lundi 8 octobre 2007

P. Légaré...c'est qui ça?

Sur le site internet de son agent il est écrit:
Avec les années, Pierre Légaré a développé un éventail de monologues des plus pertinents pour toute entreprise ou organisation, et ce dans des formats pouvant aller de 10 minutes à deux heures.

Parmi les thèmes qu'il peut facilement aborder ou adapter à votre contexte et vos besoins, mentionnons la communication, la gestion des ressourses humaines, les relations interpersonnelles, les relations homme-femme, la résistance au changement, la mise à la retraite, l'évolution des défis dans notre société, l'humain et la technologie, le service après-vente, etc.

Il est aussi dit que Légaré donne des représentations exclusivement pour les festivals/exposition, le secteur scolaire, et les congrès/ levées de fond.

C'est un entertainer. Peut-être un excellent (douloureux dans les annonces de notaires), mais ça reste ce que c'est; une figure publique (ancien prof de psycho) qui parle de ce qu'il veut bien dans l'actualité de la manière qu'il le veut. Il n'a pas à être objectif, il n'a pas à apporter quelquechose d'utile dans un débat, il n'a même pas à toujours être drôle. Il n'a qu'à affirmer des choses avec une tournure de phrase "à la Pierre Légaré" et beaucoup de gens qui disent "oui mais yé tellement intelligent ça doit être vrai" gobent instantannément.

C'est ce que j'ai ressenti en lisant ceci.

Ce qu'il écrit me touchant directement (étant membre de l'AFESH et ayant voté pour la grève) je vais lui répondre içi, mais pour le fun de tester mon organisation étudiante je vais également leur envoyer l'adresse du papier de Légaré en espérant qu'ils vont y répondre publiquement (ça serait bien d'avoir des confrontations dans les média au lieu de couper eternellement des ti carrés rouges...).

Regardons froidement la dernière grève que vous avez faite. Le but en était de soutenir le tiers d'entre vous autres qui doivent s'endetter pour étudier. Quel en a été le résultat? La prolongation de leur session, ce qui leur a entraîné des frais de subsistance supplémentaires, donc un endettement supplémentaire. Pas payant.
La grève, il faut que ça reste la stratégie par défaut, l'affrontement forcé qu'on n'a pu éviter après avoir épuisé tous les autres moyens d'en arriver à une entente. Une grève, ça ne fait que des perdants, souvent même surtout ceux qui la font plutôt que ceux qu'elle est censée mettre à genoux. Pour un travailleur, une semaine de grève équivaut à une perte de revenus annuels de 2%. Ça ne prend pas une bien grosse calculatrice pour se rendre compte que quand tu te tapes trois semaines de grève pour obtenir une augmentation de 3%, t'as perdu 3%. Et c'est sans compter le climat pourri qui t'attend pour toute l'année qui suit ton retour au travail. Pas payant.
La grève de 2005 a été gagnée...mais perdue. Le mouvement étudiant aurait pu aller plus loin dans ses revendications si la CASSÉE s'était conduit dignement et si les fédérations étudiantes n'avaient pas voulu seulement parler du 103 million. La prolongation de la session était un mal necéssaire, et les étudiants moindrement organisés ont réussi à s'en sortir sans que leurs notes ne soient touchées. Une grève, ce n'est pas supposé être facile, même pas pour les grévistes (surtout pas pour les grévistes?), c'est une lutte de dernier espoir.

