mercredi 19 décembre 2012

Parce que l'UQAM nous hait EDIT: ALLEZ CHERCHER VOS CHOSES DANS LA ZONE

Dans la grande série “L'UQAM nous hait et veut qu'on brule », le dernier épisode consiste à nous enfermer à l'intérieur du quadrilatère des assos dans le 2e étage du A. Le but est de nous enfermer ou de contrôler l'entrée à ce secteur politiquement et socialement très actif? L'un ne va pas sans l'autre malheureusement. On parle en fait de contrôle d'espace pour des buts “sécuritaires”. Comme d'habitude on peut se demander, la sécurité de qui, de quoi?

(Come on! Les portes qui vont maintenant séparer tous les gens de cet endroit fourmillant des grosses portes/sorties de secours, ça va être des tites portes simples!!! Et qu'est-ce qui se passe sur l'heure du midi? On fait des files? Et que font les handicapé-es? Et en cas de feu? BRA-VO pour votre obsession de la “sécurité”! Vous êtes complètement ridicules et dangereu-ses!)

Le contrôle les contrôle, l'UQAM est complètement obsédée par le contrôle, la sécurité, et la surveillance. Maintenant, pour avoir accès aux assos et au Café Aquin quand illes vont décider de contrôler les portes (des les barrer) il va falloir passer par un chemin choisi par l'UQAM. Illes ne veulent pas nous empêcher d'y aller. Juste rendre ça plus difficile et nous faire passer par des endroits où la surveillance est mieux organisée

Je dis “l'UQAM” ou “illes”, mais c'est l'administration de l'UQAM qui peut prendre ce genre de décisions. Et comme c'est un projet de moins de 100 000$, le CA de l'UQAM n'a pas eu à en être avisé, ni un appel d'offres n'a dû être fait. C'est une décision de l'administration.

Demain en revenant à l'UQAM, il y aura 4 portes de plus pour contrôler nos allées et venues dans un espace que nous avons pourtant passé beaucoup de temps à nous approprier. Où nous nous sentons totalement à l'aise et où nous échangeons énormément d'idées. Les 4 portes seront les suivantes:
1. À côté de l'AEMH
2. Au bout du corridor à côté de Union Libre
3. À côté des escaliers roulants menant au troisième (à côté du bureau de l'entretien)
4. À côté de l'espace où y a des chaises et des tables dans le corridor menant au département de sciences juridiques (à gauche des ascenseurs)








C'est de la provoc? De la naïveté? Une mauvaise compréhension des dynamiques entre l'UQAM et les gens qui occupent cet espace? L'UQAM veut attendre qu'on fasse un 5 à 7 au Café Aquin, va fermer les portes, laisser monter l'eau, et nous noyer pendant que les gens vont quand même pouvoir utiliser l'ascenseur? Pas de farces ça va beaucoup trop loin ce genre d'initiatives prises avec la «sécurité» comme excuse, quand c'est une question de contrôle sur des éléments jugés perturbateurs par notre belle administration toute puissante qui ne lâche un peu de son pouvoir que pour mieux le donner aux main du Service de prévention et sécurité de l’UQAM (SPS) (Uqamien-nes on se rappelle qu'il y a quelques jours illes voulaient nous passer à la va-vite un nouveau règlement donnant plus de pouvoir au SPS pour contrôler les étudiant-es de l'université... D'ailleurs c'est encore un dossier à surveiller, ça doit revenir en CA en janvier) .

Et maintenant? On réagit comment?

Edit: UQAMIEN-NE-S, FAITES CIRCULER: La zone du Pavillon Aquin autour du Café contenue entre des murs depuis tantôt sera inaccessible à partir de demain le 20 décembre à 17h, et ce au moins jusqu'au 3 janvier. Prenez vos choses qui traînent demain parce que vendredi ce sera pas possible. Je suis pas certain mais il se pourrait que le Café aussi soit inaccessible.

Ça ne fait que quelques heures que j'ai écrit ce billet, mais déjà tout change... J'ai vraiment l'impression que ce sont des murs temporaire qui vont leur servir à faire quelque chsoe à l'intérieur pendant qu'on ne verra rien. Reconstruction? Fouille en règle? Vidage des lieux? Ça sent mauvais... Allez chercher vos affaires...

Et j'en profite pour diffuser cet évènement:  https://www.facebook.com/events/420412761361871/

samedi 15 décembre 2012

"Nous sommes à vomir"


Nous sommes à vomir from Pierre Luc Junet on Vimeo.

Faut vraiment que je trouve la critique pertinente parce pour être franche le style m'écrase de toute sa lourdeur... C'est dommage ça rend ça platte platte... Mais pire, des fois je trouvais que la forme prennait le dessus et ça empêchait de faire des liens ou de pousser la réflexion plus loin.

Mais bon, c'est plein de pistes de réflexion intéressantes qui méritent qu'on y mette un peu de temps en soi. Entre autres, il y a quelque chose de vraiment intéressant à réflechir sur le rapport entre le nationalisme et la symbolique unitaire du mouvement de grève.

vendredi 7 décembre 2012

"Les Territoires occupés palestiniens entre gestion martiale et gestion carcérale"

Vincent Romani
Professeur de science politique,
Université du Québec à Montréal

(Refusé de publication par Le Devoir, au 23 novembre 2012)
Les Territoires occupés palestiniens entre gestion martiale et gestion carcérale

La mise en scène médiatique et diplomatique des récents évènements dans la bande de Gaza occulte une réalité que la majorité des acteurs politiques, palestiniens comme israéliens, entendent nier : l’occupation illégale des Territoires palestiniens par l’armée israélienne depuis 45 années, avec son cortège sans fin d’oppression et de spoliation fondées sur une discrimination ethno-religieuse d’État.

Tantôt assassinés ou emprisonnés, tantôt cooptés ou tolérés en fonction de leur docilité, les dirigeants palestiniens, toujours à portée de balle ou de missile israélien, ne sont pas des pairs diplomatiques ni des « partenaires » autonomes : à l’instar de leur société, ils sont prisonniers dans un système coercitif implacable. Repoussés puis maintenus à distance démographique et démocratique d’Israël, ces habitants non juifs, rendus étrangers et indésirables sur les terres de leurs parents, subissent chaque seconde de chaque journée la violence de l’occupation israélienne.

Cette violence permanente est diffuse, peu médiatisée car peu spectaculaire : rareté de l’eau pour les maisons et pour les cultures (mais profuse pour les 500 000 colons juifs israéliens) ; rareté des terres arables car les meilleures sont soit spoliées par les colonies en Cisjordanie, soit incultivables à Gaza en raison du blocus, de la pollution des eaux, de l’interdiction de facto mise en place par l’armée israélienne ; difficulté à réaliser les maigres récoltes car les colons armés et protégés par l’armée agressent régulièrement les paysans cisjordaniens sur les terres qui leurs restent, incendiant des oliviers centenaires ; électricité chère et rare pour les familles, les hôpitaux et les administrations ; interdiction générale de déménager d’une enclave vers une autre enclave ; entrave permanente à la liberté de se déplacer où d’étudier dans l’université de son choix, dans le pays de son choix ; humiliation et terreur permanente de l’arbitraire des soldats, de l’invasion nocturne de domicile, des coups , des arrestations et contrôles sans fin, des bombardements, de la disparition du père ou du frère pour « raisons de sécurité », c’est-à-dire pour sécuriser l’occupation et les colons. Le résultat de cet écrasement massif, pendant plusieurs décennies, d’une des sociétés auparavant les plus développée du Proche-Orient est stupéfiant : malnutrition et problèmes majeurs de santé publique ; sous-développement économique et institutionnel ; système de rente humanitaire ; dysfonctionnements sociaux et politiques multiples.

Le traitement des Palestiniens est militarisé de plusieurs manières : par les milices locales acceptées par Israël pour sous-traiter la violence de l’occupation ; par l’armée israélienne plus directement aux lieux et moments jugés plus importants ; dans les discours également, ce qui finit par occulter les réalités sociales, historiques, politiques décrites ici. Par exemple, les communiquants militaires israéliens expliquent le meurtre « inévitable » de non-combattants et enfants palestiniens par la densité démographique de la bande de Gaza, la plus élevée au monde. Mais cette manière technique et militaire de poser le problème permet d’oublier des faits politiques élémentaires : si les Palestiniens sont si nombreux dans cette bande de terre, c’est que 70% d’entre eux sont des réfugiés ou descendants de réfugiés, expulsés lors des guerres de 1948, enfermés depuis par Israël et ses alliés égyptiens et états-uniens dans des camps insalubres, au mépris du droit international prescrivant leur retour ou leur compensation.

De même, la militarisation du vocabulaire permet de considérer toute institution plus ou moins gouvernementale à Gaza comme « appartenant » au Hamas ; les bureaux du premier ministre, élu démocratiquement en 2006, sont ainsi renommés en « quartier général » pour justifier leurbombardement. Aussi les combattants palestiniens seraient coupables de lâcheté militaire en se « cachant derrière les civils » dont nous venons d’expliquer les raisons de la densité ; bombarder une population du haut d’un bureau, d’un ordinateur ou d’un avion de combat est certes moins suicidaire.

