulé perles après perles, en disant par exemple que ceux et celles qui ont participé à une manifestation pro-palestinienne face aux exactions de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza étaient du côté du « Mal » (avec un « M » majuscule), des fascistes qui auraient soutenu le régime nazi, et parlant des étudiant-e-s de l’UQAM qui y étaient présent-e-s, il les a dépeint-e-s comme une bande d’imbéciles qui se font manipuler. Face au terrorisme du Hamas, pour Julien Bauer, il n’y a qu’une réponse, comme nous disait aussi George Bush, celle de la force « civilisatrice » contre la « barbarie ».

Ce que Julien Bauer ne semble pas réaliser, c’est que son discours est de la même engeance que celui du Hamas : fanatique, dépeignant ses adversaires comme ennemi du Bien et de la Vérité, haineux, méprisant. Il refuse le débat avec ces barbares adeptes du « Mal », et ce faisant il sort lui-même de la démocratie qu’il veut défendre, car celle-ci implique la discussion et l’acceptation que l’autre puisse légitimement ne pas partager le même point de vue. Ce n’est pas d’hier que la politique étrangère agressive d’Israël se justifie par la défensive : ceux qui la critique sont affublés du titre peu flatteur d’antisémites. Ce procédé est particulièrement développé en France où les auteurs de textes soutenant la cause palestinienne et critiquant la politique de l’État d’Israël se retrouvent devant les tribunaux pour appel à la haine raciale. Tel est le cas du grand philosophe et sociologue Edgar Morin accusé en outre d’être victime, en tant que juif sépharade, de la « haine de soi » et de trahir son peuple (Benbassa, 2005). Ce qui fait dire à Esther Benbassa que « Le nouvel “antisémite » n’est plus celui qui hait le juif, mais le juif démocrate incapable de fermer les yeux sur le sort quotidien des Palestiniens placés sous occupation israélienne. Curieux renversement augmentant sensiblement le nombre d’intellectuels antisémites en Israël même ! Car il ne manque pas là-bas de juifs clamant haut et fort, dans les médias, leur rejet des décisions de leur gouvernement […] » D’ailleurs, pour cette dernière, « Cette instrumentalisation politique de l’antisémitisme mène en effet inéluctablement à sa banalisation. A un certain moment, il finira par ne plus alarmer grand monde. »

Ainsi, Julien Bauer s’inscrit-il dans une longue tradition qui revient ni plus ni moins à donner carte blanche aux actions de l’État israélien sensé selon cette perspective devoir nécessairement se trouver du côté du Juste et du Bien. C’est une tradition que déplore d’ailleurs le journaliste israélien Amnon Kapeliouk et qu’il voit trop souvent à l’œuvre dans les médias de son pays (Kapeliouk, 2009).

On pourrait attendre plus en terme d’analyse d’un professeur du département de science politique de l’UQAM, une institution dont la réputation de pensée critique n’est plus à faire. Plutôt que d’encourager le débat, la réflexion libre et critique, et d’être un digne ambassadeur de l’UQAM, Julien Bauer n’a au final que nourri les préjugés et exploité la méconnaissance des auditeurs de CHOI Radio X Montréal, faisant usage de « l’arme morale » dans le but de contraindre les personnes qui ne pensent pas comme lui au silence. Il n’a pas éclairé la situation à l’aide de son capital culturel, il l’a occulté au profit de sa propagande en masquant cela par son capital symbolique que lui procure son statut de professeur de science politique à l’UQAM.

Le regretté Thierry Hentsch, qui fut professeur au même département que Julien Bauer, voyait le rôle et la nature de l’intellectuel comme étant essentiellement critiques (de soi, de son rôle, de sa société, de la réalité), et c’est ce qui différencierait l’idéologue au service d’une cause (l’État d’Israël par exemple) du penseur en constante rupture avec lui-même et avec le monde (Hentsch, 1985). Ainsi, pour Thierry Hentsch, « Le propre de l’intellectuel est de s’interroger et d’en vivre. » (1985 : 141). Abandonner cette posture critique, c’est devenir « idéologue, technocrate ou épistémocrate » au service « du pouvoir » ou « d’un pouvoir établi » (Hentsch, 1985 : 142).

Julien Bauer, en mettant de côté tout esprit critique, et en se rangeant résolument du côté « d’un pouvoir » établi, l’État israélien, n’adopte pas l’attitude de l’intellectuel, mais celle de l’idéologue drapé dans sa rectitude morale qu’il prend pour acquise, laissant inévitablement le tort aux autres qui ne pensent pas comme lui et se voient ranger dans les catégories des imbéciles, des fascistes, des antisémites. D’ailleurs dans son inénarrable entrevue, il associe les intellectuels qui ont protesté contre les exactions de l’armée israélienne aux penseurs qui se sont ralliés au régime nazi dans les années 1930 et 1940. Au final, c’est dire que ces intellectuels critiques de la politique de l’État d’Israël sont du côté du pouvoir, et d’un pouvoir maléfique qui veut le mal pour le mal. Mais c’est oublier que dans cette histoire, l’État d’Israël est la puissance militaire régionale et qu’on ne peut comparer les assassinats systémiques du Mossad à de la vertu à l’œuvre, mais plutôt à de la virtù au sens que l’entendait Machiavel, c’est-à-dire la capacité de prendre et conserver le pouvoir.

