dimanche 26 août 2012

Réponses aux détracteurs et détractrices de la poursuite de la grève

Dernièrement, plusieurs ont invoqué que dans un contexte où le mouvement de grève s’essouffle, qu’il n’y avait (1) aucune utilité stratégique à reconduire la grève. On a entendu ce type d’argument dans le cadre des débats sur la reconduction de la grève dans les assemblées étudiantes, on avançait que (2) le petit nombre d’une assemblée donnée ne pouvait avoir d’impact pour l’ensemble du Québec. D’autres arguments furent aussi apportés pour nourrir la démobilisation, notamment le fait (3) qu’il fallait plutôt se mobiliser massivement pour transposer notre opposition dans la sphère électorale (donc institutionnelle). De plus, on a aussi entendu que si (4) notre bataille présente était finie, et qu’on devait être lucide et l’accepter, par contre notre mouvement existait toujours, donc d’autres batailles étaient à venir. Nous tenterons de répondre ici à ces objections quant à la continuation de notre mouvement de grève étudiante sans précédent dans l’histoire du Canada.

(1) L’existence persistante d’un mouvement de grève, même très moindre que ce qu’on a connu au printemps 2012, constitue une menace potentielle pour le prochain gouvernement québécois et maintient vivant dans l’espace public nos revendications. Cette menace potentielle constituant un noyau dur sert à rappeler au prochain gouvernement quelle doit être sa priorité numéro un, car si les lendemains électoraux venaient qu’à décevoir le mouvement étudiant, d’autres associations étudiantes collégiales ou universitaires pourraient décider de le rejoindre par des votes de grèves. De plus, il est évident que des influences puissantes agissent sur tout gouvernement, notamment celle de la communauté d’affaires et celle des idées néolibérales, et que ceux-ci se sentent peu ou pas liés par leurs promesses électorales qui ne visent au fond qu’à nous vendre leur parti que nous achetons avec nos votes. Dès lors, la prudence est de mise devant les bienfaits potentiels que nous pourrons tirer de l’élection hypothétique du Parti québécois. Et si d’aventure nous devions nous retrouver devant un gouvernement libéral ou caquiste, nous serrions alors nu-e-s comme l’empereur de la fable se croyant vêtu des plus riches parures.

(2) La grève du printemps dernier constitue justement l’agrégation de petites associations étudiantes à travers le Québec qui ensemble ont constitué un grand mouvement, et si chacune d’entre elles s’était justement dit que son poids était dérisoire et son action vaine, nous n’aurions pas connu cette mobilisation massive. D’ailleurs, dans le contexte actuel où l'on voit le mouvement de grève décroître, et où l’on se dit que cette décroissance est une donnée objective, et finalement que l’on cède à la réalité en quittant le bateau en perdition, on en vient plutôt à transposer cette idée que le mouvement décline en une réalité, il y alors prophétie auto-réalisante empêchant justement de mettre un frein au déclin numérique de notre mouvement. Combien d’associations étudiantes sont-elles tombées en invoquant cette « fatalité », en amenant d’autres à tomber aussi en en appelant toujours à cette « fatalité ». À cela on ne peut que répondre par le courage politique et l’espoir, deux des ferments de la grève actuelle qui nous ont permis de s’opposer au pouvoir étatique et à ses moyens de répression ainsi qu’à nos administrations scolaires voulant miner notre mouvement.

(3) Le mouvement de grève actuel, par son existence même et ses revendications, constitue une critique de nos institutions politiques libérales et de leur présomption à détenir seules la légitimité politique. Le maintien du mouvement de grève permet donc la continuité de la présence publique de cette critique voulant que la rue, le peuple, et les groupes collectifs non étatiques jouissent aussi d’une partie, sinon, de toute la légitimité politique. L’arrêt du mouvement de grève en un contexte électoral en vient ainsi à dire, par cet arrêt même, que seule la sphère institutionnelle possède la légitimité dans notre régime et peut trancher les différents politiques par la « volonté des urnes ». C’est dire aussi que tout notre mouvement visait à obtenir des élections dans le régime politique actuel, donc que nous nous accommodons très bien du statu quo tant que l’on nous accommode en tant que « groupe de pression ». Or, justement, le mouvement étudiant n’est pas un groupe de pression, la portée de nos revendications, touchant notamment la place de l’université dans la société, dépasse nos seuls intérêts immédiats (soit la hausse des frais de scolarité). De plus, avec la population qui nous a rejoint dans les manifestations, le mot d’ordre disant que « La grève est étudiante et la lutte populaire » s’est validé.

