mardi 7 avril 2009

Les gentils toutous des profs

J’ai lisais un texte parlant de l’UQÀM, qui décrivait l’émerveillement des professeurs-es invités-ées quand ils découvraient les relations importantes qui rattachent le corps enseignant et les étudiants-es.

Quand nous parlons à des étudiants-es qui viennent de d’autres universités, ils sont toujours surpris de voir à quel point nous sommes « en admiration devant les profs ».

De manière générale, nous aimons nos profs, et nous les tenons en haute estime. Parce que nous croyons qu’ils et elles partagent les mêmes valeurs? Parce qu’ils sont facile d’approche? Parce qu’ils et elles nous enseignent des matières qui nous passionnent?

Ceux qui nous enseignent connaissent leurs étudiants-es. Nos passions, nos valeurs, nos préférences politiques. Ils et elles reconnaissent les militants-es dans leurs cours, et j’ai plus d’une fois partagé des discussions passionnantes dans des bureaux ou des couloirs à cause d’un macaron sur mon sac ou d’une idée sociale (politique!) que nous avions à peine effleurée dans le cours.

À cette connaissance s’ajoute celle des étudiants-es en tant que groupe mobilisé. Les profs ont connu plusieurs vagues de grèves et de mouvements étudiants. Ils et elles savent aussi bien de quoi nous sommes capables, que nos limites sont beaucoup plus élargies que les leurs.

Ils et elles savaient.

Savaient qu’en stimulant les étudiants à « les encourager pour le bien de l’université que nous aimons tous », c’est une mobilisation et des actions de grève estudiantines qu’ils et elles encourageaient.

Je ne dis pas que les écarts étaient espérés, je dis qu’ils ont pesé dans le calcul. Je dis qu’en chatouillant la fibre uqamienne des étudiants-es, c’était écrit dans le ciel qu’il y allait y avoir des actions qui n’allaient pas entrer dans le cadre léché de leur grève syndicale.

Je dis que vous êtes plus que naïfs-ves si vous pensez qu’en AG ou en exécutif du SPUQ, le sujet des étudiants-es n’est pas mentionné, toujours en se demandant jusqu’à quel point les syndiqués peuvent/doivent s’associer à cette force indéniable de l’UQÀM.

Bref je dis qu’ils et elles n’auraient pas du nous faire croire qu’un rapport de force entre parties patronale et salariés pouvait servir de base à un mouvement visant à changer la gestion de l’éducation en général et de l’UQAM en particulier.

J’affirme également avec force que nous sommes niaiseux-seuses.
Parce que nous avons mit notre esprit critique de côté pour y croire.
Parce que nous voulions embarquer dans un mouvement qui nous tenait à cœur (refinancement! Gouvernance!), nous sommes entrés à pieds joints dans un gros piège : celui de donner plus de visibilité aux profs (et en prime nous levons les cours des chargés de cours!).

Nous y gagnerons plus de profs, mieux payés, donc une amélioration de nos conditions d’apprentissage (et nos frais vont sûrement augmenter… pendant ce temps-là, toujours pas de livres à la bibliothèque).

Personnellement, j’y ai perdu un peu de ma naïveté constatant maintenant que mes profs sont descendus de leur piédestal. Eux aussi sont capables d’instrumentaliser pour atteindre leurs propres buts.

Je suis en train de remettre en question mon inscription aux études supérieures à l’UQAM. Non seulement je n’ai jamais fait la grève pour les appuyer, même si je suis en accord avec leurs revendications, mais là ça ne me tente même plus de les voir.

3 commentaires:

Anne-Marie a dit…

Billet très intéressant et senti, tu mets bien les mots sur quelques intuitions que j'avais déjà.

Benoit Lépine a dit…

[cynisme]

Ça fait changement du discours naïf habituel qui nous parle de front commun et de solidarité intersyndicale. Il s'agit de rien d'autre qu'une game politique, malgré ce que certains bien-pensants tendent à vouloir croire et nous faire gober.

Les profs de l'UQÀM sont probablement les seuls syndiqués à l'heure actuel qui aient les moyens de faire la grève, et c'est d'autant plus motivant lorsqu'on sait qu'ils touchent 100$ pour chaque journée d'actions syndicales, pris à même leur gigantesque fonds de grève.

Mais bon, les étudiants ont-ils été instrumentalisés? Sans doute, mais pouvait-il en être autrement?

Néanmoins, l'appui des étudiants (par la grève) était souhaitable pour deux raisons;

On s'assure que les piquets de grève du SPUQ sont respectés, ce qui donne un peu plus d'impact au moyen de pression;

En appuyant les profs, on s'assure que le SPUQ (bien qu'il ne puisse l'exprimer de façon directe dans ses demandes en vue de la signature de sa convention collective) insiste dans son discours sur le réinvestissement à l'UQÀM et en éducation postsecondaire. Ainsi, on peut espérer voir nos revendications portées par un syndicat plus puissant et plus crédible.

Mais bon, le SPUQ se retrouve devant une administration qui voudrait bien acquiescer à leurs demandes, mais qui est étouffée, et un gouvernement endetté qui brandit la menace d'une loi forçant le retour au travail...

La révolution, on la fera une autre fois, malheureusement...

[/cynisme]

*Natacha* a dit…

@ Pwel, je suis également très choquée, honnêtement... je suis fâchée par l'attitude des profs et contre moi, par mon côté naïf... et ben... et ben...