samedi 28 avril 2012

11 semaines de solidarité

11 semaines à manifester ensemble, à bloquer ensemble, à perturber ensemble, à courir ensemble, à se faufiler entre les voitures ensemble, à peindre ensemble, à crier ensemble, à se tenir ensemble bras dessous bras dessus devant l'anti émeute qui nous rentre dedans. 11 semaines à se déplacer ensemble, à vouloir aider les grévistes de l'UdeM, de Concordia, du Conservatoire, d'Alma, de Valleyfield, de l'UQO, de Sherbrooke... tous et toutes ensemble. 11 semaines à être dehors ensemble, à avoir froid ensemble, à compter sur des camarades que nous ne connaissions pourtant pas avant la grève, ou avant cette journée, pour du café, des sandwichs, ou des sourires réconfortants. 11 semaines à se sentir en sécurité parmi nous, à se sentir bien entouréEs dans nos manifs, à se sentir fortEs et uniEs tous et toutes ensemble. 11 semaines à faire confiance en allant tous et toutes gaiement à ces invitations sans explications de “manif-action” juste parce que nous savions que nos camarades organisateur/ICES travaillaient pour la cause et ne voulaient certainement pas nous mettre en danger volontairement.

11 semaines de confiance en nous et en nos moyens.

Vous allez me faire croire que tout est gâché à cause d'une gang d'imagistes qui croient qu’eux partagent le monopole de la violence de l'État (vous ne partagez rien, vous êtes des COLLABOS, la police vous instrumentalise et vos camarades se méfient de vous)? Une gang de paci-flics qui tapent sur les gens et les livrent à la police en sachant très bien que ceux-ci vont se faire brutaliser seraient devenus plus importants que la solidarité que nous avons tissée dans la sueur, dans le sang, dans les cris et dans les pleurs? Où étaient ces gens à chaque fois que nous nous faisions tabasser? Où étaient ces gens chaque fois qu'uniEs, nous réussissions à faire reculer la police? Où étaient ces gens quand il fallait évacuer nos blesséEs même pas comptabiliséEs par les médias et la police? Où étaient tout ces gens qui croient qu'une vitrine équivaut à du sang, à un oeil, à des membres fracturés? Étaient-ils devant leurs télévisions? Avalaient-ils tout rond ce jus putride craché par leurs sacro-saints médias?


Je sais qu'on est découragéEs et dégoutéEs. Mais il ne faut pas faire l'erreur de penser que ces gens détruisent nos efforts des 11 dernières semaines. Cette solidarité est beaucoup plus importante et solide que le soudain réveil de quelques imagistes qui s'inquiètent de ce que les médias de masse vont reporter. C'est dommage parce qu'il va falloir les avoir à l'oeil, des fois il faudra même s'interposer physiquement pour éviter qu'ils et elles ne fassent mal à des gens. C'est terrible parce que ces gens détruisent la raison d'être d'une manif (être fortEs dans un endroit sécuritaire et dans notre unité), exposent tout le monde à de la brutalité policière, et sautent à pied joint dans le piège du gouvernement et de la police en séparant bonNEs et mauvaisES manifestants.

Mais les imagistes arrivent trop tard. C'est impossible de changer la direction de la colère maintenant. Impossible de la brimer. Nous avons travaillé fort pour que les flics ou l'État ne soient pas capables de le faire, et les imagistes n'ont pas autant de moyens, ni d'effectifs.

Imagistes si vous voulez prendre le contrôle vous allez être déçuEs. La police ne l'a pas, l'État non plus. Par contre vous êtes en train de pourrir le climat et de vous pourrir vous même. Effectivement, quel autre qualificatif que “pourri” s'applique à quelqu'un qui est prêt à blesser des gens, à mettre une manif en danger et à remettre des gens entre les mains d'une police brutale?

