Récupérer l'îlot Voyageur... et sa facture
Michèle Nevert, Jean Bélanger, André Breton, Lucie Lamontagne, Marie-Cécile Guillot, Comité exécutif du Syndicat des professeurs de l'UQAM (SPUQ)
L'annonce faite au Devoir par la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, selon laquelle le gouvernement du Québec allait reprendre en main le projet de l'îlot Voyageur, est le premier geste qui devait être fait en vue du redressement financier de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
L'UQAM n'aurait jamais dû se lancer seule dans cette aventure, dont Busac et Montréal, au premier chef, sont les principaux bénéficiaires. L'UQAM est aux prises avec un manque d'espace criant pour ses activités d'enseignement et de recherche, et la perspective d'un nouveau pavillon universitaire -- un mirage, puisqu'il n'était pas financé -- l'a lancée tête baissée dans une aventure immobilière où elle a jusqu'à maintenant dépensé de 55 à 60 millions de dollars... qu'elle a empruntés, évidemment! À bout de souffle, elle ne peut pas continuer, mais les nouveaux promoteurs devront aussi lui rembourser sa mise, sinon ce serait là lui demander de subventionner à elle seule un rabais consenti au repreneur, qu'il soit public ou privé.
On sait déjà que, dans cette affaire, Québec a acheté la totalité de l'émission d'obligations de 269 millions de Busac... garantie par l'UQAM! On est donc depuis longtemps dans un enchevêtrement public-privé-public qu'il faut reconnaître et qu'il faut simplifier au mieux en distinguant les intérêts de chacune de parties.
Une bonne affaire
Ce projet est bon pour Busac, cela étant dit sans rire, mais il est aussi bon pour la Ville de Montréal, qui y voit la revitalisation massive d'un quadrilatère urbain à peu de frais. Une gare routière, un stationnement souterrain et une tour de bureaux n'apportent rien à l'UQAM. Un pavillon universitaire, si; mais encore faut-il obtenir de Québec le financement de 70 millions requis. La résidence universitaire, à moitié construite, doit évidemment être parachevée.
Plus encore, à moins de vouloir carrément la perte de l'UQAM, il faut lui venir en aide sur plus d'un front. Sa mission particulière d'accessibilité, pour les étudiants à temps partiel et les couches sociales moins favorisées, son engagement dans la collectivité et son inclusion au coeur du tissu urbain montréalais la démarquent et la sollicitent tout à la fois. Elle manque de locaux, elle manque de profs, elle manque de personnel de soutien, bref, elle manque d'argent, et ce, depuis toujours!
Cela étant, elle n'est pas si mal gérée, malgré ses fautes avérées, et les propos désobligeants tenus par la ministre Michelle Courchesne dans Le Devoir de samedi dernier doivent être réfutés avec vigueur. C'est le gouvernement du Québec qui a choisi les baisses d'impôt de 950 millions et la hausse des frais de scolarité au lieu du financement adéquat de l'enseignement supérieur, au lendemain d'une entente de plus de deux milliards sur le déséquilibre fiscal et la péréquation. Quand Mme Courchesne dit vouloir «donner un cours de gestion 101» à l'UQAM, elle ne fait que de la «politique 101», d'un style et d'un niveau qui doivent être critiqués comme étant indignes de la charge ministérielle.
Trouvé sur le site du Devoir
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