(4) Certes, la fin d’une bataille, advenant que c’est actuellement le cas (ce dont je doute fortement) ne constitue pas nécessairement la fin du mouvement social qui l’a vue naître. Nous ne contestons pas la validité de cette affirmation, mais elle ne dit pas toute la vérité. En effet, les batailles présentes nourrissent le mouvement futur, elles constituent des exemples à suivre, elles créent des mythes appelant les nouvelles générations à l’émulation. Mais pour cela, ces batailles doivent pouvoir être interprétées positivement, c’est-à-dire qu’elles doivent pouvoir laisser espérer aux successeur-e-s que la lutte valait le coup plutôt que la passivité, car cela était garant de gains importants que ne procurerait pas la sphère institutionnelle. En arrêtant notre mouvement maintenant sans gain, comment nourrirons-nous l’imagination des prochain-e-s militant-e-s ? Que diront-ils et elles de notre bataille longue et épuisante, mais vaine ? En ce sens, nous n’avons pas qu’une responsabilité à notre égard, mais aussi envers nos futur-e-s camarades de lutte.

Voter ou ne pas voter ? Nous dirions que la réponse nous appartient, tant d’arguments pour ou contre s’avèrent valides. Mais même si l’on vote, on peut toujours se mobiliser car c’est par la pression de la rue que les gouvernements accordent des gains aux mouvements sociaux et non parce qu’ils seraient bienveillants. En somme, comme on le voit, le maintien de la grève, même si nous ne sommes que 20 000, a de grands avantages stratégiques. De plus, en février dernier la plupart des associations étudiantes s’étaient dotées d’un plancher de grève de 20 000 étudiants. À ce moment plusieurs ont soutenus que ce plancher était trop grand, qu’il était inatteignable et qu’il risquait de rendre l’effectivité de la grève impossible. Or, une fois ce plancher atteint (en très peu de temps d’ailleurs), il a fait boule de neige et ce plancher a été très largement dépassé en moins d’un mois. Donc, si ce noyau se maintien, il sera plus facile de remobiliser le mouvement. Par ailleurs, il y a six mois, nous considérions qu’à 20 000 le mouvement disposait d’un nombre des plus suffisant pour établir un rapport de force viable avec le gouvernement. Dans cette perspective, comment aujourd’hui nous pourrions soutenir le contraire? Parce que nos prédictions et nos espoirs ont été dépassés? Nous devons nous rappeler de notre situation il sept mois et nous rappeler qu’à plus de 20 000 grévistes, le mouvement est toujours fort. Il est moins fort peut-être, mais il n’est pas encore moribond. Qui plus est, si nos espoirs et nos prédictions furent une fois dépassés, il est possible qu’ils le soient encore une seconde et une troisième fois. Rappelons nous qu’à 20 000 grévistes, le mouvement dénote déjà d’une très forte mobilisation. Or aujourd’hui, nous sommes encore plus de 20 000 étudiant-e-s disposant d’un mandat de grève générale illimitée.

David Sanschagrin, Nour Benghellab et René Delvaux

vendredi 24 août 2012

La résistance uqamienne s'organise!

Selon les votes de reconduction décidés par les assemblées générale, nous serons donc l'AFEA, l'AFESH, l'AEMSP et l'AECSSP à résister activement à partir de lundi... Ces assos seraient le coeur de la résistance à l'UQAM? Quelle surprise! < /sarcasme>; Je vois sur bloquonslahausse qu'urbanisme et études urbaines sont aussi en grève, mais je ne sais pas à quel point c'est effectif... D'une manière où d'une autre, les gens vont devoir s'entraider pour les levées de cours.