***
Témoignages d'hier qui montrent clairement qu'il n'y a rien de “chirurgical” dans les arrestations du SPVM, et que les Black Bloc font partie intégrante de la manif:

1- Manifestant: J'étais dans les 30 arrêtés hier soir. On a simplement eu la malchance de marcher devant la bannière de tête au moment où les flics ont décidé de scinder la manif en deux. Un des flics nous a clairement dit qu'on nous avait utilisés comme exemple.
 Bilan : un bras cassé, du matraquage abusif et une canette de gaz poivre vidée à bout portant dans ma face
Ami: Des informations non confirmées selon lesquelles ce serait un étudiant du secondaire qui aurait eu le bras cassé par le SPVM lors de cette arrestation de masse et qu'une étudiante de 14 ans faisait aussi parti du nombre des arreté-e-s.
Manifestant: Je te confirme pour l'étudiant du secondaire avec le bras cassé. Je ne sais pas pour l'étudiante de 14 ans. Pis quand je dis bras cassé...son os était twisté dans son bras et faisait une bosse grosse comme une balle de golf
Ami II: Est-ce qu'on vous accuse vraiment d'agression armée et agression armée contre un agent de la paix ?
Manifestant: Non. Les 30 avec moi ont eu un ticket de 146$ pour attroupement illégal. That's it.

2- J'ai été dans les 30 personnes arrêtés et pendant que les médias disaient que le SPVM avait arrêter 30 "casseurs" nous on chantait des chansons dans l'autobus. On a fait un sit-in et on c'est fait poivré. Un gars a un bras brisé par un coup de matraque et un autre avait le visage en sang. Et je peux vous garantir que aucun de nous était un casseur. Pis sa ma juste donné envie de prendre leur bord aux casseurs.

 3- Je suis tellement en criss. Personne a vu ce qui s'était passé réellement parce que le SPVM a vraiment bien pensé à son intervention et a empêché tout le monde de voir ce quis 'est passé. J'ai réussis à m'en aller juste avant qu'ils encerclent les gens. C'était dégueulasse ce que j'ai vu. Les filles à coté de moi faisaient des crises de panique pi les gars gueulaient sur la police parce que c'était juste trop violent. Les gens se faisaient tabasser pi yavait aucun média, juste une petite cinquantaine de personnes pour voir. J'ai vu des millions d'affaires dégueues depuis 3 mois et hier ça rentrait dans les pires. Et qu'est-ce que les gens font en rentrant chez eux? Remercier le SSPVM de leur "frappe chirurgicale" et d'avoir permis à la manif de continuer "pacifiquement". Je suis tellement en criss.

4- Un GROS merci aux 2 personnes des Black Bloc qui m'ont retenus et ne m'ont pas lâchés alors qu'un flic me tirait vers lui. Un autre gros merci à la gentille fille qui m'a versée du Maalox dans les yeux. Sérieux, on peut ne pas être d'accord avec le fait de trasher une vitre, mais de là a attaquer une personne comme les «pacifiques» l'ont fait hier, c'est franchement dégeulasse. Je tiens à préciser que sans la confrontation au coin des rues St-Laurent et Ontario, nous n'aurions pas passés. Sérieux, le pacifisme, on repassera ...

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Lecture! (parce que le meilleurs moyens d'ouvrir les yeux des imagistes reste, je crois, l'éducation).

Des Casseurs
Black Bloc et carré rouge
Brûler pour ne pas s’éteindre; La désobéissance civile expliquée aux puissants
«Manifestation illégale» n’est pas un énoncé performatif

10 commentaires:

Mouton Marron a dit…

Merci pour ce texte. Merci aussi aux deux Black Blocs qui ont se sont porté-e-s à la défense de camarades.

pinpin a dit…

tellement beau texte. merci. je le partage.

Anonyme a dit…

Pwel, as-tu des nouvelles de Natacha? Va-t-elle se présenter pour QS?