Plus fondamentalement, ce que révèle ce nouvel épisode martial est la manière israélienne de gérer son occupation et sa colonisation des Territoires palestiniens, émiettés à dessein en plusieurs enclaves politiques isolées les unes des autres, dans lesquelles sont entassés un maximum de Palestiniens pour libérer un maximum de terres au « grand Israël biblique ». Cet objectif ne s’embarrasse pas de machinations ou de conspirations sophistiquées, tant est forte la domination israélienne. L’immense supériorité de sa position permet toujours à Israël de capitaliser à son profit les changements, prévus ou imprévus, causés par ses offensives : révolte palestinienne ? « cela justifie leur traitement militaire » ; docilité palestinienne ? « c’est que la force fonctionne contre eux mais ils ne sont pas assez démocrates » ; élections palestiniennes ? « ils sont trop démocrates car élisent des islamistes ». Ainsi les élites politiques palestiniennes, potentats de misérables réserves, sont-elles régulièrement et savamment taillées à la mesure du patient jardinier militaire israélien. Et tous, ici et là-bas, font semblant de croire que le mot « État » changera cette réalité de confetti colonial. (Montréal , 20 novembre 2012)

lundi 3 décembre 2012

Rapport de la délégation de l'ASSÉ de la 1ère rencontre préparatoire portant sur la qualité de l’enseignement supérieur (29-30 nov.)

Sous-titre : La course au consensus

Les participants et participantes

La délégation de l’ASSE

Trois participants et participantes : Nadia Lafrenière, Louis-Philippe Véronneau et Blandine Parchemal.
Deux observateurs et observatrices : Camille Godbout et Guillaume Néron.

Les autres

Au total, il y avait 60 invités dont 52 participants statutaires. Parmi ces derniers :

- 31% d’étudiants : ASSE, Associations non affiliées, FAEUQEP, FECQ, FEUQ, TACEQ
- 23% d’établissements : Association des collèges privés, CREPUQ, Fédération des cegeps, Président du C.A d’une université, Université du Québec.
- 23% de professeurs et syndicats : CSN, CSQ, FQPPU, FTQ
- 23% de la société civile : ACFAS, Chantier de l’économie sociale, CIQ, CPQ, CQCM, FCCQ, FCEI.
- A cela, il faut ajouter 8 invités du ministre. Des députés pour la plupart, dont Gerry Sklavounous le député libéral de Laurier-Dorion et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’enseignement supérieur. Pour la petite anecdote, à notre arrivée, il s’est exclamé « Ah voilà les terroristes ».

Jeudi 29 novembre

Discours de Pierre Duchesne

La rencontre s’est ouverte jeudi soir par un discours du ministre de l’enseignement supérieur, Pierre Duchesne.
Son discours était axé sur la nécessité de faire des compromis, de passer à une autre étape après le « chaos » (ce sont ses mots) du printemps. Il a même évoqué l’idée d’un nouveau printemps en février avec la rencontre finale du sommet.
Nous n’avons pas applaudi mais nous avons pensé très fort à la manifestation votée au dernier Congrès pour la rencontre de février.
Présentation des quatre « experts »

Ensuite, il y a eu la présentation des quatre dits « experts » (la non-féminisation est volontaire pas car ce n’était que des hommes).
Il s’agissait d’un côté de Claude Lessard, président du CSE (Conseil Supérieur de l’Education) et de Michel Lauzière, président de la CEEC (Commission d’évaluation de l’enseignement collégial) et de l’autre de M. Jean Nicolas, professeur émérite à l’Université de Sherbrooke et M. Frédéric Gourdeau, professeur titulaire au département de mathématiques et de statistique de l’UL.
Nous avons remarqué une véritable dichotomie entre les interventions des deux présidents axées sur l’assurance-qualité et sa défense et celle des deux professeurs, qui semblaient, eux, véritablement parler de qualité, au sens de qualité de l’enseignement.
Il est à noter aussi que les deux professeurs parlaient en leur nom personnel contrairement aux deux autres intervenants.
Lors de la période de questions/réponses, nous avons demandé aux deux professeurs ce qu’ils pensaient des mécanismes d’assurance-qualité (ils ne l’avaient pas mentionné dans leur présentation) et là ils nous ont répondu que c’était quelque chose qui était au-dessus d’eux et auquel ils ne s’intéressaient pas.
Nous avons trouvé cette réponse très problématique et nous avons supposé que le choix de ces deux intervenants relevait d’un choix du gouvernement de ne pas prendre deux professeurs ayant déjà réfléchi aux mécanismes d’assurance-qualité et formulé une critique là-dessus. Il faut aussi remarquer qu’il s’agissait de deux professeurs issus du milieu des sciences pures (génie et mathématiques).
Que ce soit pour cette soirée ou le lendemain, les sciences humaines ont fait partie des grandes absentes des débats. Ainsi, parmi les associations non affiliées, le président de l’INRS était présent. Lors d’une intervention le lendemain, ce dernier a clairement exprimé le fait qu’il fallait supprimer certains programmes non rentables d’un point de vue économique.

Une dernière remarque concernant l’intervention du président de la CEEC que nous avons trouvé vraiment problématique. Vous pouvez retrouver le powerpoint de la présentation sur le site.
La présentation se terminait par une diapositive intitulée « Le regard externe » :

La Commission s’inscrit elle-même dans un processus d’assurance-qualité et mettra en place des mécanismes pour atteindre ses objectifs d’organisme public et indépendant d’assurance-qualité.
En plus de la validation, par des experts externes et par le comité consultatif, du référentiel qui sera utilisé pour l’évaluation des systèmes d’assurance-qualité, la Commission se soumettra, à différents moments de la mise en œuvre de la nouvelle opération, au regard externe pour s’assurer que ses pratiques correspondent aux meilleures pratiques des agences d’assurance-qualité en enseignement supérieur.
Par ailleurs, la Commission déposera en décembre 2012 sa candidature dans le cadre du programme Guidelines and Good Practices (GGP) de l’International Network for Quality Assurance Agencies in Higher Education (INQAAHE) pour faire reconnaître que ses pratiques, depuis ses débuts, sont d’excellents pratiques.

Vendredi 30 novembre

Présentation inintéressante de Léo

La journée a commencé par une présentation de Léo Bureau-Blouin de quelques avis des internautes à propos de la qualité de l’enseignement supérieur. La présentation n’ayant pas eu une grande pertinence, nous ne pouvons pas vous en dire grand chose.

Présentation des contributions

C’est ensuite qu’a commencé la présentation des sept contributions concernant le thème de la qualité de l’enseignement supérieur. Vous pouvez toutes les retrouver à cette adresse : http://www.mesrst.gouv.qc.ca/contenus/sommet-sur-lenseignement-superieur/les-thematiques/la-qualite-de-lenseignement-superieur/

Première contribution :
- la CREPUQ :
Ils ont fait la proposition de créer un Conseil des affaires universitaires dont le rôle serait de superviser la qualité de l’enseignement et de la recherche universitaire dont la majorité des personnes ne serait ni des employées de l’université ni des étudiantes.
Rien de nouveau.

- l’ASSE :
Vous pouvez retrouver notre contribution sur le site :
http://www.mesrst.gouv.qc.ca/fileadmin/administration/librairies/documents/Contributions_qualite/CONTR_ASSE_presentation_premiere_rencontre_thematique.pdf. Il est aussi possible de visionner notre présentation à ce lien : http://webcasts.pqm.net/client/mesrst/event/575/fr/.
Nous sommes par ailleurs ouverts et ouvertes à toutes critiques ou interrogations. Nous tenons aussi à rappeler que nous avons eu deux semaines pour réaliser cette contribution, temps que nous estimons insuffisant pour fournir quelque chose de réellement solide. Nous tenons par ailleurs à remercier Lazlo Bonin pour son formidable travail de graphisme.

- la FEUQ :
Seule leur dernière diapositive parlait de la CEUQ (Commission d’évaluation des universités québécoises). Leur présentation en fait un projet très flou pour l’instant. A part dire qu’il s’agit d’inclure tous les intervenants de la communauté universitaire, on ne sait rien de quels seront ces « indicateurs de qualités quantitatifs et qualitatifs » ni qui les établira et mettra en place. Ce flou a un côté stratégique indéniable, notamment pour rallier les syndicats à la CEUQ.
Le reste de leur présentation était composé de choses relativement inintéressantes quant à la question de la qualité.

- la FTQ :
Leur présentation était beaucoup axée sur le personnel travaillant dans les établissements d’enseignement supérieur et leur importance pour l’évaluation de la qualité.
Ils ont affirmé leur opposition à l’assurance-qualité mais aussi leur position en faveur de la création d’un organisme indépendant pour la coordination du réseau.

- la FQPPU :
Ils ont beaucoup insisté sur l’évolution du ratio professeurs/étudiants et le fait qu’il manque environ 1800 professeurs pour assurer une véritable qualité de l’enseignement supérieur.
Ils ont également fait une présentation des mécanismes déjà existants tout en les critiquant également. Ils ont aussi fourni une critique de l’assurance-qualité très complémentaire avec la nôtre.
Enfin, ils se sont prononcés en faveur de la création d’un organisme indépendant de coordination du réseau universitaire qui devrait être crée pour assurer une cohérence dans les décisions.

