Les «formations à rabais» se multiplient, remarque pour sa part Jacques Hamel, professeur de sociologie à l'Université de Montréal.
Il entend par là des programmes courts, «qui offrent ce que le client demande»; pas trop de transmissions de connaissances fondamentales, beaucoup de compétences directement liées au marché du travail.
Un professeur en éducation qui demande l'anonymat parce qu'il dit «avoir assez payé de sa personne» considère que l'université est devenue en grande partie «un crime contre l'esprit, un détournement de fonds publics» et que les départements d'éducation sont minés par l'endoctrinement idéologique du ministère de l'Éducation. Le fond du baril? Le bac en enseignement primaire. «J'ai vu des étudiants en éducation primaire à qui l'on demandait de bricoler une maternelle en carton. J'ai déjà lu un mémoire de maîtrise qui portait sur l'astrologie comme moyen d'orientation scolaire. Ce qui est important, pour l'université, c'est d'être rentable, d'admettre le plus d'étudiants possible, sans s'inquiéter de ce que les étudiants en sortent ignorants.» [...]
Suzanne G.-Chartrand, professeure en éducation à l'Université Laval, déclarait à La Presse en novembre: "Ça fait 15 ans que je contribue à diplômer du monde qui ne devrait pas avoir le droit d'enseigner. () J'ai des étudiants dont je me dis: J'espère que mes petits-enfants ne l'auront jamais comme professeur." Dans Le Devoir, récemment, Mme Chartrand disait avoir été citée hors contexte et corrigeait le tir de façon encore moins rassurante. "J'ai enseigné à l'Université de Montréal, à l'UQAM, à Sherbrooke et à Laval. Or, je vois la même chose depuis 15 ans. Ce n'est certainement pas propre à (l'Université) Laval."
Dans l’esprit éclairé de nos administrateurs grassement payés et des avocats, mieux payés encore, qui élaborent leurs stratégies scélérates, l’université idéale est par-dessus tout une université rentable, une université qui enregistre des surplus, qui fait des profits. Au premier étage de la pyramide, des milliers d’étudiants de premier cycle avec, pour leur enseigner, des chargés de cours contractuels; au deuxième étage, une centaine de professeurs en titre qui, tout en dispensant l’enseignement aux cycles supérieurs, font de la recherche subventionnée et commanditée, et puis, logeant tout en haut, nos gestionnaires, qui assurent l’équilibre de l’édifice et tiennent de beaux discours démagogiques sur la qualité de l’enseignement et les retombées sociales de la recherche appliquée. [...]
J'ai toujours sentie que nous n'étions que des numéros et des chèques à recevoir, mais maintenant, on me le confirme et je sens mes revendications reconnues... [...]
Les universités sont aujourd'hui des machines à formation, alors qu'elles devraient être des institutions qui transmettent un savoir.
La différence? Une formation est quelque chose qu'on reçoit afin de bien performer au travail. Une bonne éducation développe l'esprit et le sens critique. [...]
Pour moi l'université sert à donner un bagage de connaissances, mais aussi de la discipline individuelle. C'est cette discipline qui est en train de se perdre. Si un cours est plus difficile que les autres, il faut travailler plus fort. Enfin, la situation actuelle n'est pas un problème pour les gens qui ont le désir d'apprendre et d'étudier. [...]
Je crois que le phénomène auquel nous assistons n'est que l'aboutissement d'une longue séquence de dominos. Dans un monde où, dès l'école primaire, l'enseignement est normalisé de manière à ce que tous «réussissent », comment s'attendre à ce que nos universités ne produisent qu'une petite élite, la crème de la crème? C'est tout le système qu'il faut repenser, depuis la racine. [...]
La personne qui obtient les plus hautes notes a mis les efforts pour les avoir, je vous le garantis. Aussi, n’oubliez pas que dans certains départements, 1500 personnes peuvent être admises, mais il n’y en a que 300 qui obtiennent leur diplôme au bout du compte. Est-ce donc vraiment dans ces cas là un diplôme à rabais? [...]
Je ne vois pas l’intérêt du gouvernement à donner la gratuité scolaire, si les étudiants sont une main d'œuvre appréciée.
D’une certaine manière, je suis convaincu qu’il y a un équilibre entre exigences scolaires et la réalité économique des étudiants. Pour que les études deviennent une priorité et pour que les universités deviennent des « usines « à élites, il faudrait reconsidérer la place de l’étudiant dans la société. Je suis persuadé que si les étudiants n’avaient pas d’emplois, ils seraient de meilleurs étudiants. C’est un problème de priorités sociales. On veut une économie croissante et forte. Si on voulait une société plus intellectuelle, cela ferait longtemps que les universités seraient plus exigeantes et gratuites. [...]
Avoir des notes à l'université c'est plus que la moyenne !!!
Avec ce genre de pratiques, les administrateurs encouragent et favorisent l'émergence d'incompétents !!! Mais, les performeurs sur papier ont toujours leur place au sein des entreprises... Est-ce que c'est ce que veut la société québécois ??? Veut-on de vrais professionnels ou des diplômés nuls à souhait ne sachant quoi faire de la théorie et encore moins de la pratique !!! [...]
La dernière série de commentaire est vraiment venue me chercher...
-Parce que je suis découragée de voir des étudiants "recycler" un travail dans un autre cours (ou 2 ou 3?) que celui pour lequel il avait été fait. (euh... et les connaissances acquises elles? Nulles)
-Parce que je suis découragée d'entendre des "oui mais je le comprend de tricher, il est tanné il a presque fini son bac". (Hein?!? Il le fait pourquoi son bac? Pour le vomir après?).
-Parce que j'HAIS les travaux d'équipe... spécialement quand mon équipe plagie un site internet... et qu'ils osent penser que ça ne me dérangera pas...
-Parce que moi je n'en vire pas de brosses dans mes dernières semaines... je ne vois même pas où prendre le temps!
-Parce que j'ai l'impression justifiée que je mets dans mes études, beaucoup plus de sérieux et d'énergie que bien d'autres... mais à la fin, bien que mon sentiment du "devoir accompli" va être supérieur, nous allons avoir le même papier... (moi et le dude qui triche ou les autres qui recyclent leurs travaux).
-Parce que quand j'étudie un examen, de savoir que certains cours font des examens EN ÉQUIPE AVEC LEURS NOTE DE COURS... ben ça me donne des tics nerveux.
-Parce que j'ai toujours pensé que l'université ne devait pas être facile, que ça devait être un défi intellectuel menant à la "selection naturelles" des "je veux ET je peux" et des "je veux mais sans trop de travail ok?"
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Boah... ça fait du bien de sortir le méchant^^
1 commentaire:
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