Zeryt a dit…

Autre témoignage : "J’étais en avant de la manifestation pis de la bannière qui menait la marche avec peut-être un groupe de quelques centaines de personnes dont un ami et une amie. Rapidement les policiers ont coupé la manifestation au coin bleury et Sainte-Catherine ce qui a séparé notre petit groupe du gros de la manifestation derrière la bannière. On a décidé de se tenir ensemble et de mettre de la pression sur l’anti-émeute en criant « bouge ». Cependant la grosse partie de la manifestation derrière la bannière ne faisant rien pour déloger l’anti-émeute, on est donc resté impuissant de notre côté de l’intersection.
Soudainement, une deuxième ligne d’anti-émeute est arrivée de derrière nous (Rue Balmoral si je me fis a google maps) pour nous prendre en souricière. La majorité des personnes ont été suffisamment rapide pour se sauver à temps. On cherchait notre amie dans le brouhaha qui a suivi l’arrivée des antiémeutes, en raison de cela nous n’avons pas tout de suite essayé de passer la ligne d’anti-émeute. Après un certain temps, on avait plus le choix pis on s’est décidé à tenter le tout pour le tout en se faufilant entre des antiémeutes. Mon ami a évité une jambette d’un policier et reçu un coup de bouclier mais s’en est sorti indemne de l’autre coté. Pour ma part j’ai passé entre l’anti-émeute qui a frappé mon ami et un autre anti-émeute en me penchant et récoltant une dizaine de coup de matraque dans le dos. Finalement, on a essayé de revenir aider la poignée d’étudiants qui étaient resté pris en souricière par les antis-émeutes mais c’était mission impossible car il y avait un nombre énorme d’antiémeute à chaque coin de rue(Plus que le nombre de manifestants qui avait réussi a quitté la souricière) et la grosse partie de la manifestation est resté super pacifique et docile au policiers en croyant sur parole tout ce que les policiers disaient…. Ils ont laissé les policiers embarqués des pacifiques car ils croyaient que les policiers arrêtaient des « casseurs ». Ces mêmes policiers ont fait croire cela aux médias et à la population….. Tout le monde a gobé. Ici on peut voir une vidéo de ce qui est arrivé à ces « casseurs » dont fait partie mon amie qui fut arrêté."

Anonyme a dit…

Allez-vous contacter les médias ?

Tout ce qui peut illustrer l'abus de pouvoir du SPVM sera le bienvenu pour le Québec.

Anonyme a dit…

Maintenant La Presse a créé cette division appellée les "casseurs", pour mieux les isoler du reste des "manifestants légitimes" marchant selon les règles de l'État. Donc, y a les étudiants grévistes qui manifestent, puis y a les méchants casseurs, sur lesquels on devrait tous-tes porter l'index accusateur, mais pas, bien-sûr, les sales flics qui tuent des itinérants/immigrants ou les politiciens qui vendent la Terre et le potentiel humain aux corporations étrangères.

J'espères que tout le monde ici, rendu à ce point, sait reconnaître l'Ennemi dans les médias de masse!

Anonyme a dit…

"Allez-vous contacter les médias ? "

Qu'est-ce que les "médias" ont à foutre de soi-disant "casseurs". On peut pas avoir justice sans se faire justice. Les médias du Pouvoir ne sont pas, n'ont jamais été, nos alliés. Réveille.

À Jean-Charles, c'est peut-être trop tard pour te dire ça, mais dans un contexte de répression policière, l'anonymat sur le web c'est incontournable. Et ça commence par Facebook.

*Natacha* a dit…

Pour savoir si je me représente pour Qs, oui, dans mon coin dans pointes-aux-trembles.

pour ceux et celles qui ont été arrêter le 27. Voici et gênez vous pas pour faire tourner !

À toutes les personnes qui ont reçu un constat d'infraction lors de la manifestation féministe nationale du 27 avril à Québec. Contactez Émilie Guimond à la Ligue des droits et libertés (418) 522-4506. Nous organisons les recours juridiques!

Anonyme a dit…

Bonjour a Natacha et Pwel, j'aimerais que mon message sur la manif du 27 soit supprimé. J'ai eu tout ce dont j'avais besoin et je ne tiens pas a ce que mon nom reste indiqué.

Un gros merci les filles

Jean-Charles

Anonyme a dit…

Moi, je suis resté tranquille chez nous, pis il ne m'est rien arrivé de fâcheux. Parce que je comprend que ce quelqu'un obtient sans avoir travaillé pour, quelqu'un a travaillé pour sans l'obtenir.