Au final, l’approche de Julien Bauer ne nous avance guère. Pour avoir moi-même voyagé, travaillé et vécu en Israël pendant huit mois dans un kibboutz (Nir Dawid) en 1999, on comprend rapidement que cette posture moralement rigide est une des sources du problème. Les réponses des ouvriers palestiniens travaillant dans mon Kibboutz à mes questions concernant la nature du problème israélo-palestinien dirigeaient invariablement le tort du côté de l’État d’Israël et plaçaient la justice du côté palestinien. Tandis que les israéliens d’appartenance juive vivant à Nir Dawid défendaient le point du vue totalement opposé, du moins chez les plus âgés qui avaient vécu les guerres précédentes. Le plus jeunes, que je côtoyais au travail, étaient plutôt dégoûtés et fatigués de tout cela et doutaient de la justesse de leur cause pour laquelle ils devaient servir à plein temps dans l’armée trois ans, soit de 18 à 21 ans. Ils avaient été chauffeurs de blindé, artilleurs, démineurs, soldats d’infanterie, tireurs d’élite embusqués dans les buissons du Liban Sud à l’affût d’une cible mouvante du Hezbollah. Ces jeunes avaient voté pour Ehoud Barak et les travaillistes et espéraient beaucoup du plan de paix mis de l’avant par leur premier ministre.

L’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon en 2001, un criminel de guerre au regard du droit international, se déroula en pleine Intifada palestienne (qu’il avait lui-même contribué à déclencher) et signifiait la fermeture de la fenêtre d’opportunité pour la paix sous Ehoud Barak et l’instauration d’un climat d’obsession sécuritaire. La tentative précédente de mettre véritablement de l’avant un plan de paix s’est soldé en 1995 par l’assassinat public du premier ministre travailliste Yitzhak Rabin par un extrémiste juif. Du côté palestinien et du côté israélien, l’espace de manœuvre pour les compromis est faible, les pragmatiques et les modérés se voyant écrasé sous le poids des fanatiques et des sectaires israéliens et palestiniens. Julien Bauer, par son attitude sectaire et fanatique, nourrit donc le cul-de-sac politique actuel où les pragmatiques et les modérés (les seuls ouverts au dialogue et au compromis) sont considérés comme des traîtres par leurs propres compatriotes.

Ainsi, la seule solution viable à long terme d’un règlement pacifique est-elle évacuée du revers de la main par Julien Bauer et les tenants de la ligne dure, qu’ils soient palestiniens, juifs israéliens ou d’ailleurs, pour ne proposer comme solution que la disparition de l’autre ou sa reddition sans concession. On le conviendra, une telle attitude nourrit justement le conflit qu’elle vise à terminer. Cette dynamique sans fin d’une violence qui ne fait nourrir que davantage de violence et camper davantage les positions des extrémistes des deux côtés fut d’ailleurs brillamment illustrée par Stephen Spielberg dans son film « Munich » (2005) où des agents du Mossad sont lancés dans une campagne interminable d’assassinats politiques des responsables palestiniens de l’attentat envers des athlètes israéliens lors des jeux olympiques de Munich en 1972.

En plus de défendre une position politique dangereuse, car menant à un cul-de-sac, et d’occulter la complexité de la situation israélo-palestinienne par une approche manichéenne bien/mal, on peut se demander si Julien Bauer est doté de l’intégrité et de la rigueur intellectuelles nécessaires au bon accomplissement de ses fonctions de professeur au sein du département de science politique. L’idéal du savant défendu par Max Weber implique que le professeur soit apte à différencier l’étude du politique de la politique, donc que dans la salle de classe il outillera ses étudiant-e-s pour qu’ils et elles puissent analyser rigoureusement les différents phénomènes politiques, et il poussera ses étudiant-e-s à remettre en question leurs vérités reçues. Le néant intellectuel de l’entrevue de Julien Bauer, et la basse facilité avec laquelle il juge moralement ceux qui ne pensent pas comme lui (ce qui s’apparente à du terrorisme intellectuel : « ou vous êtes avec nous ou vous êtes avec les terroristes » comme disait George Bush), laissent présager un pauvre travail pédagogique auprès de ses étudiant-e-s.

David Sanschagrin, étudiant à la maîtrise en science politique


Bibliographie

Esther Benbassa, 2005, « Edgar Morin, juste d’Israel ? », Le Monde diplomatique, octobre.

Hentsch, Thierry. 1985. « L’intellectuel à l’usage ». Conjonctures et politique, n° 6, printemps.

Amnon Kapeliouk, 2009, « Israël, Palestine, que peut le droit international ? Le combat solitaire de “Haaretz » », Le Monde diplomatique, mars.

Max Weber, 2003, Le savant et le politique, Paris, La Découverte.


J'ai honte d'un prof du département (partie II)

PARTIE II - Où la réponse à des grossièretés haineuses est répondue par un manque de finesse (personnellement j'aurais trouvé que le message aurait été beaucoup plus clair et moins facilement instrumentalisable par la victimisation de Bauer si ça avait été écrit "Vive la Palestine libre!"... mais bon... Pis "Heil Israël" on comprend que c'est un rapprochement entre sionisme et nazisme, mais je trouve ça douteux pareil...), et où l'UQAM et le département de science politique cautionnent complètement les raccourcis intellectuels haineux et propagandistes de Bauer (En prime une déception! Le directeur du département ne sait plus ce qu'est du racisme!)





Bonjour,

Des propos haineux et racistes ont été inscrits sur la porte du professeur Julien Bauer dans la nuit de mardi à mercredi. Ces méfaits ont déjà été rapportés au Service de la sécurité et de la prévention de l’UQAM et une enquête est en cours. Les tentatives d’intimider et réduire au silence des membres de la communauté universitaire, quelle que soit leur position, sont inacceptables. Je tiens à souligner que le département de science politique ne saura tolérer en aucun moment ce genre de comportement.