Pour nous encourager voici les deux bonnes nouvelles d'hier; tout d'abord le syndicat des profs de l'UQAM (SPUQ) a décidé en assemblée générale de défier la loi 12 si les conditions normales d'enseignement ne sont pas respectées. Bref, s'il y a perturbation les profs et leurs déléguéEs syndicaux devront en prendre note et illes sont prêts à arrêter d'enseigner s'il le faut. La CSN les appuiera dans cette démarche.

Ensuite, une résolution adoptée par la Comission des études. Celle-ci indique que le message envoyé le 20 août (vous vous rappellez quand l'UQAM nous avertissait que les cours allaient commencer le 27 coûte que coûte?) doit être corrigé par un message réitérant la légitimité des votes de grève.

Que de bonnes nouvelles! :)

Rendez-vous devant les locaux de l'AFÉA à 7:30 lundi


Les libellés exacts:

- Résolution adoptée le 23 août par la Commission des études de l'UQAM -

Conditions de reprise des cours de la session d'hiver 2012

ATTENDU que la Commission des études a reconnu "que la reprise des cours est conditionnelle au vote de retour en classe des associations étudiantes" (résolution 2012-CE-12049 adoptée à la réunion du 5 juin 2012);
ATTENDU la résolution 2012-A-15714 du Conseil d'administration qui a reçu la résolution 2012-CE-12049 sans la prendre en compte;
ATTENDU le message à toute la communauté de l'UQAM envoyé par la direction le 20 août 2012;

IL EST PROPOSÉ que la Commission des études :

RÉITÈRE que la reprise des cours est conditionnelle au vote de retour en classe des associations étudiantes;
DEMANDE à la direction de corriger dès maintenant son message à la communauté diffusé le 20 août 2012 par un nouvel envoi réitérant la résolution de la Commission des études.

- La proposition adoptée par le SPUQ -

ATTENDU le climat d’incertitude et le contexte extraordinaire de la rentrée;

ATTENDU les votes pris et à venir des associations étudiantes de l’UQAM concernant la reconduction de la grève;

ATTENDU la reconnaissance explicite des libertés politiques et universitaires dans la convention collective des professeures, professeurs et celle des maîtres de langue;

ATTENDU que, tel que stipulé dans un message de la Direction paru sur le site Web de l’UQAM, « les professeures, professeurs, maîtres de langue et chargées de cours, chargés de cours ne peuvent enseigner à des salles vides ni lorsque la sécurité des personnes présentes ne peut être assurée ni encore lorsque les conditions pédagogiques minimales (calme, écoute, disponibilité pour suivre un cours) ne sont pas réunies » [page consultée le 5 juillet 2012];

ATTENDU que le fait de ne pas offrir sa prestation d’enseignement peut constituer, suivant certaines circonstances, un non-respect de la convention collective, du Code du travail et de la loi 12 (projet de loi 78);

ATTENDU que l’Assemblée générale a été informée des conséquences qui peuvent découler d’un non-respect de la convention collective, du Code du travail et de la loi 12 (projet de loi 78);

IL EST RÉSOLU QUE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE :

INVITE les membres touchés par des actions ou circonstances perturbant fortement les conditions normales d’enseignement à exercer leurs libertés politiques et universitaires conformément aux conventions collectives. La décision de ne pas offrir de prestation d’enseignement est prise de concert avec une déléguée, un délégué syndical en concertation avec le Comité exécutif et la FP-CSN. Cette évaluation est faite ponctuellement, pour chaque séance de cours;

MANDATE le Comité exécutif du SPUQ pour déclencher un arrêt de prestation d’enseignement dans des programmes ou des facultés dans l’éventualité où les conditions normales d’enseignement ne sont pas réunies pour ces programmes ou ces facultés et que la prestation de travail est tout de même exigée par l’Université.

samedi 18 août 2012

Les votes de grève dans les cégeps

*Ce texte fait originellement partie d'une invitation à écrire aux médias pour dénoncer les administrations ayant fait pression sur les étudiantEs du cégep dans le but d'influencer les votes de retour en classe: Dénonçons la campagne de peur du PLQ

Voici un exemple de lettre aux médias (Merci à Prof contre la hausse et Isabelle Baez pour ces informations) :
Une démocratie sous le joug de la peur

La plupart des médias parlent du retour en classe des cégépien(ne)s comme si le vote se déroulait sans pression ni contrainte, comme s'ils (elles) votaient avec leur coeur, pour un retour en classe. Un retour à la raison, n'est-ce pas?

