vendredi 5 octobre 2007

"une fantaisiste gratuité scolaire"

Ne me lancez pas de briques. Cette méprisant bout de phrase à été écrit par M-A Chouinard dans le Devoir.

D'ailleurs je suis mitigée quand à son papier. Elle parle du problème de sous-financement des universités, du plancher de grève de l'ASSÉ, des frais afférents sans limites et de la tiedeur du mouvement estudiantin cet automne... Vous comprenez donc pourquoi je suis mitigée.

Bonne nouvelle, au moins on parle du sujet. Ce qui est une très bonne chose étant donné que je ne lis/entend/vois rien à propos du sujet du dégel nulle part. Comme si la population nous avait déjà abandonnée passant à des choses hautement plus importantes (surement le Darfour ou la Birmanie... ben non je suis pas cynique...).

Elle parle également de la stratégie des fédérations (faire beaucoup de bruit...mais pas de vote).

Et elle croit enfoncer le clou: ok... le cégep du Vieux-Montréal à voté contre la grève.

Pis ça? (m'excuse pour les étudiants du Vieux)

Le cégep du vieux est historiquement (génétiquement diraient certains) toujours prêt à faire la grève. Bien qu'il semble avoir un poid, c'est surtout un poid symbolique. Le Vieux était un sympatisant. Dire que maintenant il faut quitter le navire parce que ce cégep là n'a pas voté la grève est sans fondement logique.

Un paragraphe m'a fait particulièrement tiquer:
"Mais pourquoi cet apparent manque de ferveur estudiantin? Parce qu'il est encore tôt et que ceux qui avaient imaginé voir serpenter un cortège de manifestants gueulards dès les premiers jours de septembre ont fantasmé sur une utopique révolution. Peut-être aussi parce que la graine de révolte semée en 2005 a épuisé une bonne partie des forces, qui se souviennent avec amertume du système de reprise des cours imposé pour récupérer les nombreux jours de grève. Peut-être enfin parce que la cause d'alors -- un irrévérencieux transfert de bourses en prêts sorti du chapeau gouvernemental tel un lapin miteux -- revêtait un caractère odieux qu'un habile et lent dégel des droits de scolarité ne porte pas. "


Fantasmé sur une utopique révolution... ouf! ça me faisait penser aux textes qu'on avait à lire pour la lutte pour que les femmes aient le droit de votes... Elles aussi se faisaient traiter d'utopistes...

Pour les mauvais souvenirs de retour de classe cependant je lui donne presque raison à 100%. Je l'entend souvent celle-là. Je vais répndre par un cliché mais je ne sais pas quoi dire d'autre. On ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs. Je suis prête à perdre ma session qui est déjà payée (mais ce n'est vraiment pas envisagé jusqu'à maintenant), je suis prête à mettre des bouchées doubles pour faire mes lectures même sans avoir de cours, faire mes travaux du mieux que je peux, même sans encadrement académique, reprendre des cours à des moment peu opportuns pour mon horaire de travail, vivre dans l'incertitude de faire ce qu'il y a à faire dans le plan de cour même sans savoir quand la grève (qui n'a pas encore commencé) va finir.

En d'autre mots, je suis prête à assumer le choix que je fais consciemment de me battre pour de meilleures conditions pour les étudiants, donc pour une meilleure société. C'est tout, on est prêts à faire des sacrifices pour une cause plus grande que notre vie personnelle ou on ne l'est pas.

Pour ce qui est de ce qu'elle pense de la réaction face au lent dégel, je crois aussi qu'elle a raison. Je me promène dans les couloirs de l'université et j'entend: "Ça va être 50$ par année pendant 5 ans", "c'est pas si pire 50$ en 5 ans", "50$ et après ça va se stabiliser, on est chanceux". Inutile de dire que si des étudiants se tiennent si mal informés imaginez leurs parents, leurs voisins, leur grand-mère...

Pour ceux qui ont pas compris encore (parce que d'autres priorités comme leur nouvelle civic, leur vacances a Cuba, leur nombril à l'air ou le sabotage de leur AG comme à Sherbrooke...) je répéte qu'il s'agit d'une augmentation de 50$ par session pendant 5 ans. La session que vous avez payé 50$ de plus cet automne va coûter 500$ de plus a votre petit frère dans 5 ans. Je répéte aussi que nous (les étudiants) n'avons pas un contrat avec le gouvernement, il ne nous doit rien. Si dans 2 ans il veut augmenter de 300% il en a le droit et vous allez lui avoir ouvert la porte en acceptant docilement cette augmentation.

Il existe un concept qui s'appelle l'"univers des possibles". L'univers des possibles est le potentiel de développement qu'un individu possède pendant sa vie. Ce potentiel pourra être plus ou moins développé tout dépendant des arrangements sociaux et des ressources du territoire où la personne se trouve.

Accepter cette augmentation c'est accepter de notre plein gré de restreindre cet univers des possibles. Croire en la gratuité scolaire et prendre les moyens de la réaliser c'est accroitre considérablement l'univers des possible de toute la société.

Et pour tout les petits néo-libéraux d'entre-vous qui vont me sortir l'argument économique:
-Depuis les années 70 le taux d'imposition des compagnies a fondu, il est temps que eux aussi fassent leur part (parce qu'ils sont bien content d'avoir des gens avec de bonnes qualifications)
-La boulimie des fabriquants pharmaceutique doit cesser, si la Nouvelle-Zélande a pu faire baisser ses prix et mettre l'argent des médicaments ailleurs, nous le pouvons aussi
-Ceux qui pratiquent l'évasion fiscale couramment doivent être punis. Je ne comprend pas qu'on prenne les moyens pour courrir après quelqu'un qui fait 15000$ par année et qui n'a pas fait ses impot depuis trois ans avec un tel zèle quand de beaucoup plus gros montants nous filent entre les doigts à chaque année.

Et vous pouvez compléter par plein d'autres moyens...

Et ceux qui disent "oui mais on a les frais de scolarité les moins chers en Amérique du nord" (c'est le pire celui-là). Il est où votre argument? Parce que jusqu'à maintenant nous faisons bien avec ce que nous avons, nous ne pouvons pas faire mieux? Parce que les autres veulent une éducation élitiste payée majoritairement de la poche des étudiants nous sommes obligés de les suivre?

On se flatte la bedaine qu'on est "distinct" mais ce que ça me donne comme impression c'est qu'on aimerait bien être comme les autres...

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