Bien à vous,

Julián Durazo Herrmann
Directeur, département de science politique
Université du Québec à Montréal

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PROPOS HAINEUX, INTIMIDATION, VANDALISME: L'UQAM DÉNONCE DES ACTES INACCEPTABLES

Des personnes, incluant, malheureusement, des étudiantes et des étudiants, se sont livrées hier et aujourd’hui à des propos haineux, à des actions d’intimidation à l’égard du professeur Julien Bauer, et à des actes de vandalisme dans les murs de l’Université du Québec à Montréal.

Ce sont là, pour la Direction de l’UQAM, des comportements totalement inacceptables et la Direction les réprouve et les condamne sans appel.

Les propos haineux et l’intimidation d’une personne ne peuvent, d’aucune façon et en aucun cas, être cautionnés ni tolérés en milieu universitaire et sont absolument indignes de ce milieu.

Il en est de même du vandalisme et de la dégradation physique des lieux de l’Université. Faut-il le rappeler, il s’agit de biens publics appartenant à la population québécoise qui les a payés de ses taxes et impôts.

Les propos haineux, les gestes de menace et d’intimidation posés à l’endroit d’un membre du personnel et les dommages délibérés causés aux biens de l’Université conduiront la Direction à prendre les mesures appropriées, dans le cadre de sa juridiction, en vue de faire respecter les droits de chacune et de chacun.

La Direction

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Dans La Presse

J'ai honte d'un prof du département (partie I)

Je vous présente Julien Bauer, professeur au département de science politique de l'UQAM et spécialiste des relations entre politique et religion (ça fait peur). En peu de mots voici pourquoi j'ai honte/suis choquée: sioniste qui se sert de sa crédibilité de professeur d'université pour légitimer sa propagande haineuse et manichéenne. Voici la saga en quatre temps.

PARTIE I: L'entrevue à CHOI Radio X (20 novembre) - Ou comment Bauer quitte complètement le terrain de l'échange académique pour entrer de pied ferme dans un monde plein d'opinions haineuses et de raccourcis intellectuels malhonnêtes.

Animateur 1 : Pouvez-vous nous expliquer un petit peu là le problème présentement au Proche Orient entre Israël et la bande de Gaza ?

Julien Bauer :
Y a pas de problème entre Israël et la Bande de Gaza, il y a un problème avec Hamas. Hamas est une organisation qui a été créée il y a un peu plus de 20 ans, qui a une charte qui date de 1988, que j’ai relu hier. On a un peu l’impression de lire les textes nazis. C’est littéralement incroyable ! Alors, le but, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’est pas d’avoir un État palestinien, le seul et unique but, et ils le disent dans leur article 7, est de tuer, non pas seulement tous les Israéliens, ce qui ferait déjà beaucoup, tous les sionistes, mais tous les Juifs partout dans le monde. Ils le disent et l’écrivent avec citations du Coran bien sûr. Vous avez des gens, qui disent clairement, ils ne le cachent pas, que leur but c’est d’abord de tuer tous les Juifs. Ensuite, que tous les États arabes et musulmans du Proche-Orient forment un grand tout. Et finalement, d’avoir un Califat mondial. Autrement dit, un gouvernement mondial, c’est la folie furieuse, musulman, dans lequel, ou bien ceux qui ne sont pas musulmans se convertiront, ou seront traités traité en inférieur. Alors, avec des gens pareil, ça m’a l’air un peu difficile de discuter quoi que ce soit. Le résultat c’est que, ils le disent eux-mêmes, notre constitution c’est le Coran, notre maître c’est Allah et Mohamed le prophète, et notre plus ardent désir est de mourir comme martyr pour la cause.

Animateur 1 :
Ok. Parfait. Jusqu’à maintenant, je vous suis parfaitement M. Bauer, donc Le problème là-dedans c’est le Hamas. Pourquoi d’abord les gens qui manifestent ne manifestent pas contre Hamas et le sortir de la Bande de Gaza, si je comprends bien c’est eux qui contrôlent c’État-là ?

Julien Bauer :
Alors là, vous me posez une question un peu embarrassante, vous me demandez de dire qu’il y a au Québec des imbéciles, et la réponse c’est oui il y en a. Lorsque les gens de Québec solidaire viennent avec des trémolos dans la voix nous dire c’est épouvantable ce qui arrive, alors ce qui arrive bien sûr, on montre à la télévision, on montre les bombardements israéliens à Hamas qui tuent des gens, ce qui très vrai. Mais ce qu’on n’a pas montré c’est qu’en quatre jours il y a milles roquettes, missiles et fusées, qui sont parties de Hamas vers les villes israéliennes. Ah! Et ça, apparemment, ça n’a aucune importance. Alors soyons très très très clair, les gens qui ont manifesté hier, que se soit Québec solidaire, la CSN, quelques étudiants dont le niveau intellectuel n’est pas très élevé de Concordia, et hélas de mon université, l’UQAM, c’est gens-là, en plus de ne rien comprendre, sont à mon avis fondamentalement des racistes. Et j’accuse pas les gens de racisme facilement. D’une part, on peut tuer les Juifs, ça n’a aucune importance, ils s’en foutent. Donc, quand on tue des familles juives en Israël, c’est le cadet de leurs soucis. Deuxièmement, on peut tuer autant d’Arabes qu’ont veut, ça n’a aucune importance. Après tout, on a en tuer déjà 40 000 en Syrie, ils s’en foutent éperdument. Mais si jamais, on peut démontrer qu’un Arabe a été tué par un Juif d’Israël, alors là c’est une bonne victime, dans ce cas-là on en parle. Autrement dit, si je suis un terroriste de Hamas, je lance des fusées sur la population civile israélienne, et les Israéliens, ah! ah!, me répondent en me tirant dessus, mais qu’il y avait quelqu’un à côté de moi, moi je suis une victime, et les gens descendent dans la rue à Montréal en ma faveur.