Vaut mieux rechercher une entente. Si possible, une entente gagnant-gagnant. C'est moins excitant à première vue, moins spectaculaire à court terme, ça ne passe pas à la télé, mais c'est plus payant et c'est plus durable.
C'est vraiment là ou j'aurai aimé avoir une piste de solution, pas juste une méprisante phrase pré-digérée. Les étudiants essaient d'avoir l'oreille des gouvernants qui ne daignent même pas les considérer comme une force d'opposition. Les étudiants hurlent leur indignation et leurs difficultés dans des pièces vides parce qu'il n'y a plus personne pour écouter ou juste se questionner, et sans vouloir casser le fun de qui que ce soit... dans le cas des étudiants, une entente gagnant-gagnant ne peut pas exister (à moins que le gouvernement et l'opposition nous arrivent avec un revirement de situation digne d'un Agatha Christie), nous avons essayé dans le passé...
Vous êtes à l'université, à quelques mois de faire votre entrée dans la vraie vie. Vous occupez le siège idéal, au milieu dans la rangée d'en avant, pour réfléchir, remettre en question, réinventer, proposer quelque chose de mieux que ce que vous observez. Il y a moyen d'en faire un trip dont vous allez encore vous vanter quand vous aurez des petits-enfants, sans pénaliser davantage ceux d'entre-vous qui sont déjà mal pris.
Le but est d'aider tout les étudiants à se débarraser de l'épée de Damocles financière qui leur planne sur la tête constamment. Le but est d'empêcher que des gens soient pénalisés. Ça me semble pas mal plus qu'un trip, ça ressemble à un projet de société.
Démarrez un laboratoire d'idées sur votre campus, un think tank. Faites-en un laboratoire permanent. Vous n'avez même pas à sécher de cours pour le faire fonctionner: la Révolution Orange en Ukraine, - c'était quand même tout un contrat - ça s'est fait par les soirs et les fins de semaine. Vous le saviez?
Bon... encore du mépris... Premièrement comparer la Révolution Orange à la lutte étudiante québécoise c'est vraiment tordu. Le mouvement en Ukraine, en 2004, était d'ordre politique, monopolisait tous les citoyens parce qu'ils se sentaient personnellement interpellés étant donné qu'on parlait d'élections nationales et avait même l'oeil des États-Unis et de l'Union Europpéenne sur lui. Ce qui se passe dans le mouvement étudiant ne touche que les étudiants (nous attendons toujours l'appui de la population) et la communauté internationale s'en contre-ca$%// vraiment. Deuxièmement, je croit que ce que tout le monde devrait bien comprendre à ce stade-ci c'est que nous en avons beaucoup parlé, que personne ne nous écoute et qu'il est temps de passer à l'action. Pelleter des nuages après les cours ne va pas empêcher mon gouvernement et son opposition de dormir la nuit et ne va pas plus me donner de pistes de solution que celles que nous sommes en train d'épuiser.
Vous êtes les premiers concernés par le financement de nos universités. Le trip de ce labo? Faire de vous des interlocuteurs permanents d'avant-garde, des proposeurs allumés, innovateurs, plutôt que d'éternels quémandeurs. Vous devez être tannés, me semble? Profitez d'un atout que vous n'aurez plus une fois sortis de l'université: votre liberté de totale remise en question des diverses facettes d'un système qui ne vous a pas encore bouffés, casés et rendus dépendants de lui, comme les vieilles cloches dont je suis.
Nous sommes déjà supposés être des interlocuteurs d'avant-garde par notre expérience de vie étudiante et notre mode de vie qui en découle. Nous sommes déjà en train d'être bouffés par le système c'est pourquoi nous voulons le changer. Un individu ne devrait pas se sentir menacé par son système (comme Légaré), mais devrait plutôt se rendre compte que le système est là pour lui permettre de se réaliser du mieux qu'il le pourra grâce à des mesures qui pourront l'aider à maximiser son potentiel. Le fait qu'une figure publique comme Légaré se sente "bouffé, casé et dépendant" du système prouve que ce dernier à des tares graves, pourquoi ne pas le remettre en question? C'est ce que l'AFESH à décidé de faire.
Tiens, si ça vous allume, je vous garroche deux idées tout croches.

La première. Je connais un étudiant qui aurait le temps et le coeur, et mauditement le goût, de travailler quelques heures par semaine mais, m'a-t-il expliqué, il se ferait ainsi couper une partie de l'aide financière qu'il reçoit. Ça se peux-tu!

Personnellement, je ne vois pas du tout ce qu'il y a de mal à laisser travailler quelqu'un qui veut travailler, qui va payer des taxes sur tout ce qu'il achètera avec l'argent ainsi gagné, ou même à le laisser épargner cet argent pour rembourser plus rapidement ses dettes d'études .
Bon encore un cas précis pour généraliser l'ensemble des étudiants... Ce que l'étudiant en question a voulu dire (du moins ce que j'imagine parce que des cas comme ça j'en connait des dizaines) c'est que si il travaille il n'aura plus assez d'argent pour manger. Les prêts et bourses nous entretiennent dans une situation précaire permanente: *Natacha* (Nom fictif;)... moi aussi je suis capable de trouver des faits vécus:P ) a travaillé tout l'été pour payer sa vie et ses études. La session commence et elle ne veut pas travailler plus qu'un shift par semaine parce qu'elle a l'expérience de 3 autres sessions et sait très bien que c'est comme ça qu'elle va trouver un bon équilibre. Septembre arrive et la vérification de revenus des p&b. Après "vérification" les p&b lui disent qu'elle a trop gagné cet été (ce qui lui a seulement permis de payer ses dettes de l'autre session parce que les p&b ne lui permettaient pas toujours de manger). Elle se retrouve donc avec un prêt de 400$ par mois (un loyer)+ 4 shifts par mois... pas besoin d'une calculatrice (hihi moi aussi je m'en ressert des phrases pré-digérée) pour savoir que son garde manger/sa passe de métro/ses livres lui sont maintenant innaccessibles... Elle pourrait travailler plus, mais les cours sont vraiments prennant et les p&b vont la couper encore plus alors qu'est ce qu'elle a fait? Elle a prit un prêt étudiant dans une institution financière... ça écoeure personne ce que je viens de raconter?
La deuxième. On abolit les bourses. Ne paniquez pas tout de suite: on est dans notre labo pour tester des hypothèses d'ententes gagnant-gagnant.

