Nous étions un groupe de sceptiques-qui-aimeraient-être-convaincus à boire pour oublier après l'AG de mardi. Des connaissances nous ont rejoints et il y avait toujours de l’alcool sur la table. Les discussions roulaient bon train et une amie s'est avancé sur le terrain du féminisme:"Les gars, est-ce que vous vous considérez comme féministes?"
Le “oui” fut unanime et spontané, accompagné de grands hochements de tête approbateurs. Ils ont discuté sur le sujet et de l’avis de tous, c’était une belle conversation. Ils avaient plus ou moins changé de sujet quand un d’entre eux a commencé à avoir des propos déplacés envers les femmes.
Malaise autour de la table.
Le même individu pousse encore plus loin et embarque la gestuelle. Il colle la seule femme qui était présente et lui met le bras autour du cou.
Ma copine a explosé. Elle a envoyé chier le gars en question, a pris toutes ses affaires et est partie. Un des hommes présents lui a couru après pour lui dire que les autres et lui même se dissociaient totalement de ce que l’autre avait dit.
Le lendemain quand j’ai croisé tout le monde, j’ai entendu parler de l’histoire (parce que j’étais déjà partie à ce moment) par presque tous les participants à la discussion.
C’était beau à voir.
Les gars que je connais m’ont bien expliqué qu’ils se dissociaient de ce qui avait été dit à ma copine, que l’autre gars avait eu un comportement « complètement inacceptable », qu’il n’était pas leur ami, juste une connaissance de même en passant…
Mais c’est la fin qui est la meilleure.
Un d’entre eux m’a dit qu’après que mon amie soit partie ils avaient dit au gars que « ce n’était pas fort » et lui avaient fait sentir : « Il s’est senti mal, il nous a payé un pichet pour se faire pardonner ».
Mon amie était mal à l’aise. Elle disait qu’elle n’aurait pas dû pousser le gars et se pousser tout court sans dire salut. Elle était mal parce qu’elle avait l’impression qu’avec l’alcool ça lui avait fait moins bien « prendre la joke ». Elle était mal parce qu’elle avait senti sa dignité attaquée par ces paroles et ces actes et qu’elle se demandait si elle n’était pas trop sensible.
J’ai annihilé son malaise.
Évidemment avec le discours de : « Si t’étais mal à l’aise dans ton interaction sociale avec quelqu’un ce n’est pas toi qui as à te sentir mal. Tu n’as rien fait de mal. Quand on ne trouve pas ça drôle, ce n’est pas une joke ».
Mais beaucoup plus quand je lui ai dit que de toute façon, les gars qui se sont dissociés ont racheté sa dignité en se faisant acheter un pichet de bière.
Ils ont pardonné le gars. C’est gentil. Gageons que le tata ne payera jamais de pichet à mon amie pour se faire pardonner.
Bien sûr que du chemin a été parcouru. Il y a quelques années (même encore aujourd'hui) nous aurions eu droit à : « Vous avez dont ben pas le sens de l’humour les filles! C’était juste une joke! » Tandis qu’aujourd’hui nous avons droit à des excuses et une dissociation dans les règles.
Je reviens toujours à la même comparaison… Si quelqu’un avait tenu des propos aussi grossièrement racistes qui avaient fait se lever quelqu’un de la table, est-ce que tout le reste des gens serait resté assis pendant que celui qui tenait des propos douteux leur payait de la bière?
Mouain… C’est ce que je pense aussi.
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