Animateur 1 :
Mais, M. Bauer, là je vous écoute, pis c’est quand même grave de quoi vous accusez ces gens-là dans les rues hier. Je peux pas croire qu’ils sont aussi innocents que ça. Pas innocents dans le sens de innocents non-coupables.

Julien Bauer :
Ils ne sont pas innocents, ils savent très bien ce qu’ils font.

Animateur 1 :
Ils le savent vous pensez?

Julien Bauer :
Une minute. Amir Kadhir sait très bien ce qu’il fait, Françoise David sait très bien ce qu’elle fait. Ce ne sont pas des imbéciles ce sont des gens qui sont simplement, qui ont décidé de mettre leur intelligence au service du mal. Oubliez pas une chose, si on remonte dans l’histoire, il y a pas tellement longtemps, il y a plein d’intellectuels qui étaient en faveur de Hitler, de Staline, de Pol Pot, de tout plein de toutes sortes de gens qui avaient 10 millions de morts sur la conscience.

Animateur 1 :
Attendez expliquez nous un peu M. Bauer. Où ça?

Julien Bauer :
Bien. Où ça? Vous prenez les intellectuels français, anglais, britanniques, américains, etc., dans les années 1940, qui étaient en admiration devant Hitler, devant Staline. Ils l’ont écrit, ils l’ont dit, ils l’ont fait. Pourquoi? Parce que, alors c’est très gênant à dire pour moi parce que je suis professeur, les intellectuels ont souvent une tendance à se conduire comme des prostitués et à aller du côté du plus fort. Et aujourd’hui, le plus fort apparemment pour eux, c’est non pas l’Islam, mais l’islamisme triomphant, les fous furieux qui veulent un Califat mondial. Donc, mon vieux, c’est pas grave, on va aller avec eux, mais nous on est quand même des gens biens

Animateur 1 :
Ok. Mais M. Bauer, je vous arrête là-dessus, mais je veux juste savoir quelque chose ok, là je vous suis, pis c’est très clair, mais pourquoi d’abord on fait juste montrer les dégâts dans la Bande de Gaza. Là on nous montre des enfants morts depuis à peu près deux-trois jours, c’est dégueulasse. Pourquoi d’abord est-ce qu’on nous montre pas cet autre côté-là dans les médias? Quand le Hamas va envoyer des roquettes sur Israël, pourquoi ça on ne le voit pas, pourquoi on n’explique pas que le Hamas va souvent… Ça me fait penser un p’tit peu, le Hamas et le Hezbollah même chose ?

Julien Bauer :
Non, mais c’est assez proche comme…

Animateur 1 :
Parce des fois, parce que souvenez-vous avec le Hezbollah dans le temps du Liban, on utilisait des familles comme bouclier. On se mettait derrière, on pitchait des lances-roquettes, pis après ça quand on répliquait contre le Hezbollah, bien là on sortait dans les rues avec des enfants décédés. Oui, mais bien là, c’est parce qui pitchait des roquettes derrière caché dans la famille.

Julien Bauer :
Deux points. Le chef de Hamas aujourd’hui est dans un abri 5 étages en dessous de la surface de la terre et au-dessus il y a un hôpital. Autrement dit, on peut pas y toucher il y a un hôpital au-dessus. Ce sont des gens qui se cachent derrière les femmes et les enfants. Les points de départ des roquettes, c’est dans des mosquées, dans des écoles et dans des hôpitaux. Et, ils savent très bien ce qu’ils font. Ils sont prêts à tuer leur propre population. Dix pour cent des roquettes envoyés vers Israël n’y arrivent pas mais tombent sur Gaza. Aucune importance. Ils sont prêts à tuer leur propre population. Maintenant, pourquoi les journalistes se conduisent de cette façon-là? Il y a plusieurs raisons mais une qui est essentielle. Les journalistes au Proche-Orient on une peur panique des organisations arabes. Pourquoi? Parce qu’ils ont peur de se faire descendre. Ils savent qu’ils peuvent dire n’importe quoi contre Israël, ils ne risquent rien du côté israélien. Autrement dit, ils se mettent du côté qui est le plus facile, le moins dangereux. Et en plus de cela, il est vrai que c’est plus facile de prendre des photos ou des images à Gaza qui est beaucoup plus petit que les villes qu’ont été ciblés par Hamas, parce qu’il y en a beaucoup plus et sur un rayon beaucoup plus grand. Et comme les Israéliens ont un système anti-missiles qui marche relativement bien, il y a relativement moins de dégâts. Par conséquent, une maison démolie à Gaza, ça fait le tour du monde, une maison démolie à Kyriat Malakhi en Israël, on n’en parle pas.

Animateur 1 :
Mais M. Bauer comment on peut régler le problème? D’abord dites nous comment ça peut dégénérer parce que dans le contexte où a exhumé le corps de Yasser Arafat qui aurait été potentiellement empoisonné au polonium. Si on le démontre ça dans la prochaine semaine je crois, d’ici dix jours on devrait avoir les résultats. Qu’est-ce qui peut arriver dans cette région du monde-là, est-ce que ça peut dégénérer?