On propose plutôt qu'un étudiant qui termine son cours avec une moyenne donnée, voie sa dette transformée en bourse dans une proportion équivalente.

En clair, tu finis avec une moyenne de 65%? Il y a 65% de ta dette d'études qui est transformée en bourse, tu n'as plus que 35% de celle-ci à rembourser. À 75% de moyenne, tu ne dois plus que 25% et à 85%, ce n'est plus que 15%.

Les bollés paresseux ne sont pas plus avantagés que les piocheux studieux, ça vient rappeler à ceux qui buissonnent pendant 10 ans pour terminer un bac de trois ans que le buissonnage a un prix et, la bourse qu'on a abolie quelques lignes plus haut, vous la voyez? Elle est revenue, même augmentée, sauf qu'elle est maintenant attribuée au mérite, un mérite mesurable et mesuré.
Ouf! Là je croyais délirer... Nous voulons nous tenir debout contre un système élitiste et voilà Légaré qui nous pousse dans un autre. Après nos études nous allons devenir des citoyens actifs qui vont payer des taxes, être utiles à la société, la faire grandir et ouvrir de nouvelles voies, et d'après lui, tout ce futur mérite se calcule en pourcentage? Ce qui me fait penser à jeudi passé... Dans notre examen (ben oui moi et *Natacha* sommes siamoises) il y a un gars qui a triché. Triché dans un examen qui valait 40%. Est-ce-qu'il serait juste que ce mec finisse avec une moyenne de 90% et qu'il paie donc 10% de ses prêts quand nous qui avons été honnête nous allons en payer plus parce que nous n'avons pas voulu être aussi croche que lui? Ok le principe c'est que tricher c'est mal et que ça ne devrait jamais être fait, mais il reste que le système que Légaré à lancé comme piste de réflexion nous ramène à un mérite mathématique, et si c'est pour payer moins, beaucoup n'auront plus les mêmes scrupules... Et l'argument de ceux qui finnissent un bac en plus de temps qu'il ne le faut je dirais "ouin pis?". L'image qu'il a utilisé d'un bac en 10 ans est complètement loufoque et je rappelle à tous que 5 cours par sessions c'est à condition de ne pas travailler (ce que personne ne peut se permettre). Aussi, c'est vrai que c'est à l'UQAM qu'on retrouve le plus d'étudiants qui prennent le plus de temps à conpléter leurs études. C'est aussi à l'UQAM qu'on retrouve le plus de jeunes parents étudiants, qu'il y a une plus grande proportion d'étudiants qui travaillent, où on accepte des gens qui sont refusés dans d'autres universités parce qu'ils n'avaient pas les préréquis... Bref...faire un bac en 4 ou 5 ans ce n'est pas honteux, ça arrive.

Mais bon... comme je l'ai dis plusieurs fois sur ce blogue, au moins quelqu'un en parle. Est-ce-que vous pensez que l'AFESH va répondre à Légaré? Hum... les paris sont ouverts...

4 commentaires:

Hortensia a dit…

En lisant le texte de Légaré samedi, j'espérais que les étudiants lui répondraient en masse. Je trouve votre réponse très bien argumentée et bien écrite. Pourquoi ne pas l'envoyer à La Presse? (elle est un brin longue et ne sera pas publiée au complet, mais ce n'est pas grave) L'AFESH pourra envoyer sa propre réponse de son côté.

*Natacha* a dit…

Je pari que non, tu vois la confiance que j'ai envers mes représentants...

*Natacha* a dit…

Et puis, c'est vrai que tu devrais répondre à Pierre :)

Pwel a dit…

Les deux vous me flattez pas mal... ;)

Mais c'est vrai que ça me démangeait... je devrais peut-être le reniper ce soir en revenant...