- la CIQ (Conseil Interprofessionnel du Québec) :
Selon eux, la qualité correspond à l’adéquation de la formation à la pratique professionnelle ou encore au taux de placement sur le marché du travail.
Aucune mention de la qualité de l’enseignement dans leur présentation. La mission de l’enseignement supérieur étant de répondre aux besoins du marché.
Ils sont d’accord avec la CREPUQ si elle leur accorde encore plus de place.

- la Fédération des Cegeps :
Ils étaient en total accord avec la présentation du président de la CEEC la veille. Il prône une culture de l’évaluation tant aux cegeps qu’à l’université.

La pause ou l’interlude de Benoît Dubreuil

Lors de la pause, à la suite de notre présentation où nous avions réaffirmé notre position en faveur de l’autogestion et notre opposition à la CEUQ, Benoît Dubreuil, attaché politique du ministre, est venu nous voir afin de savoir notre position sur la création d’un organisme indépendant d’évaluation de la qualité.
Cette demande était faite dans le but de trouver une position mitoyenne dans la mesure où nous étions les seuls à nous être opposés à la création d’un tel organisme.
Cette pause servait de toute évidence à la concertation, ce dernier adoptant une posture d’ouverture par rapport à nos positions afin de trouver un « compromis ».

Période de retour sur les contributions (45 minutes)

Cette période d’échanges a beaucoup été axée sur la question de la création d’une commission d’évaluation de la qualité.
Nous sommes intervenus au micro pour réaffirmer notre position en faveur de l’autogestion et notre opposition à toute commission d’évaluation avec un pouvoir contraignant sur l’autonomie des membres de la communauté universitaire. Nous avons donc affirmé notre dissension face à ce qui paraissait comme un consensus.
Nous sommes également intervenus sur la question de la collaboration entre établissements de l’enseignement supérieur à la suite de plusieurs échanges à ce propos. Nous avons dit qu’il s’agissait au préalable de définir la collaboration : avec qui, dans quel but? Nous avons davantage prôné la coopération en rappelant que la collaboration doit servir l’avancement des savoir et non une logique publicitaire.

La FNEEQ-CSN est aussi intervenue pour rappeler la position de la TPU (Table des Partenaires Universitaires), dont nous faisons partie, contre l’assurance-qualité : Que la TPU se positionne contre les mécanismes d'assurance qualité issus du milieu des entreprises, que face à cela elle réaffirme la nécessité d'assurer la liberté académique et l'autonomie des établissements et qu'elle défende le caractère public des institutions d'enseignement supérieur et de leur financement.

Les ateliers : consensus, consensus

Après le repas du midi se déroulait ce qui était nommé des « ateliers d’échanges ».
Il s’agissait de trois ateliers avec un sujet de réflexion pour chaque. Les voici :
- 1er atelier : Quelle serait la meilleure approche pour définir la qualité de l’enseignement?
- 2e atelier : Quels sont les devoirs et les responsabilités des établissements d’enseignement supérieur (personnel d’encadrement et de directeur, corps professoral, personnel de soutien pédagogique, étudiants et étudiantes, etc.) et quels sont les défis qui se posent à eux et à leurs partenaires pour maintenir la qualité de l’enseignement et en assurer le développement harmonieux?
- 3e atelier : Quels mécanismes pourraient assurer la qualité de l’enseignement offert par les universités québécoises?

Nadia Lafrenière est allée dans le premier atelier avec Guillaume Néron comme observateur, Blandine Parchemal dans le second et Louis-Philippe Véronneau dans le troisième avec Camille Godbout comme observatrice.

Nous n’allons pas passer atelier par atelier car nous avons tous eux les mêmes constats et formulé les mêmes critiques :

- Ces ateliers étaient clairement là pour établir des consensus et c’était le rôle des animateurs de chaque atelier.
A la fin de l’atelier, les animateurs ont présenté un powerpoint avec les éléments de discussion et les éléments de convergence trouvés entre toutes les personnes autour de la table et ce, malgré que durant la discussion, nous avions formulé nos oppositions.
Nous avons dû exprimer notre divergence sur de nombreux points. Dans les trois ateliers, elle portait principalement sur (1) la présence de tous les acteurs au sein de ce probable organisme indépendant d’évaluation (nous avons réaffirmé notre position d’exclusion des élites économiques), (2) le fait que la qualité corresponde au taux de placement sur le marché du travail, (3) un constat de manque de ressources dans les universités, constant débouchant inévitablement sur la thèse du sous-financement (nous avons réaffirmé ici notre position de mal-financement), (4) la promotion d’une culture de l’évaluation.

- Le fait de diviser la réflexion sur la qualité en trois questionnements pourtant complémentaires nous a semblé comme empêchant une analyse plus profonde. Par exemple, dans le deuxième atelier, quand l’un de nous a exprimé le fait qu’il nous semblait impossible d’établir comment améliorer la qualité sans réfléchir à la définition de la qualité et à la mission des universités, on nous a rétorqué qu’il s’agissait de la question du premier atelier.
Il nous a semblé aussi que nous mettre un par un dans chaque atelier avait quelque chose de stratégique : l’idée étant que seul-e, nous pouvons être moins attentifs aux consensus proposés.

Finalement, nous avons trouvé ces ateliers très encadrés avec une finalité on ne peut plus orientée.

Le retour en plénière : un exercice de relations publiques

Les deux grandes témoins présentes lors cette rencontre préparatoire (Mme Diane Berthelette et Mme Binh Vu Van) ont pris la parole pour effectuer quelque chose comme une synthèse des ateliers.
Elles ont évoqué des points de convergence qui n’en étaient pas. Par ailleurs, elles semblaient peu impliquées dans le processus, mal informées et présentes seulement pour donner une apparence de neutralité.
Lors de la table de mise en commun (grande table composé de 20 participants et participantes, soit une personne par délégation), nous avons réaffirmé notre divergence vis à vis de plusieurs points qui étaient présentés comme des consensus par les deux grandes témoins : une définition de la qualité comme capacité des diplômés à faire face au marché, la création d’un organisme d’évaluation de la qualité avec la création d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Nous avons réaffirmé notre vision de la qualité comme qualité de l’enseignement avant tout et notre opposition à tout organisme d’évaluation contraignant et basé sur des critères de rentabilité économique.
Si d’autres organisations ont également émises des doutes sur une définition de la qualité éloignée du savoir et de la connaissance, presque toutes ont souligné l’ouverture du gouvernement et nous étions les seuls ou presque à marquer notre dissensus sur plusieurs points de consensus (pour la petite anecdote, cette formule a été reprise par le Conseil du patronat sur twitter pour bâcher sur l’ASSE, ce qui n’est pas sans nous plaire).

Les deux grandes témoins ont ensuite effectué une nouvelle synthèse mais cette fois-ci de la rencontre préparatoire en tant que telle.
L’ensemble des points de divergence que nous avions exprimé dans notre contribution ou lors de nos interventions étaient notés en bleu sur le powerpoint (comme pour nous amadouer) et présentés comme des points ne faisant pas consensus.
Autrement, il s’agissait de montrer que nous avions réussi à trouver des terrains d’entente et surtout des points de CONSENSUS.

Cette synthèse s’est terminée par une intervention du ministre Pierre Duchesne qui a rappelé l’ouverture du gouvernement aux diverses positions, sa volonté de trouver des points de convergence, etc. (Nous nous excusons pour l’effet redondant mais nous ne faisons que traduire ce que nous avons entendu toute la journée).
Aussi, il a mentionné qu’il avait entendu les craintes exprimées quant aux mécanismes d’assurance-qualité mais tout en disant que l’assurance-qualité qui sera implantée au Québec sera différente… Belle prise en compte des oppositions exprimées par plusieurs membres de la communauté universitaire quant à l’assurance-qualité!

Notre analyse globale

- Nous déplorons le fait que seules des organisations étaient présentes. Il nous semble que beaucoup de professeurs et professeures auraient pu apportés des points de vue critique intéressant et enrichir les débats. Nous regrettons ainsi également l’absence d’appel de mémoires.
Finalement, étant donné que seules 60 personnes étaient présentes lors de cette rencontre, il nous semble faux de dire que cette rencontre était publique et insuffisant de se baser sur la webdiffusion ou une page facebook pour justifier ce caractère public.

- Nous déplorons également le temps très compressé de cette rencontre préparatoire : la journée de vendredi a vraiment été longue surtout sur la fin, là où justement le gouvernement tentait de faire ressortir des consensus. Lors des ateliers, il nous a fallu ainsi être très vigilant face aux points de convergence qu’on tentait de nous imposer. Par ailleurs, 12 min pour présenter notre contribution nous a semblé bien court.
De façon générale, nous déplorons le temps très rapproché entre les rencontres préparatoires qui empêche de pouvoir effectuer de véritable recherches. De son côté, le gouvernement justifie cette précipitation par son statut de gouvernement minoritaire et la tenue probable d’élections dans temps rapproché.

- Nous critiquons également le choix du thème pour cette première rencontre. Il nous semble qu’il aurait été nécessaire au préalable de discuter de la mission des établissements d’enseignement supérieur avant de s’engager sur la question de la qualité. Cette réflexion préalable sur la mission aurait peut-être évité que chacun attache à la notion de qualité ce que bon lui semble.