Julien Bauer :
Bon alors d'abord que l'histoire d'Arafat à mon avis ça tient pas debout parce que cette histoire d'empoisonnement est peu vraisemblable et en plus de ça, apparemment, même s'il a été empoisonné c'est un poison qui ne laisse pas de trace après quelques années. Donc on ne pourra rien prouver, on va sans doute dire que on ne peut pas le prouver mais que ça aurait pu arriver, autrement dit, ça n'a aucun sens. Maintenant qu'est-ce qui va arriver, la réponse est : lorsqu'on a affaire à des fanatiques, encore une fois leur but c'est une dictature mondiale, ils ne le cachent pas, ils le disent, il faudrait peut-être écouter ce qu'ils disent. Ils estiment *** qu'il faut tuer tous les juifs, c'est clair, ce sont des appels au ***. Le minimum c'est qu'ils ne puissent plus envoyer de roquettes, et de missiles et de fusées, de tout ce que vous voulez, sur la tête de leurs voisins. Tant qu'ils ont les moyens et la volonté de le faire, c'est le devoir des israéliens non seulement de défendre leur population, aucun État ne peut laisser sa population se faire attaquer comme ça, mais de défendre un minimum de civilité dans le monde parce que si on laisse le voisin impunément vous envoyer des roquettes sur la figure, ça commence en Israël, ça arrêtera où? À Québec?

Animateur 1 :
Ouais mais monsieur Bauer je suis en train de regarder, voyez on me dit que, je regarde un peu là, y a un site libanais affilié au Hezbollah qui est en train de dire que le Hezbollah et l'Iran sont ouverts à faire un pont pour fournir le Hamas en missiles. Ça finira pas tout de suite cette affaire là?

Julien Bauer :
Ben écoutez, si on peut tirer mille missiles en quatre jours, ça prouve qu'ils en ont des dizaines de milliers.

Animateur 1 :
Ouain c'est ça mais pensez-vous qu'on va pouvoir s'asseoir à moment donné et discuter? Non?

Julien Bauer :
Comment voulez-vous discuter avec des gens qui disent : « mon seul et unique objectif c'est de vous tuer »?

Animateur 1 :
Non, je comprends très bien. Ben c'est sûr. Donc tout ce qui reste, c'est que ça va dégénérer.

Julien Bauer :
Le mieux qui puisse arriver c'est que Hamas soit battu et dise ben pendant quelques années on va attendre avant de recommencer à essayer de tuer nos voisins, parce que ça fait mal. Mais sinon, hélas, une solution pacifique avec des gens violents qui disent « la mort est bonne *** » ils le disent, ils le disent, c'est ça qui est incroyable. Mourir est une bonne chose si on tue tous les ennemis, et les ennemis c'est quasiment tout le reste du monde.
Animateur 1 :
Faque finalement on va continuer à voir des images comme ça qui vont continuer à défiler dans la télévision, les journaux...

Julien Bauer :
Oui et on va continuer à voir, si on prend ça par le petit bout de la lorgnette, on va continuer à voir ce qu'on appelait les... les idiots de service. C'est ce que les communistes appelaient les gens qui savaient très bien que Staline était une crapule mais qui défilaient quand même dans les rues en faveur de Staline parce qu'ils croyaient que c'était bon pour le progressisme, pour la libération des peuples, etc. Vous continuerez à voir des gens au Québec, sachant très bien ce qui arrive, comprenant parfaitement ce qui arrive, qui continueront à manifester en faveur de ce qu'il faut bien appeler un fascisme islamiste.

Animateur 1 :
Monsieur Bauer, merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous parler ce matin.

Julien Bauer :
C'est moi qui vous remercie.

Animateur 1 :
Merci, bonne journée. Monsieur Julien Bauer, de l'UQAM, département de science politique de la Faculté de science politique et de droit. Doctorat en science politique qui, euh, qui a fait beaucoup de publications, qui que ça fait changement parce que c'est totalement le discours inverse de ce qu'on entend présentement dans les médias là!

Animateur 2 :
Exactement, qui inverse le discours, parce que les gens taxent justement les américains et Israël de fascisme. Lui il dit non, les vrais fascistes ce sont les Palestiniens avec le Hamas. Ben là il utilise quand même des parallèles avec Hitler, Staline, les gens qui supportaient, il y va pas avec le dos la cuillère.

Animateur 1 :
Non, je trouve qu'on est allés loin, même, je veux dire, IL est allé loin ce matin là-dedans là!

Animateur 2 :
Peut-être frustré de voir que y a des gens qui manifestent juste d'un côté.

mercredi 21 novembre 2012

"Alerta! Alerta! Antifascista! (///) Manifestation Antifascista"

Communiqué de l'Anti-Raciste Action:

Alerta, alerta; antifascista!!!!
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Comme l'année dernière les fachos retentent le coup avec leur "marche contre la dénationalisation".
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Like last year, the fascist are doing it again with the 'marche contre la dénationalisation'


L'année dernière la manif avait été attaquée par les antifas:
Antifas attacked last years demo:

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Cette année, les fachos se sauvent de Montréal!
Nous appelons tout de même une contre-manif ce samedi, le 24 novembre 2012 à 13 heures au Parc Émilie Gamelin. Contre toutes les formes de fascisme; quelles soient étatiques, économique, autoritaires, patriarcales ou culturelles! Par tous les moyens nécessaires!

This year, the fascists are fleeing Montreal!
We're still calling a counter-demo this saturday, november 24th 2012 at 1pm in parc Émilie Gamelin.
Against all forms of fascism; the state's, it's economics, it's authoritarian and patriarcal values and it's racist cultures! By any means necessary!


Pour en savoir plus sur la manifestation néo-nazie:

mercredi 14 novembre 2012

"Nous ne sommes pas toutes Martine Desjardins"

via Je suis féministe

L’hommage décerné par Relais-femmes à Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, (FEUQ) doit ête remis en contexte[1]. Connaissez-vous vraiment la FEUQ? Savez-vous que ce sont les militant-es des associations étudiantes locales qui, depuis le dépôt du budget Bachand en mars 2010, ont préparé avec acharnement la campagne de grève massive contre la hausse des frais de scolarité, ont permis aux votes de grève générale en assemblée générale de se bousculer à l’hiver 2012? Et que ce n’est qu’alors que la FEUQ s’est vue contrainte de changer sa veste de bord et d’appeler elle aussi à la grève?