Saviez-vous que :

L'administration du cégep du Vieux-Montréal demande à ses professeurEs de mettre un ECHEC à touTEs leurs étudiantEs si le vote de grève passe. On ne parle pas d'une annulation de la session, ni d'un "incomplet" (comme ils auraient facilement pu avoir) mais bien d'une mention d'Échec individuelle.
Une vérification a été faite auprès de l'administration, car de telles mesures ne semblaient pas applicables. Eh bien, si! Raison de l'administration : le Ministère nous a informé qu'on ne peut avoir d'annulation de session parce que cela signifierait zéro argent, une disparition totale de l'existence de la cohorte hiver 2012 et mettrait le cégep dans une mauvaise posture.

Ceci est également vrai pour d'autres cégeps de la grande région de Montréal (et possiblement ailleurs).

Donc, si on résume :
- pendant six mois, on a menacé les étudiantEs d'une annulation à toutes fins utiles impossible.
- une adminsitration peut subir une telle pression du gouvernement et ne peut, par conséquent, convoquer une conférence de presse ou émettre un communiqué quelconque pour dénoncer cette pression.
- l'administration du cégep lève les cours pour que le plus d'étudiantEs puissent voter LIBREMENT (de qui se moque-t-on?) dans un tel climat de peur.

Cette tactique odieuse du gouvernement (en complicité avec les directions de cégeps) pour influencer le vote des cégepien(ne)s se doit d'être dénoncée haut et fort! La démocratie ne peut s'appliquer sous un tel régime de peur et d'intimidation.

En espérant que vous fouillerez ce sujet plus en profondeur pour le dénoncer au grand jour.

Anne-Sophie Gousse-Lessard
Candidate au Ph.D en psychologie sociale
Citoyenne
Militante


mardi 7 août 2012

Dernière semaine pour vos témoignages sur la répression!

La Ligue des droits et libertés, le Comité légal de la CLASSE et l'Association des juristes progressistes se réunissent pour récolter, d’ici le 13 août 2012, les témoignages d'étudiants et d'étudiantes et de citoyens et de citoyennes qui, depuis le début de la grève étudiante, ont fait l'objet d'intimidation ou de brutalité policière, d'arrestation, de détention, d'accusation quelconque ou encore de représailles ou refus d’accès à des lieux publics ou des services (notamment pour avoir porté le carré rouge).

Les trois organismes entendent produire un rapport avec ces témoignages, permettant ainsi d'avoir un aperçu plus global de l'ampleur de la répression policière, judiciaire et politique.

IMPORTANT: Consultez l'AIDE-MÉMOIRE pour vous aider à rédiger votre témoignage, disponible en ligne:
www.facebook.com/events/443149859050977#!/events/443149859050977/

Envoyez-nous vos témoignages, qui seront analysés en toute confidentialité à : temoignage@liguedesdroits.ca.

vendredi 3 août 2012

Ce que je pense des élections...


J'ai quand même tout plein d'admiration et de fierté pour l'energie et l'amour que tu y mets Nat :) . Je ressens de la déception/frustration parce que je vous vois tous et toutes, ma belle gang d'engagéEs, mettre de l'énergie dans la mobilisation à un truc que je crois secondaire à la mobilisation contre la hausse/contre la "loi 78" (et peut-être même nuisible), mais je constate aussi ce qui vous anime et les valeurs que nous partageons. Tu sais aussi que je vais voter QS même si je pense qu'on est en train de perdre un temps et une énergie précieuse à un moment déterminant. Oui je vais prendre 15 minutes de ma vie pour le faire parce que je crois que je partage beaucoup de valeurs communes avec des gens qui composent ce parti, et qu'il y a une différence qualitative profonde entre me défendre contre un État ayant le PLQ à sa tête et me défendre contre un État ayant QS à sa tête (pis peut-être dans le fond que je trouverais ça ben drôle de voir M. Massé accompagner A. Khadir au Parlement pour dire des choses qui scandaliseraient les autres parlementaires^^).

 Bonne chance et ne te brûle pas trop, c'est long cinq semaines.