- Enfin, nous critiquons principalement le jeu de relations publiques et de création de faux-consensus que nous avons senti tout au long de cette rencontre. Le gouvernement a manifesté clairement une volonté de charmer les participants et participantes présents à la rencontre, dont nous, afin d’établir le consensus.

- Nous tenons aussi à mentionner que beaucoup de syndicats sont venus nous voir après notre présentation et nos prises de parole pour nous remercier d’avoir affiché une opposition claire aux mécanismes d’assurance-qualité, d’avoir présenté ce que devrait être la qualité selon nous ainsi que d’avoir critiqué à plusieurs reprises certaines positions (CREPUQ, CIQ, Fédération des cégeps, etc.). Nous avons ressenti qu’ils n’osaient pas pour la plupart intervenir si nous ne le faisions pas avant eux ou tout simplement qu’il était plus confortable pour eux de nous laisser occuper le rôle de l’opposition.

Solidairement,

Les délégués et déléguées de l’ASSE présent-e-s à la rencontre.

samedi 1 décembre 2012

"Journée de réflexion sur la violence sexuelle"

8 décembre 2012
09:00 – 18:00
2040 Alexandre De-Sève, Montréal

Camarades féministes et pro-féministes,

cette année fût haute en couleur, en mobilisation et en rapprochement. La grève étudiante, le Plan Nord, la taxe santé et toutes les mesures antisociales amenées par le gouvernement (Charest et Marois) sont des conjonctures ayant permis à des groupes féministes/pro-féministes de se rassembler, se mobiliser et surtout d'agir.

La mobilisation a désormais retrouvé un rythme « normal » et nous croyons qu'il faut impérativement continuer à se mobiliser et ce, sur une base féministe.

Le 8 décembre prochain nous vous invitons donc à une journée de réflexion sur la violence sexuelle. Le but de cette journée est de réfléchir en collectivité sur un des sujets les plus tabous de notre société.

La journée est ouverte à touTEs peu importe votre milieu.

Un dîner sera servi.

Un service de garderie peut être mis sur pied si le besoin se fait ressentir. (Veuillez nous contacter par courriel mariesoleil.chretien@gmail.com)


Horaire :

10h00 -11h30 :
Atelier 1 - La violence sexuelle et le consentement

La société patriarcale moderne participe au maintient des mythes entourant le viol. Ces mythes contribuent à faire porter le blâme aux victimes et à justifier les comportements de l’agresseur. On peut penser par exemple à l’image de la fille facile ou encore du gars fort ne pouvant pas être dominé ou agressé. Les croyances entretenues à l’égard de la violence sexuelle ont un impact sur la notion de consentement, qui est souvent mal comprise et cela à pour effet de perpétuer les agressions.

Conférencière:
Geneviève Pagé, professeur au département de sciences politiques de l'UQÀM
Claudia Bouchard, militante féministe

12h00 -13h30 :
Atelier 2 – État de droit et violence sexuelle

Dans un état de droit, comment se définissent l'agression sexuelle et le consentement. Historique juridique de l'évolution du viol à l'agression sexuelle.

Conférencières:
Rachel Chagnon, professeure au département de sciences juridiques à l'UQAM et Coordonatrice à la recherche de l'IREF
Émilie Joly, étudiante en droit
Josianne Lavoie, avocate

13h30 - 14h30 : Dîner

14h30 - 16h00 :
Atelier 3 - Nous, allié-e-s. Eux, agresseur-e-s

Comment devons-nous réagir quand nous apprenons qu'une personne proche a été victime de violence-s sexuelle-s? Que pouvons-nous faire? Et comment réagissons-nous quand nous apprenons qu'un-e agresseur-e est dénoncé-e dans notre entourage? L'atelier vise à réfléchir sur la solidarité, l'accompagnement, l'auto-détermination des victimes ainsi que sur la gestion et l'exclusion/ré-intégration d'un-e agresseur-e dans un milieu.

Conférencière :
Julie Larivière, intervenante sociale
Shanie Roy, étudiante en anthropologie et militante féministes

16h30 - 18h00 :
Atelier 4 - Groupe de discussion non-mixte
Suivi d'un retour en mixité

Et maintenant, que faisons-nous ? Quel message voulons-nous faire passer à l'autre sexe ou au même sexe ?
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Feminists and pro-feminists comrades,

This year was high in colors, in mobilization and reconciliation. The student strike, the Plan Nord, the health taxe and all the others antisocial measures brought by the government (Charest and Marois) are circumstances that allowed feminist and prof-feminist groups to gather, mobilize and especially to act.

The mobilization has returned to its « normal » rhythm and we think that it is imperative that we continue to mobilize on a feminist base.

On the upcoming 8th of December, we invite you to a reflexion day about sexual violence. The purpose of this day is to think in collectivity about one of the most taboos subjects of our society.

The day is open to all regardless of your usual environment.

A lunch will be served.

A babysitting service can be set up if the need arises. (Please contact us by email mariesoleil.chretien@gmail.com)

Schedule :

10h00-11h30
Workshop 1 – Sexual Violence and Consent

Modern patriarchal society participates in maintaining the myths surrounding rape. These myths contribute to blame the survivors and excuse the behavior of the aggressor. One can think for example the image of the “easy girl” or the strong guy that can not be dominated or abused. Beliefs maintained with regard to sexual violence have an impact on the notion of consent, which is often misunderstood and this has the effect of perpetuating the abuse.

Speakers :
Geneviève Pagé, professor of the political sciences department of UQAM
Claudia Bouchard, feminist activist

12h00-13h30
Workshop 2 – Rule of Law and Sexual Violence

In a society based on the rule of law, how do we define sexual aggression and consent? Herstorical and juridical evolution of the notion of rape to the notion of sexual aggression.

Speakers :
Rachel Chagnon, professor of the juridical sciences department of UQAM and coordinator to research of the IREF (Institut de recherches et d'études féministes)

13h30-14h30 : Lunch

14h30-16h00
Workshop 3 – Us, allies. Them, aggressors.

How do we react when we learn that someone close to us is a survivor of sexual violence-s? What can we do? And how do we react when we learn that an aggressor is denounced in our environment? The workshop aims to reflect on the solidarity, support, self-determination of survivors as well as the management and exclusion / re-integration of an aggressor in an environment.

Speakers:
Julie Larivière, social worker
Shanie Roy, anthropology student and feminist activist

16h30-18h00 :
Workshop 4 – non-mixted discussion group
Followed by a return in mixity.

And now, what do we do? What message to we want to send to the other gender or to the same gender?

Évènement fb :https://www.facebook.com/events/288564677931506/

J'ai honte d'un prof du département (partie finale)

Pour finir, voici la magique proposition qui a été votée en assemblée générale des cycles supérieurs en science politique (AECSSP-UQAM). Je trouve que c'est une très bonne proposition, et que les gens qui l'ont imaginée ont beaucoup plus le sens des responsabilités et une bonne compréhension de ce qu'est la liberté académique que Bauer, la direction du département, et la direction de l'université. Mention spéciale aussi à cette assemblée générale pour avoir décidé d'organiser un séminaire/panel sur le Moyen Orient et sur la liberté d'expression académique; événements auxquels M. Julien Bauer sera invité. Voilà, ça ne sera pas aussi facile de poser en victime innocente quand il va falloir argumenter contre de vrais arguments et pas seulement faire du sensationnalisme à Radio X.

Résolution adoptée par l'AECSSP-UQAM le 30 novembre 2012 :

Considérant la nature diffamatoire et intimidante des propos tenus par Julien Bauer en entrevue à CHOI Radio X Montréal le 20 novembre 2012 envers collègues, étudiants et étudiantes, et personnalités publiques ayant manifesté leur appui à la cause palestinienne,

Considérant article 5.0.2, al. 4 de la convention collective du Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) qui stipule que « La liberté universitaire doit être exercée de façon responsable; elle comporte le respect des opinions d’autrui »,

Considérant l'incapacité apparente de Julien Bauer de faire preuve du discernement minimal attendu d'un docteur en science politique.

Considérant les actes de vandalisme qui ont été commis dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 novembre 2012 au bureau de M. Julien Bauer,

Considérant que ces actes de vandalisme ont été condamnés par la direction du département et la direction de l'université,


QUE l’Association étudiante des cycles supérieurs de science politique de l’UQAM (AECSSP-UQAM) :

CONDAMNE les propos tenus par M. Julien Bauer,

SOULIGNE son manque de retenue et d'honnêteté intellectuelle ainsi que son usurpation du titre de spécialiste du Moyen-Orient,

CONSEILLE fortement à M. Julien Bauer de prendre sa retraite anticipée,

RAPPELLE que la responsabilité du milieu universitaire à assurer la libre expression des points de vue, quels qu'ils soient, dépend de l'engagement de tous ses membres à exercer leur liberté académique de manière responsable dans le but de favoriser un débat ouvert, éclairé et respectueux de ses interlocuteurs et interlocutrices.

vendredi 23 novembre 2012

J'ai honte d'un prof du département (partie III)

Partie III: La réponse nécessaire

via Union Libre

Le passage du professeur de science politique Julien Bauer à CHOI Radio X Montréal le mardi 20 novembre (http://www.radioego.com/ego/listen/12379) fut très remarqué, mais pas pour les bonnes raisons. Il a en effet accumulé perles après perles, en disant par exemple que ceux et celles qui ont participé à une manifestation pro-palestinienne face aux exactions de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza étaient du côté du « Mal » (avec un « M » majuscule), des fascistes qui auraient soutenu le régime nazi, et parlant des étudiant-e-s de l’UQAM qui y étaient présent-e-s, il les a dépeint-e-s comme une bande d’imbéciles qui se font manipuler. Face au terrorisme du Hamas, pour Julien Bauer, il n’y a qu’une réponse, comme nous disait aussi George Bush, celle de la force « civilisatrice » contre la « barbarie ».