Martine ne représente pas les féministes étudiantes. Elle représente la FEUQ, organisation aux positions et décisions souvent critiquées, contre laquelle des groupes d’étudiant-es ont lutté. Pourquoi n’avez-vous pas choisi plutôt de rendre hommage aux femmes ou féministes qui ont fait un travail de terrain ardu pendant cette grève (fonds de solidarité post-grève, parents étudiants grévistes, militantes des comités de mobilisation et des comités femmes, etc.)? Les remercier en leur substituant des figures féminines médiatisées pendant la grève n’est pas suffisant. Votre choix d’individualiser cette lutte collective en honorant une seule figure politique étudiante camoufle la spécificité des revendications, actions, débats et modes d’organisation des féministes en milieu étudiant, développés bien avant la grève et qui sont ignorés par le mouvement et par les média[2].

Vous contribuez ainsi à invisibiliser le travail militant féministe. Le billet de Relais-femmes au sujet de Martine Desjardins insinue que les militantes dans la rue, dans leurs assemblées générales et dans leur comité de mobilisations voulaient faciliter sa présence dans l’espace public comme défenseure des étudiantes. Ceci est faux. Au contraire, nombreuses étaient les militantes qui s’organisaient contre cette perspective de représentation politique véhiculée par la FEUQ, y substituant des principes de démocratie directe. Pourquoi les femmes et les féministes du mouvement étudiant voudraient-elles déléguer leur pouvoir de décision et d’action à une représentante de la FEUQ au sein de laquelle les espaces féministes sont absents, réprimés, voire ridiculisés?[3]

La FEUQ se dit soucieuse de la condition des mères monoparentales, du salaire différencié des femmes et de la pension alimentaire dans les calculs de l’Aide financière aux études. Mais ces prises de position se sont faites sans participation, contribution critique ni présence de militantes femmes et féministes organisées. Voilà le cœur du problème. Si Martine Desjardins veut défendre au nom de la FEUQ la situation précaire des femmes au Sommet sur l’éducation supérieure, à quelles base démocratique répondra-t-elle? Plusieurs féministes étudiantes sont contre la présence d’organisations nationales étudiantes à ce sommet bidon qui vise à consulter des représentant-es divers-es sur des questions déjà enlignées aux plans de restructurations économiques gouvernementaux. Mais peu importe, la FEUQ y participera et n’entamera pas de débat réel avec ses membres sur la question : la présence de la fédération comme acteur crédible auprès du gouvernement péquiste coule de source.

N’allez pas croire que ces critiques concernent la personnalité de la présidence de la FEUQ; c’est une question de structures et de culture organisationnelle. Le sourire et les traits de caractère de Martine Desjardins n’y changent rien. Ce n’est pas sur ces bases que l’on devrait juger de son apport à la lutte, mais plutôt sur l’organisation qu’elle soutient : ses membres actuels, son histoire, le rapport des associations étudiantes membres actuels face à leur histoire, la vision des perspectives de luttes étudiantes, etc. On ne peut pas retirer les individus d’un large processus historique. La FEUQ est depuis sa création une organisation concertationniste qui nuit au mouvement étudiant combatif. Martine est-elle prête à sortir publiquement pour se dissocier des actes commis par le passé qui ont causé du tort au mouvement étudiant et par ricochet au mouvement autonome des femmes? En effet, ce genre de lobby étudiant aux pratiques démocratiques maintes fois contestées (voir les différents dossiers sur le putsch à l’AÉTELUQ, les pratiques d’affiliation-désaffiliation, la quasi-absence de démocratie directe, etc.)[4] ne peut être considéré comme un acteur ayant combattu pour l’amélioration des conditions de vie des femmes. Au contraire, au sein de la fédération et des associations étudiantes membres de celle-ci, on ne retrouve aucun mécanisme formel encourageant l’organisation sur une base féministe qui permettrait aux étudiantes de gérer elles-mêmes leurs affaires. Contrairement à la FEUQ, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et des associations étudiantes locales ont développé au cours de leur histoire plusieurs revendications, positions, modes d’action et mesures féministes que des militantes s’acharnent à faire appliquer, non sans embûches.

D’ailleurs, plusieurs de ces femmes ont été confrontées personnellement à la répression politique, administrative et policière pour avoir osé rendre cette grève combative et démocratique. Et l’attitude des fédérations étudiantes à l’égard des actions de perturbations n’y est pas étrangère.[5] Lors des négociations avec le gouvernement au printemps dernier, les organisations nationales étudiantes ont joué la game en essayant à tout prix d’être reconnues comme interlocutrices crédibles et raisonnables auprès du gouvernement. Et pour y parvenir, il fallait dénoncer la supposée violence des grévistes comme l’a ouvertement expliqué Pier-André Bouchard St-Amant, ancien président de la FEUQ, dans une lettre Devoir adressée aux délégué-es du congrès de la CLASSE, Dénoncez la violence, venez négocier![6] Pour les femmes-féministes qui se sont activées tout au long de la grève, il s’agit hors de tout doute d’une attaque politique en règle. La dénonciation et la stigmatisation font partie intégrante du processus de répression, car elles apportent une caution à celle-ci. Comme l’ont écrit mes collègues du comité femmes GGI-UQAM, « il n’est en aucun cas pacifique de demeurer passifs ou passives face à la répression de cet État paternaliste »[7]. Il s’agit d’une des contradictions majeures auxquelles se heurtent les fédérations étudiantes : faire semblant de lutter contre l’État tout en prenant soin de ne pas briser une base de bonne entente équivaut à abandonner la lutte.

