(...)les mesures qui permettraient de faire drastiquement reculer la prostitution, à savoir : le droit au logement, le droit à un revenu pour toutes et tous (ne serait-ce que l’accès au RMI pour les moins de 25 ans) et la liberté de circulation des migrants (qui, forcés à la clandestinité, sont une proie idéale pour les proxénètes). Une fois pour toutes : il ne peut y avoir de politique d’abolition du système prostitutionnel sans éradication de la précarité économique et sociale. C’est en cela que l’abolitionnisme et l’anticapitalisme sont liés et, de ce point de vue, la Suède n’est bien sûr pas une panacée, les budgets sociaux y étant en régression constante. Néanmoins, on aurait tort d’ignorer cette expérience, pour les enseignements qu’elle apporte.
Le « modèle suédois », qu’est-ce ? C’est tout un dispositif de lutte contre les violences machistes institué en 1999 par la loi Kvinnofrid (« La paix des femmes »). Il repose sur une éducation antisexiste plus avancée qu’ailleurs, des centres d’accueil et des campagnes de sensibilisation. Sur le plan de la prostitution, il dépénalise les prostituées et pénalise les prostitueurs – proxénètes et « clients ».
Douze ans plus tard, quel est le résultat ? Les statistiques établies par Stockholm en 2004 sont à prendre avec des pincettes.(...)
Au bout du compte, et malgré ses limites nécessaires dans un environnement capitaliste, on est donc loin d’un « échec » du modèle suédois. Surtout si on le met en regard du désastre dans les pays où la prostitution est légalisée : explosion des réseaux d’esclavage sexuel, développement des bordels, tranquillité des proxénètes qui peuvent exploiter sans lien de subordination apparent grâce au statut de profession libérale étendu aux prostituées… mais aussi désinhibition des hommes par rapport à la consommation des femmes. Ainsi, alors qu’on estime qu’en France, 12% des hommes ont été clients au moins une fois dans leur vie, le site Donjuan.ch estime que 20% des Suisses le sont au moins une fois par an. Quel progrès de civilisation !
Guillaume Davranche (AL 93)
2 commentaires:
Le projet de loi prévoit des mesures éducatives en direction de la population et sociales en direction des prostituées. Mais qu'il soit confié à l'exécutif actuel me fait peur avec toutes les régressions sociales dont on le sait porteur. Je crois bien que c'est la seule chose qui m'inquiète dans l'histoire parce que pour tout le reste je suis comme vous favorable à ce projet.
Merci pour ce billet !
Et moi je n'y suis pas favorable. Il est facile d'être favorable à un projet de loi répressif et liberticide quand il ne nous concerne pas. Merci de ne pas penser pour les prostituées et leur client qui sont des adultes comme vous.
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