Ce que Julien Bauer ne semble pas réaliser, c’est que son discours est de la même engeance que celui du Hamas : fanatique, dépeignant ses adversaires comme ennemi du Bien et de la Vérité, haineux, méprisant. Il refuse le débat avec ces barbares adeptes du « Mal », et ce faisant il sort lui-même de la démocratie qu’il veut défendre, car celle-ci implique la discussion et l’acceptation que l’autre puisse légitimement ne pas partager le même point de vue. Ce n’est pas d’hier que la politique étrangère agressive d’Israël se justifie par la défensive : ceux qui la critique sont affublés du titre peu flatteur d’antisémites. Ce procédé est particulièrement développé en France où les auteurs de textes soutenant la cause palestinienne et critiquant la politique de l’État d’Israël se retrouvent devant les tribunaux pour appel à la haine raciale. Tel est le cas du grand philosophe et sociologue Edgar Morin accusé en outre d’être victime, en tant que juif sépharade, de la « haine de soi » et de trahir son peuple (Benbassa, 2005). Ce qui fait dire à Esther Benbassa que « Le nouvel “antisémite » n’est plus celui qui hait le juif, mais le juif démocrate incapable de fermer les yeux sur le sort quotidien des Palestiniens placés sous occupation israélienne. Curieux renversement augmentant sensiblement le nombre d’intellectuels antisémites en Israël même ! Car il ne manque pas là-bas de juifs clamant haut et fort, dans les médias, leur rejet des décisions de leur gouvernement […] » D’ailleurs, pour cette dernière, « Cette instrumentalisation politique de l’antisémitisme mène en effet inéluctablement à sa banalisation. A un certain moment, il finira par ne plus alarmer grand monde. »

Ainsi, Julien Bauer s’inscrit-il dans une longue tradition qui revient ni plus ni moins à donner carte blanche aux actions de l’État israélien sensé selon cette perspective devoir nécessairement se trouver du côté du Juste et du Bien. C’est une tradition que déplore d’ailleurs le journaliste israélien Amnon Kapeliouk et qu’il voit trop souvent à l’œuvre dans les médias de son pays (Kapeliouk, 2009).

On pourrait attendre plus en terme d’analyse d’un professeur du département de science politique de l’UQAM, une institution dont la réputation de pensée critique n’est plus à faire. Plutôt que d’encourager le débat, la réflexion libre et critique, et d’être un digne ambassadeur de l’UQAM, Julien Bauer n’a au final que nourri les préjugés et exploité la méconnaissance des auditeurs de CHOI Radio X Montréal, faisant usage de « l’arme morale » dans le but de contraindre les personnes qui ne pensent pas comme lui au silence. Il n’a pas éclairé la situation à l’aide de son capital culturel, il l’a occulté au profit de sa propagande en masquant cela par son capital symbolique que lui procure son statut de professeur de science politique à l’UQAM.

Le regretté Thierry Hentsch, qui fut professeur au même département que Julien Bauer, voyait le rôle et la nature de l’intellectuel comme étant essentiellement critiques (de soi, de son rôle, de sa société, de la réalité), et c’est ce qui différencierait l’idéologue au service d’une cause (l’État d’Israël par exemple) du penseur en constante rupture avec lui-même et avec le monde (Hentsch, 1985). Ainsi, pour Thierry Hentsch, « Le propre de l’intellectuel est de s’interroger et d’en vivre. » (1985 : 141). Abandonner cette posture critique, c’est devenir « idéologue, technocrate ou épistémocrate » au service « du pouvoir » ou « d’un pouvoir établi » (Hentsch, 1985 : 142).

Julien Bauer, en mettant de côté tout esprit critique, et en se rangeant résolument du côté « d’un pouvoir » établi, l’État israélien, n’adopte pas l’attitude de l’intellectuel, mais celle de l’idéologue drapé dans sa rectitude morale qu’il prend pour acquise, laissant inévitablement le tort aux autres qui ne pensent pas comme lui et se voient ranger dans les catégories des imbéciles, des fascistes, des antisémites. D’ailleurs dans son inénarrable entrevue, il associe les intellectuels qui ont protesté contre les exactions de l’armée israélienne aux penseurs qui se sont ralliés au régime nazi dans les années 1930 et 1940. Au final, c’est dire que ces intellectuels critiques de la politique de l’État d’Israël sont du côté du pouvoir, et d’un pouvoir maléfique qui veut le mal pour le mal. Mais c’est oublier que dans cette histoire, l’État d’Israël est la puissance militaire régionale et qu’on ne peut comparer les assassinats systémiques du Mossad à de la vertu à l’œuvre, mais plutôt à de la virtù au sens que l’entendait Machiavel, c’est-à-dire la capacité de prendre et conserver le pouvoir.

Au final, l’approche de Julien Bauer ne nous avance guère. Pour avoir moi-même voyagé, travaillé et vécu en Israël pendant huit mois dans un kibboutz (Nir Dawid) en 1999, on comprend rapidement que cette posture moralement rigide est une des sources du problème. Les réponses des ouvriers palestiniens travaillant dans mon Kibboutz à mes questions concernant la nature du problème israélo-palestinien dirigeaient invariablement le tort du côté de l’État d’Israël et plaçaient la justice du côté palestinien. Tandis que les israéliens d’appartenance juive vivant à Nir Dawid défendaient le point du vue totalement opposé, du moins chez les plus âgés qui avaient vécu les guerres précédentes. Le plus jeunes, que je côtoyais au travail, étaient plutôt dégoûtés et fatigués de tout cela et doutaient de la justesse de leur cause pour laquelle ils devaient servir à plein temps dans l’armée trois ans, soit de 18 à 21 ans. Ils avaient été chauffeurs de blindé, artilleurs, démineurs, soldats d’infanterie, tireurs d’élite embusqués dans les buissons du Liban Sud à l’affût d’une cible mouvante du Hezbollah. Ces jeunes avaient voté pour Ehoud Barak et les travaillistes et espéraient beaucoup du plan de paix mis de l’avant par leur premier ministre.

L’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon en 2001, un criminel de guerre au regard du droit international, se déroula en pleine Intifada palestienne (qu’il avait lui-même contribué à déclencher) et signifiait la fermeture de la fenêtre d’opportunité pour la paix sous Ehoud Barak et l’instauration d’un climat d’obsession sécuritaire. La tentative précédente de mettre véritablement de l’avant un plan de paix s’est soldé en 1995 par l’assassinat public du premier ministre travailliste Yitzhak Rabin par un extrémiste juif. Du côté palestinien et du côté israélien, l’espace de manœuvre pour les compromis est faible, les pragmatiques et les modérés se voyant écrasé sous le poids des fanatiques et des sectaires israéliens et palestiniens. Julien Bauer, par son attitude sectaire et fanatique, nourrit donc le cul-de-sac politique actuel où les pragmatiques et les modérés (les seuls ouverts au dialogue et au compromis) sont considérés comme des traîtres par leurs propres compatriotes.

Ainsi, la seule solution viable à long terme d’un règlement pacifique est-elle évacuée du revers de la main par Julien Bauer et les tenants de la ligne dure, qu’ils soient palestiniens, juifs israéliens ou d’ailleurs, pour ne proposer comme solution que la disparition de l’autre ou sa reddition sans concession. On le conviendra, une telle attitude nourrit justement le conflit qu’elle vise à terminer. Cette dynamique sans fin d’une violence qui ne fait nourrir que davantage de violence et camper davantage les positions des extrémistes des deux côtés fut d’ailleurs brillamment illustrée par Stephen Spielberg dans son film « Munich » (2005) où des agents du Mossad sont lancés dans une campagne interminable d’assassinats politiques des responsables palestiniens de l’attentat envers des athlètes israéliens lors des jeux olympiques de Munich en 1972.

En plus de défendre une position politique dangereuse, car menant à un cul-de-sac, et d’occulter la complexité de la situation israélo-palestinienne par une approche manichéenne bien/mal, on peut se demander si Julien Bauer est doté de l’intégrité et de la rigueur intellectuelles nécessaires au bon accomplissement de ses fonctions de professeur au sein du département de science politique. L’idéal du savant défendu par Max Weber implique que le professeur soit apte à différencier l’étude du politique de la politique, donc que dans la salle de classe il outillera ses étudiant-e-s pour qu’ils et elles puissent analyser rigoureusement les différents phénomènes politiques, et il poussera ses étudiant-e-s à remettre en question leurs vérités reçues. Le néant intellectuel de l’entrevue de Julien Bauer, et la basse facilité avec laquelle il juge moralement ceux qui ne pensent pas comme lui (ce qui s’apparente à du terrorisme intellectuel : « ou vous êtes avec nous ou vous êtes avec les terroristes » comme disait George Bush), laissent présager un pauvre travail pédagogique auprès de ses étudiant-e-s.