Et le résultat de ce jeu cruel, ce sont les femmes mêmes avec qui Martine partage son hommage qui en paient la note encore aujourd’hui. Plusieurs en auront pour des mois, certaines pour des années à soutenir la violence des conditions de libération qui leur sont imposées (couvre-feu, périmètre, interdiction d’être en présence de proches, etc.) ou à s’épuiser devant le long processus de contestation de contraventions injustifiées. Pourquoi ne pas plutôt rendre franchement hommage à ces femmes-là? N’est-ce pas assez prestigieux que d’avoir affronté la police matins et soirs pour améliorer leurs conditions d’existence ou d’avoir confronté leurs collègues de classe aux portes de l’école pour défendre le droit de grève? Ne sont-elles pas d’assez bons modèles féministes pour qu’on souligne sans équivoque le caractère exceptionnel de leur contribution au mouvement? Et pourquoi ne pas appuyer ouvertement du même coup la revendication étudiante du retrait des charges criminelles, pénales et institutionnelles liées au conflit étudiant ? Martine s’est d’ailleurs prononcé le 13 novembre 2012 contre l’abandon des poursuites judiciaires, se désolidarisant du même coup avec ses collègues étudiant-es.[8]

Bref, peut importe que Martine soit plus ou moins féministe et qu’elle soit sensible aux conditions d’existence des femmes étudiantes, la grève est le fruit d’un effort collectif. Mettre en valeur les efforts personnels de réalisation de soi d’une «leader» étudiante laisse de côté l’action collective de libération des femmes en prenant peu en compte le fondement économique et politique au sens large, de leurs oppressions spécifiques.

Camille Tremblay-Fournier



[1] http://www.relais-femmes.qc.ca/nouvelle/hommage-a-martine-desjardins

[2] Voir la Gazette des femmes sur cette question d’invisibilisation des militantes féministes étudiantes dans le cadre d’une grève : http://www.gazettedesfemmes.ca/4781/etudiantes-melez-vous-de-vos-affaires-mais-melez-vous-en/

[3] L’hommage de Relais-femmes n’est pas sans rappeler l’article de la Vie en Rose suite à la grève étudiante de 2005. L’ancienne présidente de la FECQ et secrétaire générale de la FAÉCUM, Julie Bouchard, signataire du manifeste de Lucien Bouchard pour une hausse sauvage des frais de scolarité, avait été nominée « grande femme de 2005 ».

[4] https://stopfecqfeuq.wordpress.com/desaffiliations/

[5] http://voir.ca/marc-andre-cyr/2012/03/07/greve-etudiante-la-tragedie-la-farce-et-la-feuq/

[6] http://www.ledevoir.com/societe/education/347784/greve-etudiante-denoncez-la-violence-venez-negocier

[7] Extrait tiré d’un zine Qui nous protège de la violence de l’État?, distribué dans le cadre d’une manifestation étudiante ce printemps.

[8] « L’amnistie pour les gens qui étaient dans des manifestations pacifiques, oui. Pour les autres, ben malheureusement, ils ont pris la décision de faire des actes de violence, de faire des actes passibles de poursuites criminelles, alors ils devront faire face à la musique », indique la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, voir l’article complet http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/11/13/001-conflit-etudiant-demande-enquete-publique-operations-policieres.shtml

vendredi 9 novembre 2012

Je connais des agresseurs sexuels (vous aussi probablement)

Je suis un peu frappée par la quantité d'agresseurs sexuels que je me rends compte que je connais personnellement. Avec qui j'ai jasé, avec qui j'ai ri, à qui j'ai donné ma confiance, que j'ai même embrassé, et avec qui j'ai même eu des relations sexuelles entièrement consentantes. On sait qu'une agression sexuelle c'est banal; les chiffres et nos amies victimes nous le disent, mais là ça me frappe. Pis ça frappe fort.

Je suis un peu dépassée...

On revient un peu derrière:

Au cas où vous ne le sauriez pas, le sujet d'actualité d'un certain milieu montréalais est les agressions sexuelles. Quelques bombes ont éclaté par-ci par-là et des vernis craquent. J'ai eu le déplaisir d'entendre certaines choses complètement ahurissantes comme “faudrait pas que l'agresseur soit stigmatisé pour toujours” ou “ben tsé < entrez ici le nom de l'agresseur > souffre aussi!”, mais en général cette résistance est minime comparée à l'onde de choc qui refuse de banaliser les agressions ou de victimiser les agresseurs (oui oui, au pluriel). Je suis fascinée de constater cette solidarité, et cette manière collective de gérer les situations. Je suis touchée par les réflexions de certains hommes qui ont pris la peine de rappeler leurs ex fréquentations/blondes pour s'excuser de trucs qu'à l'époque ils n'avaient même pas remarqué qu'ils avaient fait de mal. Mais je suis surtout touchée par ce mur bien étanche créé par mes camarades féministes, y compris moi, qui disons bien haut et fort que c'est inacceptable. Tout ça est excellent pour la discussion et la réflexion, mais aussi pour notre mémoire étant donné que ce genre de situation va se reproduire un jour et que nous devons avoir une mémoire de ce que nous avons fait collectivement pour attaquer le problème, mais aussi pour faire de sorte que les victimes se sentent respectées par nos moyens d'action et de réflexion.


Par contre beaucoup de questions restent...