David Sanschagrin, étudiant à la maîtrise en science politique


Bibliographie

Esther Benbassa, 2005, « Edgar Morin, juste d’Israel ? », Le Monde diplomatique, octobre.

Hentsch, Thierry. 1985. « L’intellectuel à l’usage ». Conjonctures et politique, n° 6, printemps.

Amnon Kapeliouk, 2009, « Israël, Palestine, que peut le droit international ? Le combat solitaire de “Haaretz » », Le Monde diplomatique, mars.

Max Weber, 2003, Le savant et le politique, Paris, La Découverte.


J'ai honte d'un prof du département (partie II)

PARTIE II - Où la réponse à des grossièretés haineuses est répondue par un manque de finesse (personnellement j'aurais trouvé que le message aurait été beaucoup plus clair et moins facilement instrumentalisable par la victimisation de Bauer si ça avait été écrit "Vive la Palestine libre!"... mais bon... Pis "Heil Israël" on comprend que c'est un rapprochement entre sionisme et nazisme, mais je trouve ça douteux pareil...), et où l'UQAM et le département de science politique cautionnent complètement les raccourcis intellectuels haineux et propagandistes de Bauer (En prime une déception! Le directeur du département ne sait plus ce qu'est du racisme!)





Bonjour,

Des propos haineux et racistes ont été inscrits sur la porte du professeur Julien Bauer dans la nuit de mardi à mercredi. Ces méfaits ont déjà été rapportés au Service de la sécurité et de la prévention de l’UQAM et une enquête est en cours. Les tentatives d’intimider et réduire au silence des membres de la communauté universitaire, quelle que soit leur position, sont inacceptables. Je tiens à souligner que le département de science politique ne saura tolérer en aucun moment ce genre de comportement.

Bien à vous,

Julián Durazo Herrmann
Directeur, département de science politique
Université du Québec à Montréal

***

PROPOS HAINEUX, INTIMIDATION, VANDALISME: L'UQAM DÉNONCE DES ACTES INACCEPTABLES

Des personnes, incluant, malheureusement, des étudiantes et des étudiants, se sont livrées hier et aujourd’hui à des propos haineux, à des actions d’intimidation à l’égard du professeur Julien Bauer, et à des actes de vandalisme dans les murs de l’Université du Québec à Montréal.

Ce sont là, pour la Direction de l’UQAM, des comportements totalement inacceptables et la Direction les réprouve et les condamne sans appel.

Les propos haineux et l’intimidation d’une personne ne peuvent, d’aucune façon et en aucun cas, être cautionnés ni tolérés en milieu universitaire et sont absolument indignes de ce milieu.

Il en est de même du vandalisme et de la dégradation physique des lieux de l’Université. Faut-il le rappeler, il s’agit de biens publics appartenant à la population québécoise qui les a payés de ses taxes et impôts.

Les propos haineux, les gestes de menace et d’intimidation posés à l’endroit d’un membre du personnel et les dommages délibérés causés aux biens de l’Université conduiront la Direction à prendre les mesures appropriées, dans le cadre de sa juridiction, en vue de faire respecter les droits de chacune et de chacun.

La Direction

***
Dans La Presse

J'ai honte d'un prof du département (partie I)

Je vous présente Julien Bauer, professeur au département de science politique de l'UQAM et spécialiste des relations entre politique et religion (ça fait peur). En peu de mots voici pourquoi j'ai honte/suis choquée: sioniste qui se sert de sa crédibilité de professeur d'université pour légitimer sa propagande haineuse et manichéenne. Voici la saga en quatre temps.

PARTIE I: L'entrevue à CHOI Radio X (20 novembre) - Ou comment Bauer quitte complètement le terrain de l'échange académique pour entrer de pied ferme dans un monde plein d'opinions haineuses et de raccourcis intellectuels malhonnêtes.

Animateur 1 : Pouvez-vous nous expliquer un petit peu là le problème présentement au Proche Orient entre Israël et la bande de Gaza ?

Julien Bauer :
Y a pas de problème entre Israël et la Bande de Gaza, il y a un problème avec Hamas. Hamas est une organisation qui a été créée il y a un peu plus de 20 ans, qui a une charte qui date de 1988, que j’ai relu hier. On a un peu l’impression de lire les textes nazis. C’est littéralement incroyable ! Alors, le but, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’est pas d’avoir un État palestinien, le seul et unique but, et ils le disent dans leur article 7, est de tuer, non pas seulement tous les Israéliens, ce qui ferait déjà beaucoup, tous les sionistes, mais tous les Juifs partout dans le monde. Ils le disent et l’écrivent avec citations du Coran bien sûr. Vous avez des gens, qui disent clairement, ils ne le cachent pas, que leur but c’est d’abord de tuer tous les Juifs. Ensuite, que tous les États arabes et musulmans du Proche-Orient forment un grand tout. Et finalement, d’avoir un Califat mondial. Autrement dit, un gouvernement mondial, c’est la folie furieuse, musulman, dans lequel, ou bien ceux qui ne sont pas musulmans se convertiront, ou seront traités traité en inférieur. Alors, avec des gens pareil, ça m’a l’air un peu difficile de discuter quoi que ce soit. Le résultat c’est que, ils le disent eux-mêmes, notre constitution c’est le Coran, notre maître c’est Allah et Mohamed le prophète, et notre plus ardent désir est de mourir comme martyr pour la cause.

Animateur 1 :
Ok. Parfait. Jusqu’à maintenant, je vous suis parfaitement M. Bauer, donc Le problème là-dedans c’est le Hamas. Pourquoi d’abord les gens qui manifestent ne manifestent pas contre Hamas et le sortir de la Bande de Gaza, si je comprends bien c’est eux qui contrôlent c’État-là ?

Julien Bauer :
Alors là, vous me posez une question un peu embarrassante, vous me demandez de dire qu’il y a au Québec des imbéciles, et la réponse c’est oui il y en a. Lorsque les gens de Québec solidaire viennent avec des trémolos dans la voix nous dire c’est épouvantable ce qui arrive, alors ce qui arrive bien sûr, on montre à la télévision, on montre les bombardements israéliens à Hamas qui tuent des gens, ce qui très vrai. Mais ce qu’on n’a pas montré c’est qu’en quatre jours il y a milles roquettes, missiles et fusées, qui sont parties de Hamas vers les villes israéliennes. Ah! Et ça, apparemment, ça n’a aucune importance. Alors soyons très très très clair, les gens qui ont manifesté hier, que se soit Québec solidaire, la CSN, quelques étudiants dont le niveau intellectuel n’est pas très élevé de Concordia, et hélas de mon université, l’UQAM, c’est gens-là, en plus de ne rien comprendre, sont à mon avis fondamentalement des racistes. Et j’accuse pas les gens de racisme facilement. D’une part, on peut tuer les Juifs, ça n’a aucune importance, ils s’en foutent. Donc, quand on tue des familles juives en Israël, c’est le cadet de leurs soucis. Deuxièmement, on peut tuer autant d’Arabes qu’ont veut, ça n’a aucune importance. Après tout, on a en tuer déjà 40 000 en Syrie, ils s’en foutent éperdument. Mais si jamais, on peut démontrer qu’un Arabe a été tué par un Juif d’Israël, alors là c’est une bonne victime, dans ce cas-là on en parle. Autrement dit, si je suis un terroriste de Hamas, je lance des fusées sur la population civile israélienne, et les Israéliens, ah! ah!, me répondent en me tirant dessus, mais qu’il y avait quelqu’un à côté de moi, moi je suis une victime, et les gens descendent dans la rue à Montréal en ma faveur.

Animateur 1 :
Mais, M. Bauer, là je vous écoute, pis c’est quand même grave de quoi vous accusez ces gens-là dans les rues hier. Je peux pas croire qu’ils sont aussi innocents que ça. Pas innocents dans le sens de innocents non-coupables.

Julien Bauer :
Ils ne sont pas innocents, ils savent très bien ce qu’ils font.

Animateur 1 :
Ils le savent vous pensez?

Julien Bauer :
Une minute. Amir Kadhir sait très bien ce qu’il fait, Françoise David sait très bien ce qu’elle fait. Ce ne sont pas des imbéciles ce sont des gens qui sont simplement, qui ont décidé de mettre leur intelligence au service du mal. Oubliez pas une chose, si on remonte dans l’histoire, il y a pas tellement longtemps, il y a plein d’intellectuels qui étaient en faveur de Hitler, de Staline, de Pol Pot, de tout plein de toutes sortes de gens qui avaient 10 millions de morts sur la conscience.

Animateur 1 :
Attendez expliquez nous un peu M. Bauer. Où ça?

Julien Bauer :
Bien. Où ça? Vous prenez les intellectuels français, anglais, britanniques, américains, etc., dans les années 1940, qui étaient en admiration devant Hitler, devant Staline. Ils l’ont écrit, ils l’ont dit, ils l’ont fait. Pourquoi? Parce que, alors c’est très gênant à dire pour moi parce que je suis professeur, les intellectuels ont souvent une tendance à se conduire comme des prostitués et à aller du côté du plus fort. Et aujourd’hui, le plus fort apparemment pour eux, c’est non pas l’Islam, mais l’islamisme triomphant, les fous furieux qui veulent un Califat mondial. Donc, mon vieux, c’est pas grave, on va aller avec eux, mais nous on est quand même des gens biens

Animateur 1 :
Ok. Mais M. Bauer, je vous arrête là-dessus, mais je veux juste savoir quelque chose ok, là je vous suis, pis c’est très clair, mais pourquoi d’abord on fait juste montrer les dégâts dans la Bande de Gaza. Là on nous montre des enfants morts depuis à peu près deux-trois jours, c’est dégueulasse. Pourquoi d’abord est-ce qu’on nous montre pas cet autre côté-là dans les médias? Quand le Hamas va envoyer des roquettes sur Israël, pourquoi ça on ne le voit pas, pourquoi on n’explique pas que le Hamas va souvent… Ça me fait penser un p’tit peu, le Hamas et le Hezbollah même chose ?

Julien Bauer :
Non, mais c’est assez proche comme…

Animateur 1 :
Parce des fois, parce que souvenez-vous avec le Hezbollah dans le temps du Liban, on utilisait des familles comme bouclier. On se mettait derrière, on pitchait des lances-roquettes, pis après ça quand on répliquait contre le Hezbollah, bien là on sortait dans les rues avec des enfants décédés. Oui, mais bien là, c’est parce qui pitchait des roquettes derrière caché dans la famille.

Julien Bauer :
Deux points. Le chef de Hamas aujourd’hui est dans un abri 5 étages en dessous de la surface de la terre et au-dessus il y a un hôpital. Autrement dit, on peut pas y toucher il y a un hôpital au-dessus. Ce sont des gens qui se cachent derrière les femmes et les enfants. Les points de départ des roquettes, c’est dans des mosquées, dans des écoles et dans des hôpitaux. Et, ils savent très bien ce qu’ils font. Ils sont prêts à tuer leur propre population. Dix pour cent des roquettes envoyés vers Israël n’y arrivent pas mais tombent sur Gaza. Aucune importance. Ils sont prêts à tuer leur propre population. Maintenant, pourquoi les journalistes se conduisent de cette façon-là? Il y a plusieurs raisons mais une qui est essentielle. Les journalistes au Proche-Orient on une peur panique des organisations arabes. Pourquoi? Parce qu’ils ont peur de se faire descendre. Ils savent qu’ils peuvent dire n’importe quoi contre Israël, ils ne risquent rien du côté israélien. Autrement dit, ils se mettent du côté qui est le plus facile, le moins dangereux. Et en plus de cela, il est vrai que c’est plus facile de prendre des photos ou des images à Gaza qui est beaucoup plus petit que les villes qu’ont été ciblés par Hamas, parce qu’il y en a beaucoup plus et sur un rayon beaucoup plus grand. Et comme les Israéliens ont un système anti-missiles qui marche relativement bien, il y a relativement moins de dégâts. Par conséquent, une maison démolie à Gaza, ça fait le tour du monde, une maison démolie à Kyriat Malakhi en Israël, on n’en parle pas.

Animateur 1 :
Mais M. Bauer comment on peut régler le problème? D’abord dites nous comment ça peut dégénérer parce que dans le contexte où a exhumé le corps de Yasser Arafat qui aurait été potentiellement empoisonné au polonium. Si on le démontre ça dans la prochaine semaine je crois, d’ici dix jours on devrait avoir les résultats. Qu’est-ce qui peut arriver dans cette région du monde-là, est-ce que ça peut dégénérer?

Julien Bauer :
Bon alors d'abord que l'histoire d'Arafat à mon avis ça tient pas debout parce que cette histoire d'empoisonnement est peu vraisemblable et en plus de ça, apparemment, même s'il a été empoisonné c'est un poison qui ne laisse pas de trace après quelques années. Donc on ne pourra rien prouver, on va sans doute dire que on ne peut pas le prouver mais que ça aurait pu arriver, autrement dit, ça n'a aucun sens. Maintenant qu'est-ce qui va arriver, la réponse est : lorsqu'on a affaire à des fanatiques, encore une fois leur but c'est une dictature mondiale, ils ne le cachent pas, ils le disent, il faudrait peut-être écouter ce qu'ils disent. Ils estiment *** qu'il faut tuer tous les juifs, c'est clair, ce sont des appels au ***. Le minimum c'est qu'ils ne puissent plus envoyer de roquettes, et de missiles et de fusées, de tout ce que vous voulez, sur la tête de leurs voisins. Tant qu'ils ont les moyens et la volonté de le faire, c'est le devoir des israéliens non seulement de défendre leur population, aucun État ne peut laisser sa population se faire attaquer comme ça, mais de défendre un minimum de civilité dans le monde parce que si on laisse le voisin impunément vous envoyer des roquettes sur la figure, ça commence en Israël, ça arrêtera où? À Québec?

Animateur 1 :
Ouais mais monsieur Bauer je suis en train de regarder, voyez on me dit que, je regarde un peu là, y a un site libanais affilié au Hezbollah qui est en train de dire que le Hezbollah et l'Iran sont ouverts à faire un pont pour fournir le Hamas en missiles. Ça finira pas tout de suite cette affaire là?

Julien Bauer :
Ben écoutez, si on peut tirer mille missiles en quatre jours, ça prouve qu'ils en ont des dizaines de milliers.

Animateur 1 :
Ouain c'est ça mais pensez-vous qu'on va pouvoir s'asseoir à moment donné et discuter? Non?

Julien Bauer :
Comment voulez-vous discuter avec des gens qui disent : « mon seul et unique objectif c'est de vous tuer »?

Animateur 1 :
Non, je comprends très bien. Ben c'est sûr. Donc tout ce qui reste, c'est que ça va dégénérer.

Julien Bauer :
Le mieux qui puisse arriver c'est que Hamas soit battu et dise ben pendant quelques années on va attendre avant de recommencer à essayer de tuer nos voisins, parce que ça fait mal. Mais sinon, hélas, une solution pacifique avec des gens violents qui disent « la mort est bonne *** » ils le disent, ils le disent, c'est ça qui est incroyable. Mourir est une bonne chose si on tue tous les ennemis, et les ennemis c'est quasiment tout le reste du monde.
Animateur 1 :
Faque finalement on va continuer à voir des images comme ça qui vont continuer à défiler dans la télévision, les journaux...

Julien Bauer :
Oui et on va continuer à voir, si on prend ça par le petit bout de la lorgnette, on va continuer à voir ce qu'on appelait les... les idiots de service. C'est ce que les communistes appelaient les gens qui savaient très bien que Staline était une crapule mais qui défilaient quand même dans les rues en faveur de Staline parce qu'ils croyaient que c'était bon pour le progressisme, pour la libération des peuples, etc. Vous continuerez à voir des gens au Québec, sachant très bien ce qui arrive, comprenant parfaitement ce qui arrive, qui continueront à manifester en faveur de ce qu'il faut bien appeler un fascisme islamiste.

Animateur 1 :
Monsieur Bauer, merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous parler ce matin.

Julien Bauer :
C'est moi qui vous remercie.

Animateur 1 :
Merci, bonne journée. Monsieur Julien Bauer, de l'UQAM, département de science politique de la Faculté de science politique et de droit. Doctorat en science politique qui, euh, qui a fait beaucoup de publications, qui que ça fait changement parce que c'est totalement le discours inverse de ce qu'on entend présentement dans les médias là!

Animateur 2 :
Exactement, qui inverse le discours, parce que les gens taxent justement les américains et Israël de fascisme. Lui il dit non, les vrais fascistes ce sont les Palestiniens avec le Hamas. Ben là il utilise quand même des parallèles avec Hitler, Staline, les gens qui supportaient, il y va pas avec le dos la cuillère.

Animateur 1 :
Non, je trouve qu'on est allés loin, même, je veux dire, IL est allé loin ce matin là-dedans là!

Animateur 2 :
Peut-être frustré de voir que y a des gens qui manifestent juste d'un côté.

mercredi 21 novembre 2012

"Alerta! Alerta! Antifascista! (///) Manifestation Antifascista"

Communiqué de l'Anti-Raciste Action:

Alerta, alerta; antifascista!!!!
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Comme l'année dernière les fachos retentent le coup avec leur "marche contre la dénationalisation".
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Like last year, the fascist are doing it again with the 'marche contre la dénationalisation'


L'année dernière la manif avait été attaquée par les antifas:
Antifas attacked last years demo:

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Cette année, les fachos se sauvent de Montréal!
Nous appelons tout de même une contre-manif ce samedi, le 24 novembre 2012 à 13 heures au Parc Émilie Gamelin. Contre toutes les formes de fascisme; quelles soient étatiques, économique, autoritaires, patriarcales ou culturelles! Par tous les moyens nécessaires!

This year, the fascists are fleeing Montreal!
We're still calling a counter-demo this saturday, november 24th 2012 at 1pm in parc Émilie Gamelin.
Against all forms of fascism; the state's, it's economics, it's authoritarian and patriarcal values and it's racist cultures! By any means necessary!