Je m'interroge beaucoup sur le pouvoir des victimes. En effet, un des seuls pouvoirs qu'il leur reste c'est de dénoncer. Mais si ces situations sont gérées collectivement où est la ligne qui délimite ce qui appartient à la communauté, et ce qui appartient à la victime? Si nous ébruitons les noms des agresseurs dans un souci de sécurité et de ne pas les protéger, n'est-ce pas enlever un peu de pouvoir aux victimes? Je pense spécialement à une victime qui veut elle-même dénoncer publiquement son agresseur une fois qu'elle sera prête. Ne sommes-nous pas en train de lui enlever un peu de ce pouvoir, même si nous ajoutons toujours cette spécification à chaque fois que nous disons le nom de cet agresseur?

Je m'interroge aussi sur l'isolement des agresseurs et leur « réadaptation ». Évidement c'est venu très naturellement pour la majorité des gens de les pousser de leur cercles, voire de les mettre à la porte de leur appartement, mais pour nous tous et toutes qui avons une vision non essentialiste du crime il y a lieu de se poser des questions... Comment est-ce qu'ils peuvent « se soigner »? Pourquoi on en parle comme s'ils avaient une maladie? Comment est-ce qu'on juge qu'ils sont «redevenus corrects»? Pourquoi est-ce qu'on devrait penser à ça? Jusqu'à quel point c'est leur problème individuel à eux seulement?

...

Pendant ce temps, dans un autre cercle, les choses se passent différemment...

Après un viol très brutal, pour lequel l'agresseur sera traduit en justice, celui-ci est revenu tout sourire dans son lieu de travail; le bar dans lequel il consomme beaucoup trop (d'ailleurs il ne se rappelle pas du viol qui a mené sa victime à l'hôpital... comme c'est pratique) et dans lequel il rencontre beaucoup de femmes. La justice bourgeoise a décrété que même poursuivi, il devait bien gagner sa croûte, et comme il travaille dans le bar, cette raison pesait plus lourd que le fait qu'il ait trouvé sa victime dans ledit bar.

Inutile de dire que sa victime fuit le bar depuis ce temps, et probablement même tout le quartier...

Dans cette situation, contrairement à l'autre, rien n'est géré collectivement. Tout le monde le sait, mais personne n'est supposé le savoir alors tout le monde fait semblant qu'illes ne savent rien. La majorité des gens (clientEs/collègues) qui le savent veulent qu'il s'en aille, qu'il change de job... Mais ce n'est pas si simple, il est aussi propriétaire... Évidement il a ses supporters chériEs qui disent des âneries vraiment violentes comme « ben y s'en rappelle pas, ça compte pas! » ou « moi c'est mon ami pis je l'aime faique je vais passer par-dessus », mais ce qui se remarque généralement c'est plutôt un dégoût. Ses partenaires veulent lui racheter ses parts et il n'est pas réfractaire. Il va probablement finir par quitter, mais en attendant il est quand même là. Il est là, tout sourire à servir des shooters à des clientes pendant qu'une partie du staff et de la clientèle fronce le nez de dégoût en le regardant. On m'a demandé de ne pas dénoncer publiquement, de ne pas ébruiter la nouvelle en dehors de ce cercle très fermé. Ce que j'ai plus ou moins fait, même si je ne comprenais plus vraiment ce que je faisais quand j'essayais de calmer mes amies féministes (qui ne viennent pas de ce milieu) qui voulaient poser des actions pour le dénoncer. Je comprends ce qu'on me dit quand on m'explique qu'attirer l'attention négativement sur le bar risque de faire baisser la clientèle, donc de poser une difficulté aux gens qui travaillent là et que j'aime (et même si je ne les aime pas...), mais je ne comprends pas pourquoi protéger l'identité d'un violeur est plus payant que de le dénoncer haut et fort. Est-ce que je suis la seule qui serait contente de voir le bar où je me tiens faire une dénonciation d'un membre de son propre staff? Je ne peux pas y croire...

Autant la première situation me fait sentir la force de notre colère et de notre déception collective, autant cette situation-ci me fait sentir complètement isolée dans mon impuissance et ma colère.

...

Avec tout ça, est-ce que je vous avais déjà parlé de mon ex et de son amie qui s'est fait agresser par un de leurs amis communs il y a de cela des années? Et bien il n'a jamais voulu prendre position et jusqu'à maintenant, bien qu'elle lui ait signifié à plusieurs reprises qu'elle ne voulait plus être invitée dans les mêmes évènements que lui, il invite toujours les deux, lui laissant à elle le « choix » de venir ou non. Devinez ce qu'elle «choisi» tout le temps? Bingo, de ne pas voir son agresseur. Par son choix tellement facile de « ne pas s'en mêler », il contribue à chacune de ses invitations à rappeler à son amie que son expérience n'est pas valide pour lui, et que dans sa définition d'amitié n'entre pas le concept de safe space.

...

J'ai la tête qui va exploser à force de penser à tout ça pis de ne pas savoir quoi faire ...pis ça me fait broyer du noir...

(...pis écouter en loop Scotland's Shame de Mogwai ne m'aide définitivement en rien ...)

samedi 3 novembre 2012

"Groupes non-mixtes: quelles actions contre le masculinisme et le patriarcat?"

7 novembre 2012 19:00
UQAM: A-3685

En compagnie de nos invitées, Stéphanie Mayer et Mélissa Blais, nous analyserons le discours, les actions et les personnalités du masculinisme au Québec. Nous discuterons également des possibilités et de la spécificité des actions des groupes féministes non-mixtes.

Au menu, une présentation des principaux axes de discours des masculinistes, accompagnée de quelques points historiques. Ensuite, nous laisserons place à la discussion : comment reconnaître les discours masculinistes dans nos milieux? Comment créer des alliances avec des camarades militants qui désirent nous appuyer dans cette lutte? Quelles actions contre la place des masculinistes dans les médias de masse?

Des rafraîchissements seront aussi servis.

À mercredi!
Le comité femme de l'UCL et ses alliées