Pour en savoir plus sur la manifestation néo-nazie:

mercredi 14 novembre 2012

"Nous ne sommes pas toutes Martine Desjardins"

via Je suis féministe

L’hommage décerné par Relais-femmes à Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, (FEUQ) doit ête remis en contexte[1]. Connaissez-vous vraiment la FEUQ? Savez-vous que ce sont les militant-es des associations étudiantes locales qui, depuis le dépôt du budget Bachand en mars 2010, ont préparé avec acharnement la campagne de grève massive contre la hausse des frais de scolarité, ont permis aux votes de grève générale en assemblée générale de se bousculer à l’hiver 2012? Et que ce n’est qu’alors que la FEUQ s’est vue contrainte de changer sa veste de bord et d’appeler elle aussi à la grève?

Martine ne représente pas les féministes étudiantes. Elle représente la FEUQ, organisation aux positions et décisions souvent critiquées, contre laquelle des groupes d’étudiant-es ont lutté. Pourquoi n’avez-vous pas choisi plutôt de rendre hommage aux femmes ou féministes qui ont fait un travail de terrain ardu pendant cette grève (fonds de solidarité post-grève, parents étudiants grévistes, militantes des comités de mobilisation et des comités femmes, etc.)? Les remercier en leur substituant des figures féminines médiatisées pendant la grève n’est pas suffisant. Votre choix d’individualiser cette lutte collective en honorant une seule figure politique étudiante camoufle la spécificité des revendications, actions, débats et modes d’organisation des féministes en milieu étudiant, développés bien avant la grève et qui sont ignorés par le mouvement et par les média[2].

Vous contribuez ainsi à invisibiliser le travail militant féministe. Le billet de Relais-femmes au sujet de Martine Desjardins insinue que les militantes dans la rue, dans leurs assemblées générales et dans leur comité de mobilisations voulaient faciliter sa présence dans l’espace public comme défenseure des étudiantes. Ceci est faux. Au contraire, nombreuses étaient les militantes qui s’organisaient contre cette perspective de représentation politique véhiculée par la FEUQ, y substituant des principes de démocratie directe. Pourquoi les femmes et les féministes du mouvement étudiant voudraient-elles déléguer leur pouvoir de décision et d’action à une représentante de la FEUQ au sein de laquelle les espaces féministes sont absents, réprimés, voire ridiculisés?[3]

La FEUQ se dit soucieuse de la condition des mères monoparentales, du salaire différencié des femmes et de la pension alimentaire dans les calculs de l’Aide financière aux études. Mais ces prises de position se sont faites sans participation, contribution critique ni présence de militantes femmes et féministes organisées. Voilà le cœur du problème. Si Martine Desjardins veut défendre au nom de la FEUQ la situation précaire des femmes au Sommet sur l’éducation supérieure, à quelles base démocratique répondra-t-elle? Plusieurs féministes étudiantes sont contre la présence d’organisations nationales étudiantes à ce sommet bidon qui vise à consulter des représentant-es divers-es sur des questions déjà enlignées aux plans de restructurations économiques gouvernementaux. Mais peu importe, la FEUQ y participera et n’entamera pas de débat réel avec ses membres sur la question : la présence de la fédération comme acteur crédible auprès du gouvernement péquiste coule de source.

N’allez pas croire que ces critiques concernent la personnalité de la présidence de la FEUQ; c’est une question de structures et de culture organisationnelle. Le sourire et les traits de caractère de Martine Desjardins n’y changent rien. Ce n’est pas sur ces bases que l’on devrait juger de son apport à la lutte, mais plutôt sur l’organisation qu’elle soutient : ses membres actuels, son histoire, le rapport des associations étudiantes membres actuels face à leur histoire, la vision des perspectives de luttes étudiantes, etc. On ne peut pas retirer les individus d’un large processus historique. La FEUQ est depuis sa création une organisation concertationniste qui nuit au mouvement étudiant combatif. Martine est-elle prête à sortir publiquement pour se dissocier des actes commis par le passé qui ont causé du tort au mouvement étudiant et par ricochet au mouvement autonome des femmes? En effet, ce genre de lobby étudiant aux pratiques démocratiques maintes fois contestées (voir les différents dossiers sur le putsch à l’AÉTELUQ, les pratiques d’affiliation-désaffiliation, la quasi-absence de démocratie directe, etc.)[4] ne peut être considéré comme un acteur ayant combattu pour l’amélioration des conditions de vie des femmes. Au contraire, au sein de la fédération et des associations étudiantes membres de celle-ci, on ne retrouve aucun mécanisme formel encourageant l’organisation sur une base féministe qui permettrait aux étudiantes de gérer elles-mêmes leurs affaires. Contrairement à la FEUQ, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et des associations étudiantes locales ont développé au cours de leur histoire plusieurs revendications, positions, modes d’action et mesures féministes que des militantes s’acharnent à faire appliquer, non sans embûches.

D’ailleurs, plusieurs de ces femmes ont été confrontées personnellement à la répression politique, administrative et policière pour avoir osé rendre cette grève combative et démocratique. Et l’attitude des fédérations étudiantes à l’égard des actions de perturbations n’y est pas étrangère.[5] Lors des négociations avec le gouvernement au printemps dernier, les organisations nationales étudiantes ont joué la game en essayant à tout prix d’être reconnues comme interlocutrices crédibles et raisonnables auprès du gouvernement. Et pour y parvenir, il fallait dénoncer la supposée violence des grévistes comme l’a ouvertement expliqué Pier-André Bouchard St-Amant, ancien président de la FEUQ, dans une lettre Devoir adressée aux délégué-es du congrès de la CLASSE, Dénoncez la violence, venez négocier![6] Pour les femmes-féministes qui se sont activées tout au long de la grève, il s’agit hors de tout doute d’une attaque politique en règle. La dénonciation et la stigmatisation font partie intégrante du processus de répression, car elles apportent une caution à celle-ci. Comme l’ont écrit mes collègues du comité femmes GGI-UQAM, « il n’est en aucun cas pacifique de demeurer passifs ou passives face à la répression de cet État paternaliste »[7]. Il s’agit d’une des contradictions majeures auxquelles se heurtent les fédérations étudiantes : faire semblant de lutter contre l’État tout en prenant soin de ne pas briser une base de bonne entente équivaut à abandonner la lutte.

Et le résultat de ce jeu cruel, ce sont les femmes mêmes avec qui Martine partage son hommage qui en paient la note encore aujourd’hui. Plusieurs en auront pour des mois, certaines pour des années à soutenir la violence des conditions de libération qui leur sont imposées (couvre-feu, périmètre, interdiction d’être en présence de proches, etc.) ou à s’épuiser devant le long processus de contestation de contraventions injustifiées. Pourquoi ne pas plutôt rendre franchement hommage à ces femmes-là? N’est-ce pas assez prestigieux que d’avoir affronté la police matins et soirs pour améliorer leurs conditions d’existence ou d’avoir confronté leurs collègues de classe aux portes de l’école pour défendre le droit de grève? Ne sont-elles pas d’assez bons modèles féministes pour qu’on souligne sans équivoque le caractère exceptionnel de leur contribution au mouvement? Et pourquoi ne pas appuyer ouvertement du même coup la revendication étudiante du retrait des charges criminelles, pénales et institutionnelles liées au conflit étudiant ? Martine s’est d’ailleurs prononcé le 13 novembre 2012 contre l’abandon des poursuites judiciaires, se désolidarisant du même coup avec ses collègues étudiant-es.[8]

Bref, peut importe que Martine soit plus ou moins féministe et qu’elle soit sensible aux conditions d’existence des femmes étudiantes, la grève est le fruit d’un effort collectif. Mettre en valeur les efforts personnels de réalisation de soi d’une «leader» étudiante laisse de côté l’action collective de libération des femmes en prenant peu en compte le fondement économique et politique au sens large, de leurs oppressions spécifiques.

Camille Tremblay-Fournier



[1] http://www.relais-femmes.qc.ca/nouvelle/hommage-a-martine-desjardins

[2] Voir la Gazette des femmes sur cette question d’invisibilisation des militantes féministes étudiantes dans le cadre d’une grève : http://www.gazettedesfemmes.ca/4781/etudiantes-melez-vous-de-vos-affaires-mais-melez-vous-en/

[3] L’hommage de Relais-femmes n’est pas sans rappeler l’article de la Vie en Rose suite à la grève étudiante de 2005. L’ancienne présidente de la FECQ et secrétaire générale de la FAÉCUM, Julie Bouchard, signataire du manifeste de Lucien Bouchard pour une hausse sauvage des frais de scolarité, avait été nominée « grande femme de 2005 ».

[4] https://stopfecqfeuq.wordpress.com/desaffiliations/

[5] http://voir.ca/marc-andre-cyr/2012/03/07/greve-etudiante-la-tragedie-la-farce-et-la-feuq/

[6] http://www.ledevoir.com/societe/education/347784/greve-etudiante-denoncez-la-violence-venez-negocier

[7] Extrait tiré d’un zine Qui nous protège de la violence de l’État?, distribué dans le cadre d’une manifestation étudiante ce printemps.

[8] « L’amnistie pour les gens qui étaient dans des manifestations pacifiques, oui. Pour les autres, ben malheureusement, ils ont pris la décision de faire des actes de violence, de faire des actes passibles de poursuites criminelles, alors ils devront faire face à la musique », indique la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, voir l’article complet http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/11/13/001-conflit-etudiant-demande-enquete-publique-operations-policieres.shtml